POWER (usa) - Heavy Muscle (2015)
Label : 12 Gauge Records
Sortie du Scud : 10 juillet 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Punk Hardcore
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 14 Mins
Ca faisait bien longtemps que je ne m'étais pas envoyé une bonne rasade de VRAI Punk Hardcore, bien couillu, et surtout, bien Rock N'Roll ! Et ça fait un bien fou ! Car de nos jours, nombre de groupes ont tendance à oublier les racines du genre, et à un peu trop métalliser leur approche. Mais ce soir, pas de tromperie, pas de voie biaisée, les POWER méritent amplement leur nom, et se rapprochent des maîtres, avec en cerise sur le gâteau, un sérieux coup de fouet BLACK FLAG à leur musique.
Ce quartette nous vient de Bremerton, Washington, et diffuse l'évangile selon Saint Core depuis 2011. Ils ont déjà lancé sur le marché pas mal de bonnes choses, dont un EP tonitruant en 2011, Death Haunts, et un longue durée tout aussi explosif deux ans plus tard, Bremerton Zoo.
Heavy Muscle est leur dernier simple, qui case tout de même six morceaux, le tout en un peu moins d'un quart d'heure. Mais quel quart d'heure !! Loin du concept 60's d'Andy W. ces quinze minutes là valent sérieusement le coup, et nous ramènent derechef au début des années 80, lorsque les FLAG, MINOR THREAT et autres YOUTH BRIGADE faisaient trembler les scènes locales.
Soyons un peu précis et oublions la mesure, POWER nous ramène aux grandes heures du CBGB's, des pits qui sentaient bon la sueur et les coups de poing, des slogans à l'emporte pièce, et de la rage qui explosait tous les soirs de la sainte semaine. Leur Hardcore est velu, frappe fort et vite, ne s'embarrasse pas de principes, mais développe une saine énergie Rock N'Core de premier plan, comme je n'en avais pas entendu depuis très longtemps.
Pour ça, la méthode est simple. Six titres sous la barre des trois minutes, des riffs qui taillent dans le gras, une instantanéité qui fait plaisir à entendre, et surtout, de l'envie, du courage et de la hargne dans les harangues. Une production bien épaisse mais qui laisse les instruments respirer, une basse qui tonne et qui claque comme une grosse baffe dans la tronche, une batterie solide qui ne rechigne pas à partir dans des breaks inspirés, et surtout un chanteur qui gueule, avec une voix virile, des intonations rageuses, qui portent des textes revanchards et revendicatifs fort bien troussés.
C'est simple, Evan, Benn, Griffin et Ricky ont tout compris, tout assimilé, et le régurgitent dans la langue d'origine, en l'adaptant à leur lexique moderne. Loin d'être un monolithe inamovible sur ses bases, ce nouveau simple explore plusieurs pistes, tout en restant solide de bout en bout. Que le choix verse dans la violence crue et l'up tempo échevelée ou le Core bien Rock qui exsude les riffs 70's bien rouillés, POWER mérite son nom à chaque instant et fait montre d'une gnaque qui fait plaisir à entendre. D'ailleurs tout commence par un morceau direct et cru, dans la plus grande tradition du BLACK FLAG le plus "gardien du temple", et "Suck It" invoque pour quelques instants l'esprit initial de Damaged ou My War. Groove pataud et gluant, voix qui s'écorche dès les premières secondes, et guitare qui lâche un riff digne du MOTORHEAD le plus chaloupé. La basse quant à elle rebondit sur les murs, brille, grouille, et polit les peaux de la batterie avec un clinquant qui tonne. N'oublions pas les "Ho, Baby" du chanteur qui en rajoute à mort, et l'affaire est déjà entendue !
Mais "Cageless" revient vite vers des horizons plus sombres et contemporains et laisse la guitare peser dans la balance avec ses plaqués ombrageux et sa fausse mélodie amère. "Life Of Spite" ne fait pas semblant d'être méchant, et trépigne d'un mid tempo lourd et oppressant, empesé par un riff noir comme le manque d'espoir. Evan vomit littéralement son message, et le break central accentue encore plus la moiteur dans laquelle on baigne.
"Slow Train Coming" n'hésite pas à enfoncer le clou, et flirte même avec le downtempo, tout en gardant ces sonorités profondément enracinés dans les délires Rock et Core d'il y a trente ans. Et puis soudain, "Shepherds And Sheeps" lâche l'affaire BLACK FLAG et s'envole sur une rythmique véloce, avant de s'écraser sur un rebond imprévu et de revenir vers un Heavy Core hyper prenant.
Ne reste plus qu'à "When It's Time" de refermer la porte de la salle, et d'une façon plutôt surprenante. Samples, arythmie, guitare sinueuse et sournoise, avant que le Hardcore ne reprenne ses droits, à la AGNOSTIC FRONT cette fois, dans une dernière gerbe de haine qui n'a plus rien de contenue... Et puis comme à la parade, la machine accélère, et nous laisse exsangue, KO pour le compte.
POWER, Heavy Muscle. Rarement un groupe n'aura été aussi à la hauteur de ses démoninations. Mais je le répète, c'est du Hardcore pur jus, comme on en faisait il y a trente ans, avec la production de 2015 qui accentue encore plus l'agression.
Maintenant, vous savez, alors plus d'échappatoire, vous écoutez, vous en prenez plein les oreilles, ça dure un quart d'heure, et franchement, c'est vraiment trop court. Vivement un nouvel album !!!
Ajouté : Dimanche 13 Décembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Power Website Hits: 5248
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