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WILDPATH (FRA) - Marjolaine Bernard, Olivier Caron et Alexis Garsault (Fév-2015)


WILDPATH est combo parisien qui est né en 2001 et qui est en passe de s'imposer sur la scène hexagonal. Quatorze ans de bons et loyaux services dévoués à la cause du Metal symphonique qui leur a permis de se forger une identité des plus singulière.
Si les bougres n'ont que quatre méfaits à leur actif, ils ont su se créer un univers qui leur est propre et n'hésite pas à se remettre en question le moment venu à l'instar de combos comme WITHIN TEMPTATION, NIGHTWISH ou encore EPICA. Une de leur particularité est d'être devenu au fil du temps des perfectionnistes qui n'hésitent pas à inclure au cour d'un Metal symphonique redoutable des éléments Rock, Folk ou Electro histoire de surprendre les fans ! Disclosure fait partie de ces albums conceptuels qui ne peuvent que déstabiliser les afficionados pur et dur de Metal symphonique. WILDPATH aime prendre des risques et aller là où on ne les attend pas et cela grâce à un talent magistral et une inventivité qui leur permet d'innover en permanence sans jamais renier ses racines.
La reprise de Lady Gaga "Poker Face" ou de "I'm so Ecited" des POINTERS SISTERS en étant un exemple parmi tant d'autres de leur ouverture d'esprit. Pas question de vous caressez dans le sens du poil et de se laisser enfermer dans un créneau plus que saturé. WILDPATH se réinvente en permanence en n'hésitant pas à frapper là où personne ne les attends. Disclosure fait partie de cette race d'album qu'il faut apprivoiser petit à petit pour en saisir toute l'intelligence musicale et se laisser emporter vers d'autres horizons issus de l'imagination fertile d'olivier Caron et d'Alexis Garsault, les membres fondateurs de la formation. Une force et une faiblesse sur lesquelles ils surfent en permanence.
Devant tant d'ingéniosité, MI se devait d'en savoir un peu plus sur ce gang atypique qui ne peut laisser personne indifférent. Rencontre avec Olivier Caron et Alexis Garsault, deux musiciens sympathiques et volubiles qui n'hésitent pas à s'exprimer sur les doutes, les failles et les angoisses qui les hantent avant la sortie de Disclosure. Magnéto les gars, c'est à vous !

Line-up
: Marjolaine Bernard (chant), Olivier Caron (guitare), Matthias Bouyssou (guitare), Alexis Garsault (claviers), Nicolas Lopes (basse et chant), Pierre Mahier (batterie)

Discographie : Gates Of Fantasy (Demo - 2004), Necromancer (Demo - 2005), Nyx Secrets (2006), Non Omnis Moriar (2009), Underneath (2011), Disclosure (2015)



Metal-Impact. Bonjour à tous les deux, vous venez de donner un concert au divan du monde. Comment était-ce ?
Olivier Caron. C'était super, on a eu un bon retour. C'était la première fois qu'on jouait les morceaux du nouvel album sur scène. On a passé une super soirée avec BENIGHTED SOUL et ADRANA. Les gens étaient ravis.
Alexis Garsault. Le Divan du Monde fait partie des meilleurs retours que l'on ait eu après un concert, on est vraiment content que cela ait bien fonctionné. On a fait découvrir les nouveaux morceaux en concert, ce qui nous a un petit peu stressé. On ne savait pas comment allait passé ce nouvel album et ces nouveaux titres car on ne les avait jamais joués sur scène. On a eu que des bons retours, c'était une excellente soirée pour nous.

