Le Post-Hardcore traditionnel, contrairement à la vague moderne qui a sévit à l'orée des années 2000, n'a jamais été ma tasse de thé. Et pourtant, j'ai toujours eu en moi cette étincelle de curiosité qui ne demandait qu'à s'enflammer. WHEN ICARUS FALLS. Peut-être pas le groupe de référence dans le domaine, mais au moins, c'est sur cette formation que j'ai pu faire mes crocs. Si le groupe demeure à ce jour assez jeune (formé en 2007 tout de même), leur premier album Aegean avait pas mal retenu mon attention avec ses ambiances lancinantes de qualité bien qu'un peu monotones. C'est donc sans prise de tête que je me décide à aborder ce nouvel EP du nom de Circles.

Sans plus attendre, les guitares rebondissent de part en part sur les parois illusoire. C'est donc un "Erechtheion" de toute beauté qui vient nous envoûter de sa douce marche introspective. Cette atmosphère énigmatique imposée dès le début nous incite donc à la réflexion et au voyage. La batterie est discrète mais vigoureuse, les hurlements éraillés se marient très bien avec l'instrumental, et les cordes s'expriment avec une conviction qui m'a laissé sans voix. D'ailleurs, ils ne manqueront pas de clôturer le premier morceau de façon magistral. C'est quand même incroyable, on vient à peine d'entamer la bête que j'en ai déjà des frissons. Tout le long de cet EP, il sera impossible de ne pas sentir la montée en puissance significative dont la formation a fait preuve en l'espace de seulement deux ans. Nous sommes à présent face à de véritables atmosphères qui sortent des tripes. Même si les schémas restent dans l'ensemble très simples, cela n'empêche pas de se sentir transporter dans un univers à la fois torturé et planant. En soi, "The Great North" ne manquera pas de nous assommer avec ses rythmiques écrasantes et ses effets sonores des plus spirituels.

Il semblerait bien que les suisses ont réussis à transformer leur faiblesse en force. Si on pouvait déplorer des constructions un peu trop ennuyantes sur l'opus précédent, Circles gomme ce vilain point noir efficacement. Plus concret, plus percutant, cet EP est une belle preuve de maturité de la part de WHEN ICARUS FALLS. L'ensemble est plus réfléchit, mieux calculé et frappe au bon endroit à chaque seconde. Etant malgré tout débutant dans le genre, j'ignore si les habitués seront aussi réceptifs à cette sortie. Quoi qu'on en dise, l'évolution reste palpable par n'importe quelle oreille un minimum attentive. Peut-être pas aussi significative qu'on pourrait le croire je vous l'accorde, mais contrairement à Aegean, cette galette dépasse largement à mes yeux le stade de "sympathique". Et ça n'est certainement pas cet ultime cri sorti tout droit des abysses sur "NYX" qui viendra ternir mon jugement.

Bon, essayons d'expliquer calmement les choses. Je pourrais dire simplement que cette production est de qualité, mais ce serais trop facile. Elle est bien plus que ça. Tantôt lumineuse, tantôt sombre, elle provoque la confusion chez l'auditeur et le pousse à méditer. Encore une fois, Circles est loin d'être complexe. Toutes ces émotions se déclenchent avec une accessibilité fort bienvenue. J'ignore si on peut parler de talent à ce stade, mais lorsqu'un opus arrive à vous faire ressentir quelque chose de fort sans pour autant en faire des tonnes, on est en droit de s'interroger sur la nature d'une telle aura.

Des questions, toujours des questions. Une fois de plus, la musique ne m'apporte aucune réponse. Elle se contentera d'effacer l'espace d'une petite demi-heure toutes ces futilités que représentent les incertitudes. Je n'en demandais pas plus.