IAMFIRE (se) - Peter Dolving (Mars-2015/VF-EV)
Artiste complexe et pluriel, Peter Dolving est un personnage avec un grand P. Le chanteur n'hésite pas à dire les choses "lound and clear" sur scène comme en interview. Metal-Impact avait rencontré l'artiste en 2004, lors de son retour dans le groupe de Death/Thrash suédois THE HAUNTED qu'il avait quitté en 2002 et qu'il a, à nouveau, quitté dix ans plus tard, suite à l'échec commercial et critique de l'album Unseen (2011). Peter Dolving sort un album solo en 2013 puis forme un nouveau groupe de Metal Moderne, IAMFIRE. C'est à l'occasion de la sortie du premier EP (Eyes Wide Open) que nous avons réalisé une nouvelle interview avec le suédois. Et une chose est sûre, les pendules ont bien été mises à l'heure !
Line-up : Peter Dolving (chant), Peter Ahlers Ohlsen (guitare), Mikael Ehlert (basse), Ulf Scott (batterie)
Discographie : Eyes Wide Open (EP - 2015)
Metal-Impact. Il y a dix ans, nous t'avions interviewés à l'occasion de la sortie de rEVOLVEr. Aujourd'hui on se retrouve autour de Eyes Wide Open, le premier EP de ton nouveau groupe, IAMFIRE. Quels ont été les moments le plus forts de cette décennie ?
Peter Dolving. Quand j'ai levé la tête de la table d'opération et que le chirurgien m'a montré mon fémur et mon bassin qui avaient l'air d'avoir reçu une salve de fusil à pompe ? C'était très radical. Non. La vie, du moins pour moi, c'est çà le plus grand moment en soi. Je le pense vraiment. C'est quelque chose que tout le monde ne peut pas comprendre, parce que les gens passent leur temps à tout évaluer et comparer. Pour moi, le déclic s'est fait un jour où je marchais dans la rue et à un moment, j'ai réalisé "oh, c'est juste çà". Et à partir de cette révélation, j'en suis venu à ré-évaluer le monde comme un spectateur et un acteur.
MI. Quant tu repenses à ta carrière, as-tu des regrets ? Des choses que tu aurais voulu faire différemment ?
Peter. J'ai obtenu ce que je voulais, parfois à un prix élevé. Maintenant, à nouveau, je suis dans une phase de requalibrage entre ce que je veux, ce dont j'ai besoin et comment y parvenir. A quoi bon se demander si on aurait dû faire les chose différemment si on avait pu ? J'ai toujours considéré les mauvaises choses comme des enseignements. Si je tombe, je vais pleurer un peu parce que çà fait mal ou parce que ma fierté en a pris un coup. Mais c'est en prenant des coups qu'on apprend.
MI. Tu as publié un album solo en 2013, Thieves and Liars. Ce projet sonne plus Rock et un petit peu Electro que tes précédents travaux avec THE HAUNTED et MARY BEATS JANE. Envisages-tu une carrière solo dans un registre musical différent ?
Peter. Non. Dans ma tête, j'ai toujours eu une carrière "solo" en standby. Cela aussi, c'est quelque chose que je ne considère pas en termes radicaux blanc / noir. Je suis un artiste. Mon boulot c'est de créer ou de participer à des projets créatifs.
MI. La même année, tu as fondé IAMFIRE. Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ?
Peter. Je n'ai pas fondé IAMFIRE. Je suis l'un des quatre membres d'un effort collectif de création musicale et de performances live. IAMFIRE en est le résultat. La genèse, c'est comme l'histoire de l'oeuf et la poule, tu vois. Il n'y a pas de gloire à retirer d'une telle idée. Quand des individus, des idées et des opportunités convergent, des choses cool peuvent se produire. Est-ce que finalement l'Art n'est pas plus intéressant que l'artiste ?
MI. Vas-tu poursuivre une carrière solo et un projet collectif simultanément ?
