PLEASURE ADDICTION (FRA) - Extra Balls (2015)
Label : Shotgun Generation Records
Sortie du Scud : 28 Septembre 2015
Pays : France
Genre : Sleaze
Type : Album
Playtime : 11 titres - 47 minutes
Vous vous souvenez de vos années lycée ? Si, rappelez-vous... Moi je m'en souviens très bien, ce Milk Bar où je me rendais à chaque fois que j'avais une heure de perm', pour aller faire un bab' et boire un coup. Et lorsque le bab' était pris, direction le flipper, ou avec quelques piécettes, on pouvait s'amuser pendant quelques minutes... Et là, si vous n'aviez pas beaucoup de monnaie dans votre poche. Il fallait faire confiance à la loterie de fin de partie ou croire en ses propres qualités et décrocher... l'extra balle qui allait vous permettre de prolonger le fun.
Prolonger le fun, c'est justement l'objectif de ces parisiens qui n'ont pas digéré la fin des 80's, et qui vous proposent justement d'y retourner, sans avoir besoin de jouer des bumpers pour obtenir le précieux sésame. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le quatuor n'est pas radin du côté des parties gratuites, et qu'il se souvient très bien de ce qui nous faisait tilter à l'époque.
PLEASURE ADDICTION mérite bien son nom, et est loin d'être un assemblage de débutants. On y retrouve l'infatigable Butcho de WATCHA derrière le micro, mais aussi Stuffy et Pamy des HIGH SCHOOL MOTHERFUCKER à la basse et à la batterie. Pour compléter le gang, Carvin des AESTHESIA se charge des guitares, et c'est parti pour une partie d'enfer, à regarder la boule de fer en louchant presque, multipliant les râteaux, les coups de rein sur les côtés sans faire trembler la machine, et essayer de passer cette putain de rampe pour avoir droit à la multiballe infernale qui rendrait dingue un chat en manque de pâtée.
Après un premier album (Independance) qui avait mis le feu aux poudres et la monnaie sur la vitre du flipper, Extra Balls remet donc le couvert pour trois quart d'heure de Hard US de la fin des 80's, ce qui prouve que la capitale a retrouvé son allant d'il y a trente ans, lorsque le rêve de tout Hard Rockeur parisien était de s'exiler en Californie pour aller chatouiller le monopole des BON JOVI, POISON, RATT et autres GUNS N'ROSES.
Nous sommes aujourd'hui en 2016, mais c'est comme si ce rêve n'était toujours pas fini. OK, les PLEASURE ADDICTION c'est un peu le All Star band à la parisienne, mais ça n'est pas pour ça que les mecs sont blasés et se contentent d'un succédané tiède de la fièvre des eighties. Ils auraient pu se la jouer cool en se reposant sur quelques riffs empruntés, mais c'est mal connaître le gang qui s'est investi à fond pour nous en donner pour notre argent.
Et si le Party Rock US est votre pêché mignon depuis 86/87, alors cet Extra Balls vous rappellera au bon souvenir des mélodies catchy propulsées par des guitares teigneuses et des lignes vocales gouailleuses. On s'y croirait presque, le Strip en ligne de mire, et les copines en perf à franges au bras, tous partis pour une virée d'enfer dans un club bondé de poseurs en faux col, le cuir brillant et la mèche sexy. Le leitmotiv du gang est simple, faire la fête à grands coups d'hymnes teen qui auraient pu être composés il y a longtemps, mais qui sonnent vrais et sincères.
Alors faites votre marché, toutes les références sont là. Les L.A GUNS, DANGER DANGER, RATT se retrouvent tous invités au bal des décoiffés, et ça donne dans le refrain qui sent les cotillons et les fanfreluches ("Love Refugee"), dans le Hard Rock Sleazy qui se prend pour un générique de sitcom US ("Hey Boy"), dans les burners Glam au lipstick qui brille sous les néons fluo ("I Love L.A", dans le genre aveu sans détour, on a rarement fait mieux), en gros, tout ce qui a fait la légèreté et la futilité de la scène californienne des années 80. Mais tout est joué avec tellement d'énergie et de professionnalisme que la magie opère à pleins tubes, ce qui n'est que pure logique puisque l'album ne contient que ça. Tiens, je vais même m'avancer. Je ne suis pas certain qu'après des heures de fouilles archéologiques, on puisse trouver un album de l'époque aussi truffé de pépites du début à la fin des sillons.
Spéculation ? Pas tant que ça, et après quarante cinq minutes de manège à sensations, je suis persuadé que vous abonderez en ce sens.
Certes, les musiciens traînent leurs guêtres dans le métier depuis un bail. Mais ça n'a jamais été un gage de capacité à absorber avec tant de panache l'atmosphère d'une époque, loin de là. Non, il faut simplement comprendre que les PLEASURE ADDICTION connaissent leur Heavy Sleaze sur le bout des doigts, et qu'ils l'adorent, ce qui est une condition sine qua non.
On peut faire semblant sur quelques morceaux, mais parvenir sur la distance à synthétiser les mélodies Pop de BON JOVI et POISON, le fun outrancier des CATS IN BOOTS et l'efficacité Hard Rock des DANGER DANGER, WHITE LION et autres SKIDROW, c'est un signe d'allégeance, et surtout, un défi incroyable que les parisiens ont relevé avec brio et flair.
Attitude, son, compos, tout est là et Extra Balls étale une sacrée paire de balloches qui vous remontent grave dans la gorge, testostérone en bandoulière et riff éclair qui sort de la braguette.
Et même lorsque le moment est venu de tamiser la lumière pour un instant de tendresse, la voix de Butcho parvient à singer les accents du New Jersey du beau Jon, pour un "Heaven & Hell" qui aurait sans honte pu figurer sur Slippery When Wet ou Open Up and Say... Aah! de Bret & co.
Ajoutez à la note déjà salée une entrée en matière tonitruante et gorgée de choeurs à la CHEAP TRICK/HANOÏ ROCKS ("Don't Let Me Down"), et une jolie démonstration Rock N'Glam déchaînée sur "Lights & Wonders" qui une fois de plus trousse un refrain absolument entêtant qui fait la nique aux BLACKRAIN sans avoir à forcer.
A l'époque, les groupes français avaient bien du mal à restituer l'ambiance d'une Californie qui les faisait tant rêver. Mis à part TEARS et son Glam Punk, aucun n'avait les armes pour lutter contre la suprématie US. Dommage que les PLEASURE ADDICTION n'aient pas vu le jour beaucoup plus tôt, ils auraient largement pu s'expatrier outre Atlantique pour prouver aux cadors locaux que les Frenchies n'avaient rien à leur envier.
Et Extra Balls fera plus que prolonger la partie pour quelques minutes. Il vous offrira un voyage mouvementé dans les arcanes du Glam Sleaze, voyage illuminé de bumpers qui shakent et de rampes qui tremblent sous le passage d'une bille en acier trempé.
Et le tout, sans tilter. Impressionnant non ? Allez, préparez la monnaie, c'est la récré !
Ajouté : Jeudi 18 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Pleasure Addiction website Hits: 6033
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