MI. Ressentez-vous beaucoup de pression face à ce type de concert et est-ce différent quand vous jouez en province ?
Olivier. Pour les nouveaux titres clairement. Les faire découvrir en live, c'est toujours un peu risqué même pour nous car ils sont assez frais. Il y a toujours une période où on s'adapte aux morceaux, on les laisse vivre et se développer en concert. Là, on n'avait pas ce recul là et on était un petit peu effrayé par ça. Après au niveau de la différence entre Paris et la province, je ne pense que l'on ne voit pas ça comme ça. En fait, à chacun de nos concerts on essaie de créer une nouvelle set list, de rajouter des morceaux, une petite reprise, une petite blague ou de réinventer un de nos titres. Chaque concert est vraiment différent et caractéristique qu'il soit à Paris ou pas. On oublie tout une fois que l'on est sur scène. On est dans notre concert face à notre public et peu importe la ville.

MI. Sur scène vous reprenez un morceau de Lady Gaga, qu'appréciez-vous chez elle ?
Olivier. [Rires] ... Lady Gaga a été surprenante aux oscars. C'est une excellente chanteuse, sa production est top quand on parle production studio et populaire. On peut apprécier ou pas la démarche mercantile, commerciale et démoniaque mais on ne peut pas dénigrer la propreté du rendu. Quand on travaille en studio, on suit beaucoup de grosses productions américaines. On essaye toujours de regarder tout ce qui se passe, c'est vecteur de nouveautés. Cela peut être plein de choses, on peut détester la musique mais reconnaitre la qualité de la production. Pour "Poker Face", on a toujours essayé de faire des nouveautés en live. On a monté ce morceau car à la base on voulait surprendre les gens. On le jouait un petit peu tel quel, on l'avait pas métallisé. On voulait que les gens soient surpris et ensuite on le faisait évoluer vers notre style où ça finissait en symphonique avec des cordes. Ca a bien fonctionné, on a fait une version enregistré qu'on a diffusé pour faire plaisirs aux gens. Notre idée est de ne pas se répéter en live, vu que celui-là a très très bien marché, on l'a fait sur quelques live en rajoutant d'autres choses à côté.

MI. C'est le genre de production que vous aimeriez avoir ?
Alexis. Que l'on aimerait, je ne sais pas. Mais travailler avec ce niveau d'exigence, oui. Par contre se rapprocher de ces sons-là, pas forcément. Il y a sa musique qui marche très bien comme elle est dans son style, on n'a pas grand-chose à juger la dessus. Il y a un niveau d'exigence et de quasi perfection actuel car la perfection évolue dans le temps. Ce qu'elle peut proposer ou ce genre de production comme Rihanna ou d'autres, c'est à chaque fois bluffant.

MI. Quels sont les producteurs avec qui vous aimeriez collaborer et qui vous inspirent ?
Olivier. Qui nous inspire oui mais après ce que l'on aime bien c'est pouvoir faire évoluer le truc entre nous. On veut avoir la liberté d'aller chercher des sons avec un peu d'originalité. On n'envie pas le son de quelqu'un qui peut nous bluffer dans sa puissance ou dans le mix. Mais on n'aurait pas envie, par exemple, d'aller enregistrer au Finvox.
Alexis. Quand tu vas au Finvox, tu t'attends à avoir la qualité et le son Finvox mais si tu ne le recherche pas forcément pourquoi aller là-bas. Nous on est plus dans la recherche.
Olivier. Si on regarde le top du top, c'est aussi pour nous mettre en difficulté quand on travaille sur un master ou un mix. On écoute de l'EVANESCENCE, du MARYLIN MANSON, de l'Electro, plein de choses. Pour cet opus, on s'est fait du WOODKID aussi. A chaque fois c'est juste pour voir comment eux ils gèrent leur son et comment nous on se place par rapport à eux. Ce n'est pas pour les imiter entre MANSON et WOODKID, il y a un monde. C'est juste pour se dire les guitares ça fait penser à ça, la base elle est là.

MI. Vous essayez d'être original !
Alexis. Oui, juste être fidèle à ce que l'on a en tête.

