AVANTASIA (de) - Ghostlights (2016)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 29 janvier 2016
Pays : Allemagne
Genre : Hard Rock symphonique
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 74 Mins
Le stakhanoviste du Metal est de retour ! Enfin de retour... Avec Tobias Sammet, entre EDGUY et AVANTASIA, on ne peut pas être content de son retour parce que quelque part, on ne l'a jamais vu partir. Le p'tit gars originaire de Fulda multiplie les productions, le Space Police d'EDGUY datant de 2014 et The Mystery Of Time d'AVANTASIA était paru l'année d'avant. Dommage pour AVANTASIA, la fréquence de sorties d'albums finit par amoindrir le côté "évènement" de son side-project... Mais est-ce encore un side-project ?
En tous cas AVANTASIA pioche concrètement sur le marché "US", car si The Mystery Of Time accueillait en son antre des pointures américaines comme Joe Lynn Turner (jadis chanteur de RAINBOW), Eric Martin (MR BIG) ou encore Bruce Kulick (ex-guitariste de KISS), la liste des invités venant de l'Ouest se rallonge sur Ghostlights : Robert Mason (chanteur de WARRANT depuis le décès de Jani Lane), Dee Snider (oui oui, le frontman de TWISTED SISTER !), et Geoff Tate (oui oui, ex-QUEENSRYCHE !) sont de la partie, en plus de quelques habitués (Jorn Lande, Michael Kiske, Bob Catley, voire Ronnie Atkins des PRETTY MAIDS), d'une revenante (Sharon Den Adel de WITHIN TEMPTATION), d'un nouveau venu de Finlande (Marco Hietala de NIGHTWISH, rien que ça !) et d'un compatriote de Tobias qui gagnerait à être connu (l'étonnant Herbie Langhans de SINBREED).
Ce qui devient avec regrettable avec AVANTASIA, c'est qu'à l'inverse des premiers albums où tous ces chanteurs d'exception se succédaient au sein de la même chanson, dorénavant l'hôte dispose de sa propre piste, accompagné plus ou moins par Tobias... En gros, on se mélange pas trop : c'est Geoff Tate pour "Seduction Of Decay", Marco Hietala pour "Master Of The Pendulum", Sharon Den Adel pour "Isle Of Evermore" (faire son retour sur un titre aussi insipide, quel malheur), Robert Mason pour "Babylon Vampyres", etc... La notion d'Opéra Metal semble révolue. Si au moins Tobias nous pondait quelques plages instrumentales faisant le lien entre chaque compo... Mais non. Ça aussi, c'est mort.
Maintenant, lors d'éventuels croisés de micro, le résultat peut être à l'avantage de certains et en enfoncer d'autres. Parce que sur ce "Let The Storm Descend Upon You", un morceau de 10 minutes où Sammet déroule toutes ses recettes de compositeur affirmé (intro épique à la NIGHTWISH, refrain prodigieux, pont groovy, duels de soli, tout y est), autant dire que Jorn Lande et son timbre sauvagement rauque mettent la misère à tout le monde dès qu'il prononce quelques mots, éclipsant Robert Mason, Ronnie Atkins et Sammet lui-même. Le genre de prestation qui incite Tobias à ne pas prendre trop de risques pour ses propres convives. De ce fait, on note une grosse absence d'audace... Deux titres comme "Ghostlights" et "Unchain The Light", dans un registre Speed mélodique et à la qualité contestable, sont taillés pour Michael Kiske. Ça paraissait tellement évident que ça en devient lassant.
On note aussi des similitudes troublantes entre le style ou l'appellation des chansons et leur interprète final. Kiske fait du HELLOWEEN dans AVANTASIA, on commence à avoir l'habitude. Sharon Den Adel qui joue de sa voix douce sur une ballade, on s'y attendait aussi. Mais "Master Of The Pendulum", ça ne vous évoque pas "The Poet And The Pendulum" sur le Dark Passion Play de NIGHTWISH ? Gagné... Puisque c'est Marco Hietala qui s'y colle. Le bassiste/chanteur finlandais sort la grosse voix, Felix Bohnke (batterie) assomme à coup de double grosse caisse, mais alors ce refrain, quelle horreur ! La présence du Viking à la barbe tressée aurait dû insuffler une once d'inspiration à Sammet... Idem pour Robert Mason, le pauvre vieux hérite d'un "Babylon Vampyres" pas fracassant, un truc à peine plus couillu que les passages réservés à Kiske, et grandement sauvé par Bruce Kulick et sa guitare endiablée.
