THE PRODIGY (uk) - The Day Is My Enemy (2015)
Label : Take Me To The Hospital
Sortie du Scud : 30 mars 2015
Pays : Angleterre
Genre : Hardcore Breakbeat
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 60 Mins
Entre The Prodigy Experience et The Day Is My Enemy, vingt trois ans se sont écoulés. Entre temps, beaucoup de choses se sont passées...
Les 90's, la fête lysergique et acide s'est fracassée sur la réalité des années 2000, qui elles mêmes ont été synonyme d'un faux renouveau Rock que nous attendons encore. La décade 2010 semble privilégier un certain retour aux sources, mais rien n'est moins sûr. Alors, quelle option ? La chasse à la nouveauté à tout prix, pour retrouver le frisson des 80's, lorsque tout semblait encore possible ? Les débuts de la House, le Dubstep, Skrillex et sa coiffure à la con, ou un mix d'Italo-dance et de Hardcore ?
Les gars, pas la peine de vous affoler, il semblerait que les héros d'antan soient morts et ne tiennent qu'à grands coups de perfusion live, apathiques, nostalgiques, capitalisant sur l'aura d'il y a quarante ans, histoire de remplir les caisses...
Je veux dire, à quoi bon ? La musique est elle encore dangereuse en 2015 ? Parce qu'au delà des douze mesures et des déhanchements initiaux de 56/58, c'était ça l'essence de la rébellion... Envoyer chier les adultes, les politiques, les moralisateurs à grands coups de bassin et de slogans lapidaires. Ecrire des trucs instantanés, des formules à l'emporte pièce qui ne voulaient rien dire d'autre que :
"Allez vous faire foutre, je suis libre ET sauvage".
Mais reste il des sauvages dans le paysage musical mondial ? Des vrais, sans concession ni arrière pensée ? Dans le Rock traditionnel, c'est possible, mais ils restent cachés, tapis dans des home studios, et tentent parfois le live, sans grand succès. Dans les 90's, pour contrecarrer la morosité ambiante de la scène assimilée Seattle, Madchester avait frappé un grand coup, et proposait le dancefloor sous pilules comme alternative. Danser, se vider la tête et se l'éclater comme seuls leitmotivs, et ça semblait fonctionner. Mais une fois devant la console, les choses se gâtaient. Abus de psychotropes, caprices de diva défoncée, ça ne collait plus.
Et pourtant, en 2015, pour faire chier les Rockeurs/poseurs, il ne reste qu'eux, les fondus d'électronique, les bidouilleurs de sons, les maniaques du sample et les drogués du Breakbeat. Non pas Skrillex, le Dub, c'est une blague pour ados. Le vrai Hardcore synthétique, celui qui emprunte et déforme, qui gueule dans les micros comme Hanin Elias le faisait du temps d'ATR. Fuck the fascists, fuck the norm. Et oui, pour info, on peut fracasser le monde du Rock sur celui de l'Electronique, et ça fonctionne encore, mieux que jamais même. Et c'est The Day Is My Enemy qui le démontre, en faisant du bruit, beaucoup...
THE PRODIGY et le public Rock, est sans doute la plus belle et la plus pourrie histoire de désamour qu'on a pu connaître. Honnis (pas des musiciens, putain de DJ's !!!), vilipendés (voleurs de sons !!!), et pourtant, toujours là, des décennies après leurs débuts pur Housebreak, et toujours aussi déterminés, Liam, Maxim et Keith.
"Violent is the word that keeps coming up"
Et il a raison le con. On pourrait en douter, mais aussi abouti fut il en son temps, même The Fat Of The Land ne tient pas le jus en termes d'agression face à ce petit dernier, déjà énorme.
Enorme par la quantité, car Liam n'a pas hésité. Il a comblé ces six années d'absence à ras le bocal, et balance quinze morceaux, tous aussi puissants.