MI. Vous avez repris le morceau "I'm so exited" des POINTERS SISTERS !
Alexis. Oui, l'idée ce n'est pas de créer quelque chose qui va suivre le groupe. C'est juste à un moment de surprendre et de proposer quelque chose de différent. Il se peut qu'on la refasse si on estime que l'on va faire la différence et que ce titre a bien sa place dans un concert ou dans une playlist sur un site internet. On peut le remettre parce qu'on l'assume très bien. Mais là, c'était un plaisir d'aller sur cette espèce de tradition Blues Rock américaine. On voulait voir ce que pouvait donner ce style de musique confronté au Speed symphonique. On a donc essayé.
Olivier. On a une affection particulière pour ce titre parce qu'on le retrouve dans le film Hot Shots.
Alexis. On est énormément fan.

MI. Vous avez débuté en 2001 et vous n'avez que quatre albums à votre actif, j'ai l'impression que vous aimez prendre votre temps !
Olivier. 2001, c'est vraiment la fondation du combo. On a mis du temps à évoluer, on était jeune à l'époque. Nyx Secrets est sorti en 2006. On aime bien ... (ndi : il hésite)
Alexis. Ca va être compliqué.
Olivier. C'est pour cela qu'on prend du temps [Rires] ... Tous nos albums sont assez complexes dans leur production vu qu'à chaque fois, ce sont des concepts. On veut que cela tienne la route du début à la fin. On a la chance d'avoir notre studio et donc on prend notre temps pour que l'opus soit optimum et corresponde à ce que l'on a en tête. On n'aime pas se placer et faire des albums comme ça. Entre chaque cd, si tu regardes bien, on a toujours proposé des petits bonus qu'on balance sur le net pour nos fans.

MI. J'ai remarqué que vous êtes très présent sur Facebook !
Olivier. Oui, on aime bien la proximité avec nos fans. On forme un peu une grande famille. La communauté est vaste et on aime bien les remercier de nous suivre et de partager avec nous. C'est un truc que l'on continuera à faire : balancer des petits cadeaux entre chaque cd.

MI. Est-ce que le nom WILDPATH a une signification particulière ?
Olivier. C'est vieux aussi. Avec Alex, on s'est rencontré lorsque nous étions encore au lycée. A l'époque, on était plus dans le Punk Rock. On avait fondé un petit groupe de Punk Rock mélodique qui correspondait à ce que l'on écoutait à l'époque et qui s'appelait BAD CRUNS. Notre gout évoluant, on s'est tourné petit à petit vers le Metal plus symphonique et on s'est alors dit qu'il fallait que l'on change de nom. WILDPATH, à la base, on trouvait que cela sonnait bien. Il y avait une belle couleur qui correspondait un peu à ce que l'on avait dans la tête. En réfléchissant un peu à ce truc-là, on peut trouver plein de signification qui nous parlait et on l'a gardé pour cette raison. Cela correspond assez bien à notre façon de fonctionner. Il faut un écrin et aussi que ce que tu trouves en dessous soit riche.

MI. Est-ce que Disclosure est l'album qui vous a demandé le plus de travail ?
Alexis. On ne compte pas notre temps en studio et c'est aussi pour cela que ça prend du temps. On attend d'avoir la volonté de faire quelque chose, il faut que chaque opus apporte quelque chose et c'est pour cela que l'on fait des chansons en plus comme "The River" qui pourrait être associé à Underneath. Mais on fait ces morceaux en plus parce que pour nous, ils sont dans la continuité de l'album. C'est un entre deux, on aime faire de la musique et travailler en studio et composer. Quand il y a un opus qui arrive, c'est vraiment qu'il y a une volonté profonde derrière. Je crois que l'on ne compte pas notre temps du tout. Si Disclosure avait demandé un an de plus pour être abouti comme on l'envisageait, je ne pense pas que l'on se serait pressé plus que ça pour le sortir. On s'est fixé des deadlines et on les a dépassées de huit mois ! [Rires] ... En fait, c'est juste pour le principe en se disant que ce serait bien de le sortir parce qu'au niveau du marché, on sait que c'est mieux de le faire. Mais au final, on n'en a rien à secouer et il est fini quand il est fini.

