Voilà un livre qui ne trouve que difficilement sa place dans les pages de Metal Impact. En effet, APOCALYPSE CULTURE ne contient pas une seule allusion à notre musique chérie, ni aux gothiques ou à leur culture.
Pourtant « Camion Noir » est connu de la plupart d'entre vous, en tant que maison d'édition résistante qui reste une des seules à publier encore des écrits sur le satanisme, le Black Metal, les tueurs en série... en bref tout ce qui dérange le terrien moyen.
Ainsi le livre s'inscrit-il dans la ligne éditoriale de la célèbre maison. La quatrième de couverture ne m'apprend pas grand chose. On parle des 2000 ans écoulés depuis l'avènement du Christ, de la dépravation de notre société et de la crise sociologique qu'elle traverse... bref, je ne sais toujours pas ce que je vais lire.
Les préfaces de l'éditeur et de l'auteur me laisse une même impression vague qui ne m'en apprend pas beaucoup plus : le livre se présente comme une anthologie de textes sur les dérives de notre monde, sur les comportements les plus fous, les théories les plus fumantes et les personnages les plus étranges. Soit... A ce point, je ne sais absolument pas quel est le fil conducteur de ce recueil : veut-il étaler aux yeux de petits humains horrifiés les pires dépravations de notre société, tel un spectacle de monstres de foire ? Ou au contraire défend-il les plus grands illuminés de notre planète, du genre : « Oui rebellons-nous! Ecoutons du Rock et crachons parterre! »
L'ouvrage se découpe en deux parties : « Théologie de l'Apocalypse », et « La guerre invisible ». Mouais...
Je démarre ma lecture et enchaîne les premiers textes : présentation de la lycanthropie moderne (ou l'on découvre comment devenir loup-garou, ou encore quelques relevés comportementaux sur des personnes élevées par des loups), interview d'une nécrophile, paroles satanistes, entretien avec l'éditeur d'un fanzine sur le « mass murder »... Autant de personnages bizarres, des « déchets » de la société qui se plaisent et revendiquent leur passion, leur attirance pour des comportements, des idées apparemment incompatibles avec la société que l'humanité a construite au fil des millénaires. Le style est très variable : interviews très directs, compilation d'extraits d'auteurs, biographies, pamphlets philosophiques incompréhensibles pour qui n'a pas eu sa licence de philo (en exemple le très bon et très tordu « Contre l'art » de John Zerzan)... Il est vraiment difficile de s'y retrouver et de lire en continu un ouvrage tellement mélangé, sur des sujets si différents. On enchaîne allègrement les exploits des artistes de performances des années 70, les théories conspirationnistes et les scientifiques géniaux oubliés de (ou vraisemblablement détruits par) l'histoire.
Pour donner une idée du contenu de ce livre, je vais tâcher de résumer maladroitement quelques-uns des sujets présentés ici. Les « performances » dont j'ai parlé plus haut par exemple. Dans les années 70 ont sévi des artistes pour qui tout ey spécialement des mises en scène d'eux-mêmes pouvait devenir oeuvre d'art. Par exemple un de ceux-là a vécu dans une cage en verre, à la vue des visiteurs. Un autre mangeait ses excréments, les vomissaient, recommençait. Dans un autre style, il y a le Fakir Musafar, qui pratiquait une sorte d'auto-torture. Par le recherche d'expériences inédites, il se transperçait le corps, mettait des liens, des ceintures et chaînes un peut partout. Si certains d'entre vous on vu « Hellraiser », le plaisir dans la torture, c'est son pendant réel.
A côté du très Trash, on trouve quelques écrits sur les religions : sectes d'illuminées de Dieu, morceaux choisis de livres sacrés, personnages qui veulent s'incarner comme des dieux vivants.
Il y a une place non négligeable aux complots également : génocide des noirs aux USA, sociétés secrètes, sionisme, et aux inventeurs maudits, aux antiscience et secrets scientifiques en tout genre.
Il serait trop long et trop douloureux de faire l'inventaire de tout ce qu'on peut trouver dans ce recueil. Quoiqu'il en soit, on trouve certainement ici un condensé des déviances les plus sérieuses observés à ce jour. Loin de poser la question de légalité, ou d'ouverture d'esprit, les propos de ce livre ébranlent les fondements de notre conscience, de notre moralité. Comment l'homme a pu en venir à toutes ces choses? Au fur et à mesure de la lecture, on peut se demander ou est la réalité, qu'est ce qui est naturel à l'homme, et si il n'y a pas des choses qui nous révulsent car simplement ancrées dans un inconscient collectif.
La lecture de cet ouvrage est pour le moins dérangeante. Un nombre incalculable de faits y sont retranscrits, ainsi que des prises de position, mais à aucun moment les mots ne sont mis en lumière à la façon d'un reportage de M6 sur le Metal : pas de phrases toute faites, ni mélodrame ou mystification. Faits et idées apparaissent de manière brutes, condensées, et leur lecture en laissera plus d'un sur le carreau : cette tâche est enrichissante pour l'esprit ouvert, tolérant, mais peut être totalement inutile ou violemment destructrice pour les pragmatiques et les fanatiques.
Personnellement, certains passages m'ont littéralement captivé, par la présentation très simple de faits impensables, par l'interview de personnes très logiques dans leur propos, instruites, et qui pourtant agissent comme des « fous-furieux » (A ce titre, l'interview de la nécrophile est saisissante). On est bien loin de la censure du dernier clip de BEHEMOTH par Youtube. Ici, rien n'est trop horrible, trop fou, trop inimaginable pour être montré, revendiqué, le livre se fait fort de franchir toutes les barrières que l'on peut trouver, en l'autre ou en nous même. Mais sur la longueur, c'est une lecture épuisante, qui met à mal le petit carcan de notre cerveau, et qui parfois s'embrouille dans des articles sans queue ni tête, ou bien absolument pas vulgarisés pour un lecteur non-sachant.
Si vous chercher un livre complètement délirant, qui ne ressemble à rien de ce qui a pu être publié auparavant, voilà votre livre de chevet!