THE HARDKISS (ua) - Cold Altair (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 9 décembre 2015
Pays : Ukraine
Genre : Electronic Pop Alternative
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 31 Mins
Image vs Musique.
Le débat est vaste et d'importance. Il est une fois de plus d'actualité aujourd'hui, puisque je viens vous entretenir d'une délicate perle exotique venue d'Ukraine, et qui à priori, n'a rien à faire dans ces colonnes.
Progressive Pop, c'est ainsi que les ukrainiens de THE HARDKISS se définissent, se targuant à chaque concert de trouver une nouvelle approche visuelle, tout en travaillant le son d'une façon novatrice qu'ils souhaitent optimale.
Alors Pop Progressive, ça a de quoi vous effrayer, je le consens. Pourtant, si cette appellation n'est pas forcément mensongère, je me dois de la nuancer de plusieurs manières, et sur plusieurs points.
D'une parce que le terme Electro Pop évolutive leur siérait beaucoup mieux. De deux, parce que malgré une atmosphère générale très mélodique et synthétique, THE HARDKISS n'usurpe pas le "Hard" mentionné dans son patronyme et fait preuve d'une belle énergie qui se matérialise en puissance musicale que beaucoup de combos clairement estampillé "Metal" pourraient leur envier. Et si l'on retrouve le groupe nominé dans les cinq meilleurs groupes de Rock de son propre pays aux Yuna-Music Awards de 2016, ça n'est pas par hasard...
Formé en 2011 en tant que duo/collaboration entre la chanteuse Julia Sanina et Valery "Val" Bebko (guitariste et producteur de renom), THE HARDKISS a vite trouvé une façon originale d'exposer ses envies musicales au travers d'un médium très original, se posant sur des bases autant visuelles qu'artistiques. Au départ interprétées en Russe, leurs chansons dévient vite vers la langue anglaise pour une facilité d'exportation, et de duo, l'entité devient quintette, regroupant aujourd'hui outre Julia et Val, Kreechy (batterie), Vitaly (claviers) et Roman (guitare).
En partageant les scènes nationales avec des pointures internationales, THE HARDKISS gagne vite ses galons, et se lance dans l'écriture d'un premier album, sorti l'année dernière et intitulé "Stones And Honey", appellation qui colle vraiment à leur approche douce amère, subtil mélange de Rock synthétique et de Pop caressante. Pour enfoncer le clou et faire fructifier leur exposition s'élargissant, les ukrainiens reviennent donc fin 2015 avec un EP disponible sur les plateformes de téléchargement, Cold Altair, qui poursuit les travaux entrepris depuis leurs débuts.
Je l'avoue, au départ, j'étais assez réticent. Je m'attendais plus ou moins à une version "Eurovision" d'un concept Electro Pop faisandé, mais après quelques morceaux, l'évidence prenait forme, THE HARDKISS était unique en son genre, et surtout, un sacré bon groupe mélangeant les influences avec brio, et sans honte aucune. Pourtant, l'affaire commençait mal avec le single phare de cet EP, "Tony, Talk!". Beat électro plombé, absence totale de guitare, tout ça sentait l'affaire de dancefloor et n'avait rien à faire ici. Comme une version un peu décalée d'une union entre EVANESCENCE et LADY GAGA, sans aucune affiliation avec le Hard Rock, je sentais la fausse piste, l'erreur de jugement.
Je pensais être bêtement aveuglé par la beauté époustouflante de Julia, faisant de fait abstraction de mes préoccupations principales, et puis je me suis concentré sur sa voix, fabuleuse dans ses variations, caressante, profonde, et puis les arrangements, la mélodie un peu slave ont fini par avoir raison de mes réticences, et la suite m'a clairement donné raison.
Cold Altair a pourtant à priori des allures de Nemesis dans mon cas. Et c'est bien ce qui en fait une pièce à part, puisque même mes aversions profondes n'ont pas résisté à ses six morceaux d'une haute teneur originale (les deux derniers ne sont que de simples remixes du single), fondant l'énergie du Rock dans la douceur de la Pop électronique, sans pour autant tomber dans la facilité.
Et plus vous allez avancer à tâtons dans ce nouvel effort, plus vous serez séduit par ce mélange de vocalises oniriques profondes et de textures musicales riches qui ne se contentent pas d'affleurer la surface de quelques gimmicks sans intérêt.
THE HARDKISS est un très bon groupe, point final. Peu importe dans quelle catégorie vous allez les ranger ou les placer avec dédain, ils assurent, et sont tout sauf un concept band tout juste bon à changer de tenue de scène entre leurs morceaux.
Ils peuvent vous faire danser tout en chantant à tue-tête ("Doctor Thomases"), évoquant Tori Amos un instant avant de se laisser aller au beat plombé de Lady Gaga, sans pour autant lâcher un pouce de terrain sur les mélodies accrocheuses et captivantes.
Ces mélodies d'ailleurs trouvent leur écrin sur "Shadows of Light", drôle d'acoustique soutenu par une grosse caisse sobre qui marque le tempo, pendant que la voix sublime de Julia se lance dans une quasi aria improbable qui vous touche en plein coeur.
Cette démarche est d'ailleurs accentuée et portée à son paroxysme par "Altair", extraordinaire duo piano/voix, à l'harmonie totalement irréelle, et une fois de plus on pense à une version intimiste des premiers morceaux de Tori Amos pour cette façon tendue de travailler des harmonies épurées à l'extrême, laissant la puissance du piano envahir l'espace et se marier à la voix dans un ballet flou et pourtant limpide.
Mais ce groupe est décidemment très intelligent, puisqu'il ferme sa propre parenthèse sur un titre qui dépote, et qui s'amuse à unir une rythmique Electro Metal dansante à une guitare qui part soudain en solo, comme pour ne se fermer aucune issue. Un peu SPINESHANK/KILL II THIS dans l'esprit, mais sans perdre de vue le Groove, strié de percussions tribales sobrement soutenues par quelques samples vocaux discrets, cette clôture se veut plus EBM que nature, et apporte une plus value gigantesque à la variété de ton d'un EP décidemment très riche. Je terminerai d'ailleurs ici l'analyse, en vous laissant libre d'écouter les deux remixes du single... ou pas.
En tout cas, Cold Altair, malgré sa brièveté, enfonce le clou déjà bien planté par "Stones And Honey", et permet à THE HARDKISS de consolider sa position de groupe à suivre absolument, quel que soit votre horizon musical.
Il n'est d'ailleurs ici question que de musique, pas de style, ni de créneau.
Et de beauté aussi, de puissance, de grandiloquence pourquoi pas, mais aussi de sincérité et d'intimisme. Et lorsque l'image et la musique sont en parfaite adéquation, ça donne un résultat bluffant. Hard Rock ou pas.
Ajouté : Samedi 19 Décembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Hardkiss Website Hits: 5936
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