MI. Qu'est qui vous a poussé, cette fois-ci, à vous éloigner de votre style de prédilection ?
Alexis. On écoute beaucoup de trucs en ce moment. Ces dix dernières années, il y a eu un renouveau de la scène Electro qui était assez énorme et comme on s'intéresse à pas mal de scènes, on a constaté ça. C'est arrivé à donner des choses intéressantes qu'on apprécie ou pas. L'Electro, il y avait une volonté de créativité et cela a donné quelque chose qui a été pas mal véhiculé par la Dubstep. Ensuite, tout ça a beaucoup évolué et a depuis repris des racines d'avant Dubstep tout en gardant tout de même cette évolution-là. Il y a plein d'énergie et d'idée que l'on aimait bien. On s'est dit pourquoi pas les utiliser après tout. Si jamais il y a un type de rythmique ou une structure de morceau qui nous plait et qui marche bien alors pourquoi pas l'utilisé. Pourquoi ne pas essayer de s'inspirer aussi de ces deux mondes-là qui peuvent être très différents du Metal et les incorporer dans nos morceaux. C'était une volonté qui était plus fonctionnel. Ce n'était pas une décision où l'on s'est dit : "on veut faire de la fusion donc on va mélanger les deux genres". C'est juste que l'on aimait bien ce style et on avait envie de l'incorporer dans WILDPATH.

MI. Est-ce que c'est un challenge ?
Alexis. C'est un challenge par rapport à la vie du groupe. Cela commence à amener quelque chose. Pour nous, c'est sincère et on a envie de continuer dans cette voie-là. Même si on a jamais conceptualisé tout ça, on le savait depuis toujours. On veut jouer la musique que l'on a envie de faire. Peu importe si c'est du Speed Metal symphonique stricto sensu ou si c'est autre chose. On restera toujours dans le Metal parce que l'on est une formation de Metal et il est hors de question que l'on déclare à nos fans que désormais on fait du musette. C'est juste un manque de respect et on ne le fera pas. Mais ces six musiciens-là qui font du Metal ensemble si à un moment ils ont envie de proposer quelque chose dans cet univers là, ils doivent le faire. On veut avoir la liberté de le faire et je pense que c'est le premier opus qui montre vraiment cela, c'est stressant, c'est une prise de risque !

MI. Est-ce que vous n'avez pas peur de dérouter vos fans ?
Alexis. C'est au-delà de la peur.
Olivier. Oui, on sait qu'il y en a qui ne vont pas apprécier mais on a beaucoup réfléchit à tout ça et la manière dont on réfléchit c'est de se dire que ............... Non Omnis Moriar, Underneath sont toujours là. C'est pareil que lorsque tu apprécies un film comme 2001 Odyssée De L'espace, il est toujours là. Ce n'est pas parce que Kubrick à fait Shining que d'un seul coup, il renie tout ce qu'il a fait dans 2001. On s'est mis à penser comme cela et on a fait une analogie, on a pensé en tant que réalisateur qui propose des films dans le cadre d'un tournage plutôt qu'une équipe qui propose une série ou chaque épisode doit se suivre. Chaque opus pour nous ce n'est pas un nouvel épisode de la série, c'est un nouveau film. C'est comme cela que l'on voit la chose.

MI. Disclosure est un concept album, qu'est-ce qui vous attire dans ce genre d'exercice ?
Olivier. Pour Nyx Secrets, il n'y avait pas vraiment de concept. Il y avait un thème qui recoupait les chansons mais on ne l'a pas pensé en concept album, on était très jeune à l'époque. Pour ce qui est de Non Omnis Moriar, on avait vraiment envie de faire un concept qui raconte quelque chose dans un esprit filmique. Quand tu écoutes l'album du début à la fin, tu as vécu une aventure et c'est ce que l'on aime. C'était un choix, on s'est dit on va essayer de faire un concept. Après dès Underneath, on s'est rendu compte que l'on avait plutôt besoin de ça pour arriver à faire des albums. C'est une façon de réfléchir qui permettait de développer des morceaux d'une certaine manière. Pour Underneath, on a commencé à composer sans trop avoir de concept et on a très vite arrêté. On s'est dit qu'on allait trouver un concept et que ça allait nous aider à composer et pouf d'un coup tout s'est ouvert.
Marjolaine Bernard nous rejoint au cours de l'interview...
Alexis. Pour Underneath, on a commencé à composer sans avoir le concept puis on a très vite arrêté. Et on s'est dit qu'il fallait réfléchir que cela allait nous aider à composer et pouf, tout à coup, tout s'est ouvert. Maintenant, on a fait la même chose pour Disclosure.

