MARS RED SKY (FRA) - Apex III (Praise For The Burning Soul) (2016)
Label : Listenable Records
Sortie du Scud : 26 février 2016
Pays : France
Genre : Stoner Heavy Psych
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 44 Mins
MARS RED SKY sort son troisième album, un disque de voyageurs, un projet qui s'inscrit dans la continuité. Comme avec Star Wars, l'aventure continue. Et comme avec Star Wars, l'aventure de MARS RED SKY sera spatiale ou ne sera pas.
Lorsque j'ai rencontré les trois amis en interview, je leur ai demandé de quel film Apex III pourrait être la bande son. Ils n'ont pas su me répondre. Mais au fond de moi, en mon for intérieur, une voix hurlait dans l'infini éclaté : 2001, l'Odyssée de l'espace. Car si VANGELIS n'avait pas déjà superbement habillé le film de Kubrick, la musique veloutée des bordelais serait la bande son de rêve pour accompagner le voyage vers Jupiter en compagnie de HAL 9000. Dès les premières notes de "(Alien Ground)", on est emporté à des milliers de kilomètres de la surface de la Terre, au milieu des étoiles, dans la solitude glacée de l'espace infini. Quelques notes de guitare, vite doublées par une basse hyper fuzzée, que rejoint le lent tempo de la batterie de Matgaz. Là-dessus, des nappes de clavier viennent imposer un rythme de croisière avant que le chant lointain et volatile de Julien Pras, en couche distante, ne fasse le pont avec "Apex III", morceau volontariste à trois voix, un rien martial, un rien conquérant, comme le premier mouvement d'une comédie musicale des années 60. Encore cette basse qui pèse des tonnes, encore cette batterie bien claire et sèche, encore cette voix... Tout MARS RED SKY est réuni dans ces deux morceaux qui introduisent avec justesse et précision un album de haut vol.
Un album que le groupe refuse d'envisager comme celui de la maturité, terme il est vrai un petit peu galvaudé, mais terme qui renvoie aussi au passage du temps, alors que le temps semble ne pas avoir de prise sur l'oeuvre minutieusement élaborée par Julien Pras (chant, guitare), Jimmy Kinast (basse, backvoice) et Matgaz (batterie, backvoice). Le groupe fondé en 2008 s'est fait remarquer dès la sortie de son debut album éponyme en 2010. Mais c'est en 2013, après l'arrivée de Matgaz aux fûts que les choses se sont précisées. C'est avec le nouveau batteur que le trio trouve son équilibre, comme les trois pointes d'un triangle équilatéral. Le son né de cette collaboration est plus riche, plus touffu. Le groupe multiplie les expériences et développe cette musique si particulière, si caractéristique. Car MARS RED SKY fait partie de ces quelques formations qui sont parvenus à développer une musique personnelle, immédiatement reconnaissable et identifiable. A l'instar d'un KYUSS ou d'un BLACK SABBATH.
La suite de l'histoire repose sur des déconvenues et d'heureux hasards. A l'issue de sa tournée américaine 2013, le groupe a prévu d'enregistrer son deuxième album à Palm Spring, comme un pendant à l'éponyme conçu quatre ans plus tôt dans le désert de Barajas. Malheureusement, la douane américaine bloque le groupe qui se voit refuser l'entrée aux USA. Confinés à Rio, les musiciens visitent le studio de Gabriel Zander et décident tout à trac d'y enregistrer leur projet. Nul ne peut dire ce qu'aurait pu être la version américaine de l'album, mais la prod de Gabriel Zander a donné une sonorité particulière. Cette sonorité, le groupe a voulu la réitérer en rappelant Gabriel Zander sur Apex III (Praise For The Burning Soul). Cette fois-ci, c'est le brésilien qui a fait le voyage pour capter le son de MARS RED SKY au studio Cryogène de Bègles. Le résultat de cette collaboration ne fait pas un pli, ce troisième méfait sonne vraiment comme une suite de Stranded In Arcadia. Les deux disques sont en résonance, comme les deux volets d'un diptyque. Pour entretenir l'effet de continuité, le groupe poursuit également sa collaboration avec le graphiste Carlos Pop pour les artwork. La pochette de Stranded In Arcadia représentait un vaisseau spatial en vol stationnaire au-dessus d'une mer inconnue, un Christ de Corcovado perdu dans la brume au loin et trois séries de pas s'en éloignant... ou le rejoignant... difficile à dire. La pochette d'Apex III entretient ce jeu de doubles sens. Elle est barrée par un lourd rideau de théâtre qui baille en son centre, révélant un ciel étoilé. Est-il en train de s'ouvrir... ou de se fermer... difficile à dire.
Apex III est clairement un album de continuité, le groupe a cherché à pousser plus loin le travail entrepris sur Stranded In Arcadia. Plus de temps passé en studio, plus d'arrangements, plus d'effets, plus de prises, plus de complexité. De prime abord, les nombreuses similitudes avec Stranded in Arcadia sautent au visage. Toute inventive et géniale que soit la musique du trio, on reste dans le même univers, on suit les mêmes traces sur le sable, dans l'immensité d'un désert sans frontière. Cependant, l'impression d'écouter le même disque s'atténue avec le temps et toutes les qualités de ce nouvel opus se révèlent. Apex III est de ces disques qui se bonifient avec le temps, chaque nouvelle écoute donnant plus de plaisir, d'émotion. Le son de MARS RED SKY est une bouffé d'air frais, un vent fleuri qu'on accueille les oreilles grandes ouvertes. On observe les mêmes motifs hypnotiques qui renvoient une ombre différente au fur et à mesure que le soleil court dans le ciel. On est bercé par les mêmes mélopées poétiques et vaporeuses.
Apex III, album de la maturité ? De l'apogée ? L'avenir seul nous le dira, mais album remarquable, sans aucun doute.
Ajouté : Jeudi 18 Février 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Mars Red Sky Website Hits: 6084
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