IMPLORE (de) - Depopulation (2015)
Label : Pelagic Records
Sortie du Scud : 11 septembre 2015
Pays : Allemagne
Genre : Grind
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 28 Mins
Tout nouveau groupe qui a émergé en 2013, IMPLORE à une géographie assez complexe. Si la plupart de ses membres vivent à Munich, certains sont nés en Argentine, et ont vécu à Barcelone, puis à Hambourg. Mais qu'importe la location pourvu qu'on ait l'ivresse, et ces jeunes terroristes peuvent s'enorgueillir d'avoir accueilli sur le siège de batterie des invités aussi prestigieux que Christian Bass de HEAVEN SHALL BURN, ou même Dubko de SUFFOCATION.
Pas mal pour un petit groupe extrême sorti de nulle part. C'est une rencontre post concert entre deux de ses membres qui a donné naissance à IMPLORE, et après quelques signatures d'enregistrement éparses, les voici donc fin près pour affronter le marché avec un produit plus conséquent. Ce premier LP enregistré aux Hidden Plant Studios de Berlin, avec encore Christian de HSB derrière le kit fait donc suite à de multiples tournées européennes en support des Powerviolence ACxDC, mais aussi aux USA et même à Mexico. Christian Bass s'est même étonné de l'accueil réservé, digne de "Dieux du Métal" selon lui, et la question qui se pose alors : cet album est il à la hauteur de la réputation naissante de ce combo qui affiche à peine deux ans d'existence au compteur ?
Oui, non, peut être. A vrai dire, je n'en sais rien. En tant que premier jet, c'est un disque très solide, bien campé sur ses positions, qui semble savoir où il va. Bien loin d'un simple exercice Crust/Grind ou Powerviolence, Depopulation mélange les genres, emprunte des signatures connues, et au bout du compte flirte avec plusieurs courants pour n'en retenir que l'essentiel, et le reconnaissable.
Si la base est résolument Crust/Grind dans l'esprit, le son des guitares, les riffs employés et certains tics de la rythmique évoquent plus volontiers la vague suédoise de Death Metal des années 90, ENTOMBED en tête de liste, suivi de près par UNLEASHED ou GRAVE. Profondeur, gravité, ces lourds intermèdes durent parfois quelques minutes et propulsent la musique des allemands au fond des abysses Death.
Les pulsions les plus sauvages ne trompent personne, et évoluent à la lisière du Powerviolence mâtiné de Grind jamais vraiment franc, juste là pour exprimer le versant le plus brutal d'IMPLORE. Ainsi, un morceau comme "Bohemian Grove" aurait aussi bien pu se trouver sur le dernier BRUTAL TRUTH comme sur le séminal Left Hand Path, et la chose est assez troublante...
Bien sur, les impulsions les plus brèves et épidermiques ne laissent planer aucun doute. Ainsi "Cadaves On Parade", "Iscariote" ou "Neo Luddite" font appel à la brutalité la plus crue du Crust le plus tendu, mais dès que le compteur se met à défiler, les solutions sont multiples. A ce moment là, IMPLORE fait autant appel à la force de frappe du Deathcore massif, avec double grosse caisse triggée et alternance de plans ultra rapides et pesants, et le meilleur exemple en est certainement le final "Inexorable Malignancy", qui pendant trois minutes empile les couches pour échapper à toute classification, si ce n'est celle de l'ultra violence déclinée sous toutes ses formes.
Mais tout l'album est emprunt de ce son si froid hérité de la tradition scandinave, ce qui, une fois couplé avec la vélocité des genres d'origine produit une osmose assez étrange.
Ce qui n'empêche pas les pistes d'avoir une âme Hardcore assez présente, assez facilement identifiable dans les interventions les plus rugueuses.
Le principal reproche que l'on puisse formuler est non cette versatilité qui finit de toute façon par devenir homogène, mais justement cette homogénéité trop prononcée qui finit par rendre les morceaux les plus conséquents assez interchangeables. La puissance ne peut être remise en cause, mais elle semble parfois prête à exploser, et bridée par une volonté de ne pas tout lâcher. Alors, la tension provoquée n'est pas inintéressante, mais plus d'explosions débridées eurent je pense été souhaitables.
Niveau instrumental, pas grand chose à dire. La rythmique est bien évidemment carrée à outrance, avec des plans mesurés au cordeau, les riffs sont gras, sombres et percutants, et le chant fait montre d'une belle haine tenace qui colle au palais.
Peut-être que cette déception partielle est due au trop grand nombre de breaks Death qui souvent viennent plomber des morceaux qui ne demandaient qu'à décoller, pour conférer au projet ce grain de folie qui lui manque parfois.
La froideur du son suédois adaptée à un contexte purement Crust n'est pas déplacée en soi, mais un peu trop systématique, et pas toujours forcément bien appliquée. Du coup, on finit par se jeter sur les morceaux les plus francs, en zappant de temps en temps les inflexions plus lourdes qui n'apportent pas toujours grand chose.
Le cul entre deux chaises ? Non, je ne pense pas, il est clair qu'IMPLORE connaît son plan de route, et le suit fidèlement, sans se poser de questions. Mais les nombreux avis tranchés des zines ayant parlé de l'album abondent dans mon sens, et les prestations live n'ont pas non plus complètement convaincu. Peut être faudra il à l'avenir qu'IMPLORE fasse des choix moins tranchés, et laisse de côté certains réflexes. A voir pour la suite des aventures.
Il n'en reste pas moins que Depopulation est un album massif, et en tant que première oeuvre, il place les allemands sur le devant de la scène extrême. Ce qui implique, par extension, une plus grande exigence par la suite.
Attention de ne pas trop se perdre en route.
Ajouté : Vendredi 19 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Implore Website Hits: 6244
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