Peter. La question que je me pose de plus en plus est : "Y-a-t-il vraiment une bonne raison dans la poursuite de quoi que ce soit ?". La poursuite conduit à la souffrance et la souffrance n'est jamais justifiée en ce qui me concerne.
MI. Les musiciens de IAMFIRE viennent d'univers musicaux différents. Comment avez-vous fait pour mixer vos expériences. Qu'est-ce que chacun apporte au collectif ?
Peter. Cela ne demande aucun effort. Tout repose sur notre appréciation de nos créations. Est-ce que le processus créatif est difficile ? Parfois. Mais ce n'est pas nécessaire. Tout est une question de respect. Dans IAMFIRE, j'apporte les lyrics et les compos vocales. Peter et Mikael jament ensembles, beaucoup. Ensuite on travaille sur une idée avec Ulf et çà prend. Je commence à présenter des séquences, des idées de parties vocales et on travaille tous ensemble sur les détails jusqu'à la construction du morceau fini. Tout çà est très zen.
MI. IAMFIRE est un groupe 100% scandinave. C'est un choix ?
Peter. Tu me demandes si on a été guidés par autre chose que le plaisir de créer, répéter et jouer live de la musique qu'on apprécie tous ? Non. C'est un hasard si nous sommes tous les quatre scandinaves. J'habite au Brésil et je ne m'identifie pas vraiment comme scandinave autrement que parce que c'est écrit sur mon passeport.
MI. Qu'est-ce qui t'as amené à travailler avec le label indépendant français Deadlight Entertainment ?
Peter. Alex aime le Rock n'Roll, les films d'horreurs, les Desperados et le libre arbitre. On est d'accord sur le fait que l'espèce humaine n'est pas très douée pour prendre soin de cette planète et nous sommes tous les deux d'éternels romantiques. Tout colle! Donc on a une relation très simple.
MI. Comment décrirais-tu la musique d'IAMFIRE ?
Peter. Que dirais-tu de Trip Hop, mais joué par quatre personnes qui aime le Rock super Heavy ? C'est dur de décrire sa propre musique. C'est une musique super pour baiser, danser et aimer. Avec des paroles profondes et spirituelles. Sex Rock, peut-être ?
MI. Est-ce que Eyes wide open donne un bon aperçu de ce que le premier album d'IAMFIRE serait ?
Peter. Oui, en effet.
MI. Quand l'album doit-il sortir ?
Peter. Je n'en ai pas la moindre idée.
MI. Est-ce que le groupe fera une tournée après la sortie de l'album ? Peut-on espérer vous voir en France ?
Peter. Je pense que oui, mais je ne sais pas. En ce moment, je suis de retour à Bahia, je peins, j'écris et je fais du yoga. La chose la plus importante que j'aie à faire est de penser à boire suffisamment d'eau tous les jours et trouver où et comment acheter la meilleur herbe.
MI. Que penses-tu de l'évolution de la scène Metal ?
Peter. La guerre de prestige entre les groupes et les labels, se conjuguant avec le nombre important d'amateurs et de chercheurs d'or désabusés fait ressembler le Metal actuel au Hip Hop des années 1990. C'est complètement guidé et motivé par l'argent. "Tu tournes pendant cinq ans et tu deviens un putain de cynique" est le mot d'ordre de la plupart des musiciens. Le business ne vit pas sur la même planète que les groupes, lesquels deviennent des mercenaires dans leur approche du métier; c'est une question de survie. Le Metal, c'est un peu comme un bourdon. Il n'est pas supposé voler, il est trop maladroit et chétif pour çà, mais il le fait quand même.
MI. Quel a été le plus gros changement depuis que tu as commencé ?