Après coup et la déroute Invaders Must Die, le très décrié Always Outnumbered, Never Outgunned était finalement devenu une sorte de référence à posteriori, même si incapable de rivaliser avec ses grands frères. Pour The Day Is My Enemy, LH a sorti le grand jeu, le feu d'artifices Big Beat et multiplie les harangues, implique ses danseurs dans la composition, sans qu'on sache si cela a eu un impact notable sur le résultat. Mais peu importe, ça témoigne au moins d'un changement, d'un truc qu'il a osé faire. Keith pose ses sales pattes sur "Nasty", "Rok-Weiler", et "Wall Of Death", soit un truc plutôt trad', un glaviot bien épais, et un crochet du droit bien bourrin, avec toujours ces textes crétins qu'on adore, "You're not ready to visualize, I'm not here to be sterilized, follow me to the wall of death!".
Faut pas chercher, c'est sur le moment, et ça cogne comme un loop d'infra basse qui se fracasse sur un Beat qui prend toute la place.
Maxim lui, s'incruste sur trois pistes de suite, "Roadblox", "Get Your Fight On" et "Medicine", en gros, un méchant mélange entre le PRODIGY et APHEX TWIN, un machin presque digne des CHEMICAL BROTHERS en version street fighter, mais gros bloc dans la face, et puis un truc plus facile d'accès, presque Pop, comme s'il fallait limiter la casse, mais qui rappelle méchamment The Fat.
Quinze titres (quatorze dans la version vinyle/CD, un bonus pour les maniaques d'iTunes), Liam ne s'est pas foutu de notre gueule. Pour autant, tout est il BON ? Voire excellent ? Parce que quand on s'appelle THE PRODIGY, la tiédeur, c'est même pas la peine d'y penser...
L'excellence pointe le bout de son nez plus d'une fois, rassurez vous. Pour beaucoup, le hold-up reste "Ibiza", en collab' avec les Sleaford Mods, le duo strange de Post Punk/Hip Hop de Nottingham. Les deux s'amusent beaucoup à beugler des "Eye-beetha! Eye-beetha!" à tout bout de champ, sur fond de tapis Big Breakbeat agité de samples irritants. Bien vu, mais quoiqu'il en soit, l'intégralité de l'album est un retour aux sources de la violence comme l'affirme haut et fort Liam, la tête penchante. Et pour pousser la tension a fond, il n'a bossé qu'à la nuit tombée.
"J'ai uniquement bossé la nuit pour ce disque, ça me donnait une atmosphère différente, lorsque tout le monde dormait. J'aime l'heure des vampires, tout ce bordel qui n'arrive que la nuit... Je n'ai bossé que sur de l'analogique, j'ai évité les plug-in synthétiques sur Pc autant que j'ai pu, pour ne pas sonner comme les autres..."
Comme les autres ? Je ne vois pas comment tu pourrais sonner comme les autres Liam... Alors que tout le monde se laisse apprivoiser, alors que la norme indique que les potards sont trop dans le rouge, toi, tu les as poussé encore plus loin. Et même lorsque tu laisses tomber les gros rythmes, comme sur "Invisible Sun", tu restes de loin le plus narquois et inquiétant...Tu te laisse porter par les morceaux, ou tu les domines, tu te permets des notes de Bontempi avant d'attaquer ton morceau le plus carré, limite Big Beat ("Destroy"), et tu finis ton boulot sur le truc le plus crétin qui soit, ce "Wall Of Death" que Keith geigne comme personne... Et rien qu'avec cette façon de fermer la parenthèse comme un sale ado que tu es toujours, tu prouves que finalement, le plus Rock, c'est toujours toi...
Et si c'était ça la solution finalement, parce que c'est ce que tu suggères avec The Day Is My Enemy... Prendre un ecsta, un acide, dormir le jour, et faire la révolution la nuit, une fois que le silence s'est abattu sur les jolies petites maisons ou vit la plèbe...Et transformer le monde en une gigantesque piste de danse. Danser, cogner, casser pour leur faire comprendre que malgré les coups bas, les vols à l'arraché, nous sommes toujours libres ET sauvages...
Ajouté : Jeudi 22 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Prodigy Website Hits: 6000
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