BLACK SABBATH (uk) - Born Again (1983)
Label : Vertigo
Sortie du Scud : 7 août 1983
Pays : Angleterre
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 41 Mins
La vie de BLACK SABBATH n'est pas un long fleuve tranquille. Fin 1982, le groupe qui avait renoué avec le succès grâce aux albums Heaven and Hell et Mob Rules se trouve à nouveau plongé en plein marasme suite au renvoi de Ronnie James Dio et Vinnie Appice durant le mastering du Live Evil. Accusés par l'ingé son de trafiquer les bandes chaque nuit pour faire ressortir leurs prestations respective du mix, ils sont exclus du groupe qui se retrouve privé de chanteur et de batteur. La recherche d'une nouvelle voix pour le SAB n'aboutissant pas, le manager du groupe, Don Arden, conseille à Tony et Geezer de recruter Ian Gillian, libre de tout engagement depuis la récente séparation de DEEP PURPLE. Les trois musiciens se rencontrent dans un pub d'Oxford et décident de se réunir le temps d'un album. "We had a drink, then another drink, and another drink, and another drink. The pub opened and closed and opened again and closed and we were still ther. And at the end of the night we had a band together" (Tony Iommi, 2012). Pour la batterie, c'est Bill Ward, récemment sorti de cure de désintoxication, qui reprend du service. En juin 1983, le quatuor s'enferme au Manor Studio pour enregistrer le onzième album de BLACK SABBATH, Born Again.
Suivant la construction traditionnelle adoptée par le groupe depuis Master of Reality, les 9 pistes du disque alternent des morceaux Heavy et rapides ("Trashed", "Disturbing the Priest", "Digital Bitch"), des plages instrumentales expérimentales et mystérieuses ("Stonehenge", "The Dark"), et des chansons épiques où le chant habité de Ian Gillian le dispute en virtuosité à la guitare inspirée de Tony Iommi qui alterne riffs d'anthologie et soli de psychopathe ("Zero The Hero", "Born Again", "Keep it Warm"). Les paroles écrites par Ian Gillian sont souvent terre à terre et très éloignées de celles de Ronnie Dio ou Geezer Buttler. "Thrashed" renvoie à un accident de voiture qu'a eu le chanteur avec la voiture de Bill Ward pendant l'enregistrement, "Disturbing the Priest" est inspirée par le prêtre d'une église voisine qui est venu se plaindre que la musique gênait sa chorale. "Digital Bitch" pourrait faire référence à Sharon, la fille de Don Arden et conjointe de Ozzy Osbourne.
Les effets spéciaux figurant sur les instrumentaux et l'introduction de "Disturbing the Priest" ont été obtenus en frappant avec une barre d'acier une enclume tombant dans une baignoire. Cinq personnes et une journée ont été nécessaires pour créer un son totalement inédit, un brin inquiétant et presque extra-terrestre.
Reprenant les choses là où Mob Rules les avait laissé, Born Again marque une renaissance, un retour aux sources premières du son du sabbat noir auquel les recettes développées durant la période Dio sont appliquées. Les compos sont très lourdes, vénéneuses et délétères ("Zero The Hero"), les mélodies sont torturées et complexes et les claviers de Geoff Nichols sont sollicités pour densifier les ambiances. Mais c'est bien sûr la prestation remarquable de Ian Gillians qui insuffle son âme au projet. Le chanteur versatile multiplie les surprises variations imprévisibles, cris bestiaux, rires stridents, élans lyriques ont de quoi impressionner.
Musicalement parlant, Born Again réunit tous les ingrédients qui font les bons disques de BLACK SABBATH. Mais l'album souffre de deux handicaps. Tout d'abord, son artwork au goût discutable. Elle a été choisie par Don Arden qui avait pour but avoué de choquer le public et de faire le buzz, au risque de se mettre à dos les ligues de vertu.
"La pochette de l'album a longtemps été accusée d'être un plagiat de celle de l'album New Life de DEPECHE MODE. En réalité les deux pochettes ont été inspirées de la même photo parue en couverture du magazine Mind Alive en 1968. Steve Joule, le créateur de la pochette qui composait aussi les artwork pour Ozzy Osbourne désireux de ne pas se mettre à dos Ozzy et son manager (Sharon Arden alors en bisbille avec son père, Don Arden), décide de livrer quatre propositions qu'il juge les plus mauvaises et ridicules possibles. A sa grande surprise, Don Arden adore le bébé cornu et le choisit pour la pochette" (Guillaume Roos - La bête venue de Birmingham).
Mis à part ce choix discutable, le défaut majeur de la galette c'est un mastering vraiment dégueulasse. Après une première mouture qui donnait satisfaction à tout le monde, Geezer et Tony ont décidé de revoir le mixage pour l'adapter aux standards des radios américaines qui compressaient très fortement le son et dénaturaient complètement la musique de Born Again. Sans être inaudible, Le résultat de l'opération est très sale, un peu crissant, il écrase souvent les compos et on se prend parfois à rêver à ce que pourraient être des morceaux d'anthologie comme "Zero The Hero" ou "Disturbing the Priest" avec un son aussi léché que sur Mob Rules.
"J'ai vu la pochette et j'ai vomi, puis j'ai écouté le disque et j'ai encore vomi" (Ian Gillian, 1983).
N'en déplaise aux grincheux qui, comme Ozzy, considèrent Born Again comme étant du "Sabbath tourné en Purple", l'album remporte un vif succès, tout comme la tournée promotionnelle qui s'ensuit. Malheureusement, dès la fin de la tournée, Ian Gillian quitte le combo pour participer à la reformation de DEEP PURPLE.
Aucune des chansons de Born Again n'a plus été jouée par BLACK SABBATH en live.
Ajouté : Samedi 09 Avril 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 6276
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