Peter. Le plus grand changement c'est que la musique ne se vend plus. Le consommateur moyen s'en fout complètement... METALLICA et les groupes de ce genre faussent la vision du grand public. Et comme la plupart des gens ne considèrent pas les musiciens comme des gens respectables, ils n'estiment pas avoir à être loyaux. Ils se disent: "il y a tellement de musiciens de toutes façons". Je pense que le concept de "star" est maudit. Les musiciens commencent à comprendre qu'être en haut de l'affiche mais ne pas gagner d'argent, c'est un peu comme être sur les affiches "Wanted" du Far West. Dans le coeur et l'esprit de la plupart des gens, c'est devenu plus intéressant et gratifiant de se faire prendre en photo avec une célébrité sur son iPhone que d'assister à un concert. Le problème c'est que les fans sont en train de tuer la musique.
MI. Quels conseils donnerais-tu à un jeune groupe de Metal ?
Peter. Achètes-toi une vie !
MI. Tu as quelque chose à ajouter ?
Peter. Aimez-vous les uns les autres. Accordez autant de respect aux autres qu'à vous-même. Si vous êtes musiciens ayez toujours, toujours en tête que c'est le public qui paye votre musique. Vous vendez un produit, un travail artistique. Si ce n'est pas le cas, vous êtes juste un imposteur et vous devriez foutre le camp du milieu professionnel, parce que vous piquez le boulot de quelqu'un d'autre. Quoique vous fassiez, perfectionnez-vous sans relâche, comprenez ce qu'est l'Art, engagez-vous, soyez honnête et vous deviendrez bon. Le succès ne réside ni dans la reconnaissance mondiale ni dans les applaudissements du public. Il réside dans ce que vous faites. Cela consiste à trouver un équilibre entre la plus basse perversion et la plus haute noblesse. Mais vous êtes français, vous devriez savoir de quoi je parle. Aimez votre vie. C'est une expérience courte, douloureuse et belle.
==================== ENGLISH VERSION ====================
Metal-Impact. Ten years ago, you were interviewed by Metal Impact for rEVOLVEr release. Today, we meet again for IAMFIRE's first EP, Eyes Wide Open. What were the highest moments of this decade?
Peter Dolving. When I looked up on the operationtable, as the surgeon presented me with my femur and hipbone that looked some had shot a double barrell shotgon into it? That was pretty radical. No, but really - people are always measuring and comparing. Life, at least to me, is a highest moment in itself. I really think so. That's something no everyone even understands, because they are so caught in this trap of valuing and comparing. For me that just changed one day as I was walking down the street, something clicked and I realized "Oh!It really just is!" - and with that understanding I've come to re-evaluate the world as I observe and participate in.
MI. When you look back at your career, do you have some regrets? Things you would have done differently?
Peter. I have achieved what I wanted - sometimes at a great cost, and now - again - I'm in a process of reassessment of what I want, need, and how to achieve it. The question of whether we should have done things differently if we could, in the points of our lives we feel bad about in some way or other? Well, I have always seen it as a learning experience. If I fall down, I might cry a little because it hurts or because my pride took a blow - but unless I figure out what went wrong I will never be able to learn...
MI. You edited a solo album in 2013, Thieves and Liars. This project sounds more Rock and a little bit Electro than your former activities with THE HAUNTED and MARY BEATS JANE. Did you intend a solo career in a different musical way?
Peter. No, in my head I still have a perfectly functioning "solo" career. This too is something I do not regard in terms of absolutes or black and white. I am some kind of artist? My job is to create things and to participating in creating things.
MI. The same year, you founded IAMFIRE. Can you tell us about this project genesis?
Peter. I did not found IAMFIRE. I am one of four in a collective effort of creating music and a stage performance - IAMFIRE is the result of this. The initiative - it's like the chicken and the egg you know - there is no glory in a mere idea. When individuals, ideas and opportunity converge cool things can happen. Is not the art more interesting and important than the artist?
MI. Would you pursue a solo career and a collective project simultaneous?
Peter. Question I ask myself more and more is; I there even any point in pursuing anything? Pursuit leads to suffering and suffering is becoming less meaningful by the minute as far as I am concerned.
MI. IAMFIRE musicians come from differents musical universes. How did you manage to mix those experiences. What does each one brings?
