SLAYER (usa) - Repentless (2015)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 11 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 42 Mins
Onzième album, onze septembre, et dans le paysage, seules deux tours restent debout, solides. L'une des deux a tremblé il est vrai, mais elle est toujours là.
Il faut se rendre à l'évidence, du SLAYER mythique ne restent plus que les piliers Tom et Kerry. C'est ainsi. Avec un Lombardo aux abonnés absents ayant encore une fois claqué la porte, et ce pauvre Jeff qui a succombé à sa passion pour la boisson il y a deux ans, l'avenir semblait sombre pour les maîtres des ténèbres. D'ailleurs, le split avait été évoqué par Araya lui même, qui ne se voyait pas repartir de zéro. Mais King a eu raison de ses derniers doutes, et le voici, onzième témoignage discographique de la légende absolue du Thrash mondial, SLAYER.
Respect total à feu Jeff Hanneman qui nous a tant apporté. Ce premier album sans lui, sa guitare, ses soli est étrange à écouter, même si les fondements n'ont pas bougé d'un iota. Mais malgré l'affection que j'ai pour ce musicien hors normes, je dois admettre que ce line-up de SLAYER est tout bonnement fabuleux, dangereux, et ressemble à s'y méprendre à un all-star-cast. King lui même l'a déclaré :
"J'aimerais que ce soit le dernier line-up du groupe."
Tu m'étonnes. Araya, King, Holt, Bostaph, paye tes mercenaires. Le son du groupe était déjà effilé comme un rasoir et précis comme un sniper, mais avec une équipe pareil, on va friser la perfection totale. Même si le jeu de Lombardo a toujours été un de mes préférés, la frappe de Bostaph à cette régularité, cette fluidité, ce claquage mat que j'adore. Certes, les albums sur lesquels il a joué n'étaient pas les meilleurs, loin de là, mais il reste le pivot le plus solide que l'on puisse trouver. Et puis, il a gagné la confiance des autres depuis longtemps.
Changement de label, exit les largesses d'American Recordings / Sony Music, bonjour la passion et l'admiration de Nuclear Blast, bienvenue à Terry Date derrière la console, et vogue la galère.
Je sais d'expérience que cette chronique est casse gueule au possible, tant les fans de SLAYER sont réputés pour leur intolérance et ce rejet total des critiques envers LEUR groupe, mais d'avance, je les remercie d'aller se faire foutre. Ayant pris l'aventure en marche dès Haunting The Chapel, je ne leur dois rien. Je suis aussi fan qu'eux, même si les deux derniers efforts m'avaient une fois de plus déçu. Et pour être clair, je ne suis pas borné, je n'attends pas un Néo Reign In Blood, ni une relecture de Seasons In The Abyss, juste un LP à la hauteur de la réputation de ceux qui la jouent. Est-ce trop demander ?
Trop de remplissage, de manque d'inspiration, pour deux ou trois réussites classaient Christ Illusion et World Painted Blood au rayon des obligations, des célébrations forcées. Non qu'ils furent de mauvais disques - ce qu'ils ne sont assurément pas - mais la barre avait été placée tellement haute qu'il semblait difficile de la repousser. Qu'en est il aujourd'hui ?
Pas de surprises, les sommets des classiques sont toujours hors d'atteinte, mais je crois pouvoir affirmer que l'adversité à donné à Tom et Kerry l'envie d'en découdre.
Kerry s'est d'ailleurs chargé de toutes les guitares, et s'en est donné à coeur joie. Que les riffs soient tranchants, lourds, ou appuyés, notre chauve préféré à fait parler la poudre, même si certains semblent encore un peu trop en roue libre. Mais on retrouve quand même une toute petite trace de son ancien complice sur "Piano Wire", compo que Jeff avait travaillée pour l'album précédent, et qui d'ailleurs, fait partie du haut du panier avec son refrain sadique et imprévu.
On retrouve au même niveau le morceau éponyme qui comme d'habitude est une véritable boucherie, avec sa partie de guitare initiale aux doux relents presque Death, et sa suite qui étale le meilleur SLAYER. Tempo appuyé mais qui semble s'envoler sous les coups de baguettes chirurgicaux de Paul, soli hystériques de rigueur, c'est au même titre que "God Hates Us All" ou "World Painted Blood" une tuerie intégrale. Tom laisse sa voix partir en vrille comme au bon vieux temps, et reconnaissons qu'après la longue intro inquiétante "Delusions Of Saviour", c'est un véritable plaisir.
Et même si ce bon vieux Gary n'a pas participé outre mesure à l'enregistrement de Relentless, on retrouve inconsciemment sans doute, la patte EXODUS sur l'entame de "Take Control", avec ce riff léger et virevoltant qui est la marque de fabrique de Holt.
"Vices" maintient la pression avec ses passages en double redoutables, tandis que "Cast The First Stone" retrouve les automatismes des années 2000, avec cette rythmique menaçante et ces guitares qui serpentent.
"When The Stillness Comes" se range aux côtés des morceaux les plus vicieux du quatuor, gronde, tonne, et laisse ses arpèges sournois faire le boulot avant que les contretemps finaux n'interrompent le débat. Tom s'arrache une fois de plus les cordes vocales, et le groupe est soudé comme jamais. "Chasing Death", chanson "posthume" sur les dangers de l'alcoolisme trépigne d'un mid tempo revanchard, et reste le plus catchy du lot, malgré un refrain hurlé à pleins poumons.
"Implode" et son Armageddon programmé joue l'ambivalence, et commence calme pour mieux détaler sous les hurlements toujours plus suraigus de Tom. Son phrasé est toujours aussi diabolique comme le démontre le très carré et modérément speed "Atrocity Vendor" (qui se permet même un break à la Seasons), et "Pride In Prejudice" d'achever le travail de sape avec ses accents presque Néo, qui ne ralentissent pas le bulldozer pour autant.
Conclusion ?
Difficile. Je crois pouvoir signaler un léger mieux comme je l'ai déjà dit, et Relentless semble moins racler les fonds de tiroir cultes que ses prédécesseurs. Plus de compos solides, moins de bouche trous, des riffs plus travaillés qui n'évitent pas de temps à autres la paraphrase, mais quand on en a déjà pondu des centaines, il est impossible de ne pas radoter légèrement. Ce qui ne radote pas par contre, c'est la précision des attaques, la conviction d'Araya accroché à son micro, et la dévotion de Bostaph derrière son kit qui allume tout ce qui bouge, sans cligner des paupières. Et bien sur, la foi aveugle de King en sa créature, même si désormais, il composera avec quelqu'un d'autre que son ami, ou bien seul.
Relentless n'est pas un chef d'oeuvre, mais c'est un disque très solide, qui tend son majeur bien en face du destin, et qui nous offre le visage d'un groupe qui refuse l'adversité.
SLAYER n'est pas mort, il est même plus vivant que ces dernières années. Qu'on se le dise.
(A Jeff Hanneman, mon héros d'adolescence, merci pour tout.)
Ajouté : Samedi 06 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Slayer Website Hits: 6958
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