Alors, à jeter, ce Ghostlights d'AVANTASIA ?
Pas si sûr.
Il y a des surprises... Et des belles surprises.
On dira ce qu'on veut, que la scission de QUEENSRYCHE ne ressemble à rien, que le bonhomme n'a pas l'air d'avoir un comportement très clean depuis quelques années, il n'empêche, ce Geoff Tate, quel talent ! A l'aise sur le Heavy, ralenti et oriental "Seduction Of Decay", il force à peine pour ne pas écraser Tobias et transcender un morceau qui ramène aux plus belles heures d'un "Pharaoh" (sur le Mandrake d'EDGUY). Comme quoi les pointures resteront des valeurs sures. Que ce soit sur "Let The Storm Descend Upon You" ou la plus sensible "Lucifer", la voix de Jorn Lande donne de sacrés frissons. Il peut camper Dracula (référence au disque réalisé avec Trond Holter sur le Prince des Carpates) ou Lucifer, ce bougre de Norvégien marque toujours les esprits.
Il n'a que peu d'égal sur ce disque, même si Dee Snider – utilisé à contre-emploi à bon escient – rappelle à tout le monde qu'il appartient à la race des Grands. Le chanteur de TWISTED SISTER, qu'on n'attendait pas du tout dans ce registre, s'amuse à nous faire peur sur "The Haunting". L'intro sinistre au piano amène l'incontournable moment de l'album qui fout les chocottes : sur The Scarecrow, c'était "The Toy Master" (avec Alice Cooper), sur Angel Of Babylon, c'était "Death I Just A Feeling" (avec Jon Oliva de SAVATAGE). Là où Sammet est toujours très doué, c'est pour alterner climat Tim-Burtonesque et lignes vocales mélodiques de haut vol : ce refrain, c'est juste une tuerie.
Rien à voir entre "The Haunting" et "Draconian Love", pourtant ils incarnent les instants de bravoure d'un Ghostlights désordonné et déséquilibré, dont les détracteurs pourront encore dire que ce nouvel album manque d'unité. Parce que l'excellent "Draconian Love", teinté de sonorités modernes et mené par la voix suave de Herbie Langhans, évoque certains groupes comme TENEBRE. Curieux car Langhans ne chante pas du tout comme ça au sein de SINBREED, là il se prendrait presque pour le regretté Peter Steele... S'il y a en a un qui reste fidèle à Tobi, à son propre style et qu'on reconnaît entre mille, c'est Bob Catley. Tout simplement, "A Restless Heart And Obsidian Skies" aurait pu figurer sur un disque de MAGNUM. Les années passent et Catley continue d'interpréter tout ce qu'il chante avec une certaine magie. Le morceau commencé doucement, sur fond de nappes de clavier, finit par s'emballer. On retrouve le AVANTASIA de "The Story Ain't Over", de "Journey To Arcadia", celui qui sent le Grand Final avec tous les invités présents sur scène.
Alors Tobi, fais nous plaisir. Des morceaux comme ça on en veut tout le temps. Tout le long du disque. La prochaine fois, invite enfin MEAT LOAF parce que "Mystery Of A Blood Red Rose" aurait pu naître de l'imagination du Tas de Viande. Demande à Oliver Hartmann de chanter avec tes autres copains parce qu'il est très réducteur de cantonner ce garçon au simple rôle de guitariste, même si son solo éblouit sur le titre éponyme. Hartmann a une voix, de celles qui se font rares. Rare, comme les albums parfaits de bout en bout. Ghostlights, en soi, n'est pas de ce calibre mais vieillira sûrement mieux que The Mystery Of Time ou Angel Of Babylon.
Discographie complète de AVANTASIA :
The Metal Opera (Album - 2001),
The Metal Ppera part II (Album - 2002),
The Scarecrow (Album - 2008),
The Wicked Symphony (Album - 2010),
Angel Of Babylon (Album - 2010),
Angel Of Babylon (Album - 2013),
Angel Of Babylon (Album - 2016)
Ajouté : Jeudi 18 Février 2016 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Avantasia Website Hits: 7278
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