Peter. It's no effort really, it's about enjoying what we've created. Is the creative process hard? It can be. But it doesn't have to be. That's all a question of respect. In IAMFIRE, I bring words and vocal melodies to mix. Peter and Mikael jam together - a lot. Then work on the ideas with Ulf, and as it gels, I start presenting "sketches", ideas of vocal melodies and then we all work on the details together through rehearsing. It's all very zen.
MI. IAMFIRE is a 100% scandinavian band. Is it a choice?
Peter. If it was choice other than the fact that we all happen to like the music we create, rehearsing and playing with eachother live? No, the scandinavian part was just there. I live in Brazil and don't necissiarily identify myself as "scandinavian" other than what my passport still tells me.
MI. What deceided you to work with french independant label Deadlight Entertainment?
Peter. Alex loves Rock n'Roll, horror movies, desperados, and free will. We agree on the fact that human beings are not very good at taking care of this planet and we are hopeless romantics. Perfect. So, we have a very uncomplicated relation.
MI. How would you describe IAMFIRE music?
Peter. How about; Triphop - but played by four people who love super heavy rock-music? Describing your own music is hard. It's music that's great for fucking, dancing and enjoying things too, with very spiritual and psychologically advanced lyrics. Sex-rock?
MI. Does Eyes wide open gives a good taste of what IAMFIRE first album would be?
Peter. Yes indeed.
MI. Could we expect some surprises in the album?
Peter. None whatsoever. Unless of course you haven't already heard the album, in which case you will a multifaceted and very rewarding audio-experience. What is a surprise?
MI. When would the album be released?
Peter. I have no idea.
MI. Is the band making a tour after this release? Can we expect dates in France?
Peter. I think so, but I don't know. Right now I am back home in Bahia, painting, writing and doing yoga. The most important thing here is remembering to drink enough water every day and figuring out where and how to find the best weed.
MI. What do you think of Metal's world evolution.
Peter. The prestige-battle between the bands ands labels, in collusion with the large amount of amateurs and delusional gold-diggers has turned metal into what hiphop was in the 90s. It's completely run and motivated by money. "Tour for 5 years and become a cynical bastard" - is usually the way of most musicans. The business tends to live on a different planet than the bands and crews, and the bands and crew become merceneary in their attitude to their jobs - it's a question of survival. Metal is kind of like a bumble bee, it's not supposed to fly, it's to clumsy and akward - but it still does.
MI. What were the most important changes since your beginning?
Peter. The biggest change has been the fact that there is no longer any money in business of selling music. The average consumers don't care anymore. Metallica etc. made the issue feel "uncomfortable" - and for some reason average people don't consider musician being a respectable profession, and they don't have to be "loyal" - "There is so much music anyway…" - I think "The Star" is a doomed concept. People are beginning to see that high exposure with low incomes is more like the "Wanted"-posters of the the old wild west. In the minds and hearts of most average people, taking a picture with themselves and some famous person, on their iPhone - is a greater and more rewarding achievement than a concert. The fact is that basically fans are killing the music.
MI. What advices would you give to youg Metal bands?
Peter. Get a life.
MI. Anything else to tell?
Peter. Be nice to eachother. Treat others and yourself with equal respect. And if you are musician, always, always, always remember that the audience are the ones who pay for the entertainment, you are selling a product, a work of art - if not, you're just an imposter and should stay the fuck out of the professional area, cause your're stealing someone elses job. Regardless of what you do - learn your craft, understand the art, dedicate yourself, be truthful and you will be just fine. Success is not about the world patting your back and getting applause - it's about knowing what you are doing and finding a balance between the deepest perversion and the highest nobility. Hell, you're french - you should know what I'm talking about. Enjoy your life. It's a short, frail, painful and beautiful thing.
Ajouté : Mardi 19 Mai 2015 Intervieweur : Rivax Lien en relation: Iamfire Website Hits: 6475
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