MI. Quel est le concept de Disclosure ?
Olivier. En gros le titre résume le concept.
Alexis. C'est une histoire très cachée. A la base, on voulait faire quelque chose dans le monde du théâtre, c'était vraiment l'idée. On voulait que cet univers soit très plein pour l'actrice principale qui était notre héroïne. Ce théâtre, c'était sa vision à elle car pour d'autres c'est juste une espèce d'antre de la folie. C'est l'endroit ou une personne habite un autre personnage et est quelqu'un d'autre, dilemme des textes qui n'ont pas de sens. Tu prends des personnages imaginaires dans des lieux imaginaires. Le théâtre quand on y pense c'est quelque chose qui se rapproche assez de la folie, on imagine tellement de chose en regardant une pièce. Tu as un morceau de carton face à toi et on te dit que c'est un château, oh ça va pas bien là ! [Rires] ... On s'est dit pourquoi pas développer un truc la dessus. Il y a une héroïne qui va croire en cet imaginaire qu'elle peut développer et tous ceux autour d'elle qui vont se demander ce qu'elle fait [Rires] ... Ils vont vouloir l'aider en lui disant qu'elle se pourrit la vie, essayez de parler à des personnages imaginaires... Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est cette incompréhension des deux mondes qui est intéressante et où se place la limite entre la folie et l'extrême créativité. C'est ce genre de choses qui nous intéressaient.

MI. Marjolaine, c'est toi qui interprète ce personnage. Comment te sens-tu par rapport à ce thème ?
Marjolaine Bernard. C'est intéressant, cela permet d'explorer plein de choses au niveau vocal sur l'interprétation. Cela permet de se lâcher.

MI. Est-ce que pour être artiste, il ne faut justement pas une dose de folie ?
Alexis. Je pense que la définition de la folie est à la base un petit peu biaisé et on est défini fou par rapport à un état de normes. C'est les anormaux qui rentrent dans cette folie. Je pense que l'artiste doit se poser à l'écart de cette norme, il doit la critiquer, il doit l'interroger et amener les gens à l'interroger. Je pense que c'est un des messages qu'un artiste doit réussir à faire passer que ce soit sentimentalement, culturellement ou n'importe comment. Oui, il y un écart par rapport à la norme qui doit être posé pour interroger la norme. Dans ce sens-là oui, après je ne sais pas si il faut aller jusqu'à dire que c'est de la folie.

MI. Quelle est votre définition de la folie ?
Olivier. La folie, c'est l'absence de doute. Une fois que l'on se met à ne plus douter du monde qui nous entoure, on est fou. Même si nous, dans notre société, on se dit que c'est un état de fait et qu'on ne peut pas le remettre en question. On ne doute plus et cela devient de la folie. C'est la définition la plus simple que l'on puisse trouver. Quand quelqu'un à des voix dans sa tête et qu'il ne les interroge pas, qu'il n'en doute pas on le considère comme fou. Donc à partir du moment où nous on interroge ce qui se passe et qu'on ne doute pas de notre volonté de le faire, on est fou mais en même temps on essaye de faire douter la norme donc on est contre la folie.

