ABBATH (no) - Abbath (2016)
Label : Season Of Mist
Sortie du Scud : 22 janvier 2016
Pays : Norvège
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 40 Mins
Je me souviens de ta bouille grimée, posant aux côtés de Luca Turilli pour la couverture de je ne sais plus quel magazine, peut-être Hard'n'Heavy. Le guitariste italien œuvrait encore pour RHAPSODY à l'époque, j'étais fan de vos deux groupes, et tu semblais, lors de l'interview commune, épaté par la multitude des projets auquel Turilli pensait ou participait. C'est curieux de constater à quel point tu as suivi le même chemin depuis... Entre la fausse séparation d'IMMORTAL, l'éphémère mais tonitruant super-groupe nommé "I", ton groupe hommage à MOTÖRHEAD (appelé BÖMBERS), puis le vrai clash avec ton compère de toujours (Demonaz), mon cher Abbath, te voilà aujourd'hui dans la même situation que Turilli. RHAPSODY (OF FIRE) continue de vivre sans son leader et principal compositeur, et il en est de même pour IMMORTAL qui va survivre à ton départ. Troublants destins parallèles.
Non pas qu'il y ait un camp à choisir, or tu sais bien que les fans adulent IMMORTAL pour son leader charismatique, ses longs cheveux noirs comme le corbeau, sa voix venue du Grand Froid, ses rythmiques accouchées du Black, du Heavy et du Thrash. Il y a bien la batterie du monstrueux Horgh qui contribue au son d'IMMORTAL, mais quand même, IMMORTAL sans Abbath, êtes-vous bien sérieux ?
Forcément, quand on voit cette pochette, cette figure bien connue grimée de blanc et de noir, ces yeux vitreux, un frisson parcoure l'admirateur que je suis. Pour ce design aussi simple et magnifique soit-il de cet opus, tu as choisi d'afficher ta gueule de salopard maquillé. Suffisant pour annoncer la couleur... "suffisant", c'est le mot qui va revenir dans cette chronique (je vais éviter au maximum). Et tu l'as intitulé Abbath – comme ton pseudo – mais je ne crois pas que tu l'aies nommé ainsi pour faire dans la sobriété.
Déjà, baser une grosse partie de la promo d'ABBATH (le groupe) en diffusant à outrance le clip "live" d'un "Warriors" que tu avais composé pour "I", pourquoi pas, mais bon... Le problème n'est pas là, en fait. Le problème, c'est qu'à la sortie de l'extrait "Count The Dead", quelque chose clochait. Comme un air de déjà vu, un truc convenu mais pas extraordinaire. La batterie de Kevin "Creature" Foley (qui vient de quitter ABBATH, d'ailleurs) pulse bien, le riff ne trompe personne sur son origine, et pourtant, ça ne le fait pas. Ça a l'odeur désagréable du All Shall Fall d'IMMORTAL. Presque moyen.
Si l'on se réfère au deuxième morceau de l'album, "Winter Bane", on en deviendrait hystérique. Celui-là, il sent l'excellent IMMORTAL jusqu'au plus profond de nos narines : headbanging obligatoire, arpèges de rigueur, basse de King Ov Hell (ex-GORGOROTH) déchainée, éjaculation en vue. Si le reste d'Abbath pouvait être du même calibre... Hélas, non. C'est bien beau de vouloir nous faire du Black pur et dur, genre "Fenrir Hunts", "Eternal" ou "To War", à ce moment-là il faudrait éviter d'être trop linéaire et de se prendre pour un sous-MARDUK. Un norvégien qui se prend pour un suédois, on aura tout vu. Ça sonne "roots" mais il ne s'agit que d'un leurre. Et on se fait un peu chier... De même, mal joué le coup des soli. Si c'est pour jouer comme Kerry King quand il n'a pas envie de se fouler, non merci. D'où l'importance d'avoir un fin six-cordistes comme Ice Dale sur ce genre d'album (et là, ben, il est pas là !). N'est pas soliste qui veut...
Et puis plutôt que de s'obstiner à donner dans l'extrémisme métronomique quand on n'a plus l'âge, mieux vaut ralentir le tempo. Bon, quand ça s'accouple à des breaks plus mesurés à base d'accords comme tu sais nous les pondre, ô Toi, cher Abbath Doom Occulta, il faut admettre, "Ashes Of The Damned" produit son petit effet. Mais qu'est-ce que c'est que ces trois notes de clavier à gerber ?!! Sans atteindre les sublimes "Blashyrkh" (Battles In The North) ou "Tyrants", on prend plus son pied sur les titres modérés que sont "Ocean Of Wounds" et "Root Of The Mountain". Mais où est passé le souffle épique qui se dégage des meilleurs compos d'IMMORTAL ?
Cela signifie-t-il que sans Demonaz, tu perdrais de ta superbe ? On reconnaît aisément ta griffe, mais ta seule présence et ton égo ne suffisent pas à faire d'Abbath un grand album. D'où la question : aurais-tu monté ce groupe en comptant sur ta réputation ? Sur ta notoriété ? Crois-tu que Ian Fraiser Kilmister – l'une de tes idoles et paix à son âme – aurait quitté MOTÖRHEAD pour fonder LEMMY ? En se contentant d'être aussi suffisant (le mot est lâché) ? On va encore dire que je suis dur – en soi l'album Abbath remplit sa fonction de bande sonore pour un retour qui se voudrait triomphant – mais sache qu'on attend toujours plus de ses héros.
Ajouté : Vendredi 05 Février 2016 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Abbath Website Hits: 7456
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