HERSCHER (FRA) - Herscher (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 10 mars 2015
Pays : France
Genre : Noise Doom Metal
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 42 Mins
Pour ceux qui débarquent, et qui veulent en savoir plus sur HERSCHER éviter, sur le Net, la confusion avec la Boucherie Herscher de Colmar, car c'est bien du côté de Clermont-Ferrand, là où les trous ne fument plus, qu'il faut aller chercher nos trois gaillards: Mat'Roadie, basse, René Blacklisted, batterie/chant et le nouveau venu, Bud, claviers, trois lascars qui ne sont d'ailleurs pas en reste côté boucherie, de vrais briseurs de nuques, et qui dans la foulée vous les écrasent menues pour faire de vous des eunuques.
Dans la chronique parue le 27 Août 2013 de HERSCHER Pursuit, je vous disais tout le bien que je pensais de HERSCHER et de leur EP Pursuit sorti en Juillet 2012 alors que le combo était dans sa configuration originelle, à savoir un duo rythmique: Basse/Batterie à dominante instrumentale.
Roadie et René ont capitalisé sur le bon accueil réservé à cette sortie, et ils ont tourné, tourné, tourné... une vraie litanie: Estonie, Lettonie, Lituanie... Pays de l'Est... Ils ont balancé leurs riffs dans les salles obscures, enfumées, sans jamais lâcher de lest! Retournant au charbon sans s'épargner, difficile, il est vrai, de composer dans ces conditions ! Mais c'était sans compter sur leur envie de nous surprendre, de nous étonner en s'ouvrant un nouvel horizon sonore avec l'arrivée de Bud et de ses claviers dans les compositions et l'écriture burinée présentes et à venir.
Après la sortie des E.P., ces nouvelles empreintes musicales ont été gravées sur le 1er album de HERSCHER au titre éponyme, sorti le 10 Mars 2015. L'objet du délit est à nouveau passé entre les mains de Serge Morratel au Rec Studio. L'artwork est de Loïc Evhemeria et René (batterie/chant) qui s'y recolle, toujours au four et au moulin, s'appuyant sur les photos d'Eric Tarrit qui déclinent le monde minéral des montagnes perdant leur virginité, blanche comme neige, les névés se rabougrissent, les glaciers rentrent leur langue hérissée de cristaux sous un ciel noir qui n'augure rien de bon avec en écho le gros son annonçant le chaos à la mode HERSCHER.
Après une première écoute en diagonale, l'évolution depuis Pursuit est évidente: le chant entre incantations, gémissements, cris se languit, il est manifestement plus présent au fil des plages de l'album, avec quelques "speed riff" qui sont autant de piqûres à nous sortir de l'hypnose distillée par la basse vrombissante de Roadie.
Bud, avec le souffle désespéré de ses synthés, tel Vulcain, nous entraîne dans une autre dimension, vers le trou noir de la galaxie, un nouveau big-bang martelé par René "Blacklisted" derrière ses fûts à la peau tendue de ptérosaure.
La musique de HERSCHER a toujours cette démarche de pachyderme, lourde, pesante, tel un mammouth shooté au vermouth, avec toutefois un tempo pas suffisamment allègre pour le dégraisser.
Dés les premières notes de l'album, avec le titre "Old Lands" on retrouve le gros son de la basse de Mat'Roadie, un son old school, des 70's à la mode Mel Schacher. Un jeu hypnotisant créant une véritable addiction avec, sur la durée, un risque de rupture de caténaire cérébrale. Ce premier morceau est parsemé de breaks lui évitant d'être par trop linéaire.
"Apocatastase" se révèle être le titre le plus long dépassant les 10 minutes, atteignant là une limite à ne pas enfreindre au risque de nous achever ou d'en lasser certains, un formatage des morceaux à 7 minutes maxi leur va bien.
Le titre "Bandana" crée la surprise, morceau instrumental plus concis qui se révèle efficace et où l'apport des claviers est le plus évident, et parfaitement assumé. Une nouvelle ambiance est déclinée au sein de HERSCHER, laissant entrevoir un nouvel horizon, une veine aurifère qui mériterait d'être exploitée en profondeur.
A l'évidence les parties vocales de René Blacklisted ont évolué, "Electric Path" le prouve, chant torturé, habité digne d'un chaman de l'apocalypse en transe. Et côté batterie, le même René Blacklisted, avec le titre "skull's River", se livre à un jeu déstructuré résonnant comme du Baschet !
"Pétron" est décidément le morceau qui séduit le plus, parfait équilibre, osmose dans le jeu et les interprétations de chacun au sein du trio. Gros son, et une autre facette dans le chant qui se veut plus caverneux sur le rythme lent qui s'apparente à une narration.
Il est évident que la bête a mué, elle renait de la matière noire sans renier sa chrysalide de Doom désespéré pimenté de Noise discrètement enrichi de nouvelles notes éthérées, et satellitaires des claviers, annonciatrices de pluies de cendres, et de scories.
HERSCHER, depuis 2009, a su nous entraîner dans son chaos avec une formule qui préserve leur originalité dans un genre pourtant bien fossilisé et la facilité n'est pas le leur ! Le combo avec cet album, a su prendre des risques, l'arrivée des claviers aurait pu refroidir la curiosité, et l'intérêt de certains. Depuis Pursuit, un sacré bout de chemin a été fait. On misait beaucoup sur la suite des opérations, on n'est pas déçu avec ce premier album. Il faudra dorénavant compter avec HERSCHER.
Ajouté : Lundi 11 Janvier 2016 Chroniqueur : Le Patriarche Score : Lien en relation: Herscher Website Hits: 5974
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