MI. C'est un opus sur la différence au final ?
Alexis. Clairement. Il y a toute une recherche des productivités d'efficacité de vie, dors, bouffe, travail etc. qui va dans notre monde et notre société et cela c'est quelque chose qu'il est bon d'interroger une fois de tant en tant. C'est en quoi quelqu'un qui a l'air de vivre plus librement que quelqu'un qui va au boulot tous les matins a le plus raison. C'est intéressant de s'interroger la dessus.

MI. Penses-tu que notre monde actuel est moins tolérant qu'auparavant ?
Alexis. Je ne pense pas mais j'ai peut-être un avis un petit peu arrêté sur la question. [Rires] ... J'ai des avis un peu tranché sur ce genre de choses. Je pense que l'on aime bien se dire que l'on est une génération qui vit un moment où il se passe des choses. Mais je crois qu'il s'est toujours passé plus ou moins quelque chose et on peut les retrouver assez facilement. J'ai une citation en tête : un prêtre disait que plus rien n'allait et que la jeunesse n'écoutait plus les adultes et qu'ils n'avaient plus de respect envers leur ainés, en fait c'était un prêtre égyptien qui a vécu en l'an 800 avant Jésus Christ. Cela fait trois milles ans que notre jeunesse ne nous écoute pas, c'est un état de fait. Aujourd'hui, ce n'est pas pire qu'avant. J'ai tendance à penser que non, on continue à s'interroger, à se mettre en défaut mais ce n'est pas nouveau. On le fait d'une autre manière mais on le fait toujours.

MI. Vous sentez-vous rebelle en tant que musicien ?
Olivier. Pas dans le mauvais sens du terme en tout cas. Le mythe de l'artiste qui vit en dehors de la société me parait très sexy, je m'en fou un peu. Mais par contre d'avoir le loisir de réfléchir à tout ce que l'on trouve dans cet album. Dans un sens être un peu rebelle, c'est hyper important en tant qu'artiste.

MI. Vous venez de tourner un clip pour le single "Petrichor"...
Alexis. Oui, on l'a tourné dans trois châteaux différents. Pour le premier, on s'est dit qu'on n'avait pas assez de plan pour faire un truc assez dynamique mais comme on ne pouvait plus y avoir accès, on en a trouvé un autre. Ensuite, on a eu des problèmes parce qu'on tournait dans des châteaux abandonnés et avoir une autorisation de tournage, c'est toujours un peu borderline. Donc on a dû en trouver un troisième. Mais c'était intéressant de travailler comme cela. On a collaboré avec Allume Prod c'est un duo de réalisateurs, producteur et techniciens. Ils font un peu tout et ils travaillent très très bien, on est vraiment ravi de bosser avec eux. Ils comprennent bien ce que l'on veut faire et ils ont eu même leurs idées, ils nous proposent plein de choses. C'est très bien. On a travaillé avec toute une équipe de personne qu'on estime que ce soit des bénévoles ou des gens qui sont venus nous donner un coup de main contre une légère rémunération. A chaque fois, cela s'est bien passé. On s'entendait parfaitement, on s'est entouré de gens que l'on a apprécié et le tournage reste un très bon souvenir. On a travaillé avec une actrice, Magdalena Corpas, qui a été bluffante. On l'a découverte sur le tournage et elle était à fond.

MI. Quel thème développez-vous sur ce morceau ?
Alexis. En fait, "Petrichor" définit l'odeur de la terre après la pluie. Lorsque la terre sèche après la pluie il y a une odeur très particulière qui s'en échappe. On voulait toucher à cette madeleine de Proust mais à travers quelque chose qui avait été asséché et ensuite qui revit. Notre idée était de passer par l'odorat et de faire référence à ce mot là. C'était intéressant de travailler sur ce sujet. C'est assez symbolique et particulièrement la madeleine de Proust qui est symbolique par définition. En fait, tout le clip travaille à mort sur les symboles, l'esthétique noir et blanc. Ca nous a permis de nous concentrer sur la construction des images, sur ce qu'elles expriment via leur forme, leur symbole, leur utilisation. Je ne sais pas si on a essayé d'aller vers du film d'horreur ou ce genre de chose.

MI. Il y a une ambiance assez angoissante ?
Olivier. Oui, l'histoire est assez angoissante car le personnage angoisse à ce moment-là donc il fallait qu'on fasse en sorte qu'on le ressente là.

MI. La pochette me fait penser à l'immeuble de Biff Tanen dans Retour vers le futur II, WILDPATH veut dominer le monde ?
Alexis. Oui, il y a un peu de ça. On voulait l'ossature. Si les montagnes paraissent si petites à coté de cette immense cité sur la pochette c'est pour symboliser l'homme qui essaye de tout dépasser, d'être au-dessus de son environnement. Je pense que oui avec ces immeubles là on y pense mais on nous a aussi parlé de Metropolis. C'est cette matrice qui dépasse tout et ça le fait clairement.

MI. C'est le symbole que vous vouliez imposer ?
Alexis. Oui montrer un petit personnage qui n'est plus dans son environnement. C'est en petit sur la pochette mais c'est présent. Il s'affronte à cette immensité, cette espèce d'idée de pureté très droite. C'est intéressant de vouloir savoir qui est la vrai idée de la pureté, de la vertu ou de la vérité et confronter les deux personnages du concept. C'est une ville entière immense qui essaye de tout dépasser et qui se croit tellement droite qu'elle a forcément raison et il y a la personne qu'on considère comme folle. La question est : est-ce que cela ne serait pas plus elle ? C'est intéressant d'avoir les deux rapports de force qui se balaient alors qu'ils ne devraient pas.

MI. Sur les photos promo, on vous voit en costume à la campagne. Vous aviez envie de changer d'image ?
Olivier. On a beaucoup réfléchit à notre esthétique et à la manière dont on allait promouvoir la musique de Disclosure. On cherchait comment on allait incarner esthétiquement cet album. On s'est dit qu'on allait faire référence à l'art déco sans tomber dans le Gativi. On avait cette idée ou la forme dirige l'esthétique. La forme simple c'est quelque chose qui nous a plu et qui nous a tenté car on savait que l'on pouvait développer plein de choses. Si à un moment on retournait vers quelque chose d'un peu plus fantastique, ça pourrait coller aussi tout en se dirigeant vers du plus moderne. On s'est offert cette polyvalence à travers ça et je pense que la photo du combo a aussi été pensée comme cela. C'est quelque chose de très ouvert, c'est ce que l'on a envie de montrer. L'opus est ce qu'il est dans son univers mais nous on a aussi envie de montrer que l'on est prêt à surprendre.

MI. Est-ce pour cela que vous vous êtes adressé à la société styliste Le Paon ?
Marjolaine. Oui, c'est une de mes élèves qui se lance et qui m'a proposé de créer des vêtements sur mesure pour la scène. On est ravi de travailler avec elle. C'est une nouvelle marque qui débute tout juste et elle crée tout. Du coup notre univers lui a plu et elle a eu envie de travailler avec notre bleu, nos couleurs et y mettre sa touche personnelle.

MI. C'est pas mal d'avoir sa propre styliste ! [Rires] ...
Marjolaine. C'est merveilleux ! [Rires] ... Elle est talentueuse, on a vraiment de la chance.

MI. Comment travaillez-vous ensemble ?
Marjolaine. On collabore ensemble d'abord oralement sur les envies de chacun. Ensuite, elle fait des dessins qu'elle nous propose et là on commence à avoir une idée puis on retravaille ensemble. Enfin, elle s'occupe de toute la réalisation.

MI. Vous allez avoir un nouveau look de scène ?
Marjolaine. Un petit peu, on a déjà commencé sur le concert au Divan du Monde. On a porté sa première création faite pour nous et ça a un peu évolué comparé aux costumes d'avant.

MI. Comment s'est déroulée la release party du 12 décembre dernier ?
Olivier. Très bien, le Docteur Feelgood est un bar très chaleureux. Le principe d'une release party, c'est vraiment de rencontrer les gens et là, clairement, on a pu en profiter pleinement.

MI. Est-ce important pour vous de connaitre l'avis du public ?
Olivier. Oui même celui des médias. On est friand des critiques qu'elles soient positives ou négatives. C'est quelque chose que l'on prend. On recherche toujours la critique constructive. Mais pour nous c'est aussi intéressant de savoir que quelqu'un trouvait que c'était de la merde ! [Rires] ... On trouve ça passionnant parce qu'on sait que Disclosure va provoquer cela. Dans notre carrière, jusqu'ici, on a appris que le public avait toujours raison. L'artiste peut dire non, ils n'ont pas compris ma musique etc. Non, c'est toi qui n'a pas compris que tu t'exprimais pour quelqu'un. Pour nous, c'est une évidence : le public a toujours raison, c'est très important. Si à un moment donné, sans autre forme de procès, il pense que c'est nul à chier alors il faut savoir accepter cela et se demander pourquoi il pense cela ! Qu'est ce qui passe ? Qu'est ce qui ne t'a pas plus ? C'est à nous d'aller chercher le coté constructiviste de sa critique.

MI. Est-ce qu'il y a une scission au niveau des critiques ?
Olivier. Ca on s'y attendait un peu. Mais on n'aime pas se répéter en fait. Pour ce disque, on s'est rassemblé et on s'est demandé ce que l'on avait envie de faire. On était tous d'accord à faire cela et on voulait envoyer grave. C'était un fait, cela allait se passer comme ça. Mais on se doutait bien du coup que les fans pur et dur de Speed sympho qui ont adoré Underneath et Non Omnis Moriar et qui s'attendaient à un Underneath II, vont peut-être couiner un peu ! [Rires] ... C'est pour cela que l'on a balancé des petites previews alors qu'on était encore en plein travail sur les morceaux, on voulait tester le terrain. Ça n'a pas manqué côté réactions. Là, cela fait quelques temps que les gens commencent à se faire à l'album et j'ai l'impression que cela se relativise un petit peu au niveau des réactions. Finalement, il y a beaucoup plus de gens qui l'on trouvé vachement bien et qui défendent la galette.

MI. Quand on feuillette le livret intérieur, on remarque des dessins très inspirés par les pochettes progressives des années 70 !
Olivier. C'est surtout la démarche qu'il y avait à cette époque qui était très intéressante. Les mecs essayaient de trouver quelque chose d'original que personne n'avait jamais entendu et ça c'est un truc qui nous plait vachement. C'est un peu aussi notre démarche. Dans le Metal, on a très vite fait de se faire happer par le courant et de faire toujours la même chose.

MI. Les graphismes sont très beaux !
Olivier. Le visuel est toujours important. C'est Alexis qui se charge de cela pour les albums. Et il a été toujours important de développer cette démarche filmique à laquelle on tient. On veut que tout soit cohérent et que les images puissent aider la musique et inversement et que cela permette de rentrer dans l'univers le plus possible. Il faut que cela permette aux gens de vivre vraiment une aventure complète. Alexis a beaucoup travaillé sur ce truc là pour que le visuel ait aussi un gros impact.

MI. Pour conclure, qu'avez-vous à rajouter qui vous parait important ?
Olivier. Déjà, j'espère que plein de gens vont écouter Disclosure et vont venir nous en parler et qu'ils nous rejoignent sur les réseaux sociaux. On attend que ça de savoir ce que les gens en pensent. On est très content de cet album. On se doutait un peu qu'il allait bien fonctionner en live et que les morceaux étaient taillés pour la scène. Maintenant, on a envie de les faire vivre un peu et de les partager avec tout le monde sur scène. On espère déjà que cela va toucher les gens, c'est vraiment ce que l'on recherche. On espère qu'il va vivre dans le temps avec le public dans les mois qui viennent.

MI. Merci à tous les trois !
Olivier. Merci.
Alexis. Merci.
Marjolaine. Merci.


Ajouté :  Mercredi 29 Avril 2015
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
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