PARISO (uk) - Pariso (2015)
Label : Tangled Talk
Sortie du Scud : 6 juillet 2015
Pays : Angleterre
Genre : Hardcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 29 Mins
Il est toujours difficile de parler d'un groupe alors qu'il a décidé de disparaître corps et âme... Qu'en dire après tout, et est ce encore pertinent ?
A peu près autant qu'une hagiographie dispensée au dessus d'un cercueil qu'on met en terre... Ca émeut les quelques proches présents, mais le corps enfermé entre quatre planches de bois s'en fout royalement, et pour cause...
Il n'est qu'un corps.
PARISO voit certainement de son Angleterre natale ses restes fumants disséqués, pour peu que des journalistes s'intéressent encore à son cas. Qui est pourtant d'école, car il résume bien la situation de la scène Underground, Européenne et mondiale. Des groupes inventifs, décidés, proposant une musique dense, une discographie riche, mais qui rament à la faire entendre au plus grand nombre.
Mais la situation n'a elle pas toujours été la même ?
Anonymat relatif, petite réputation, quelques tournées qui donnent espoir, et puis, plus rien.
PARISO, pour la plupart d'entre vous, ne signifie rien. Il est à l'image de cette scène grouillante qui arpente les clubs locaux, tentent une percée sur un marché plus vaste, avant de rendre les armes, lassés, épuisés, exsangues. Pourtant, ils ont tout tenté, et peu importe de savoir pourquoi ils ont lâché l'affaire.
Leur production, de leur vivant, fut pléthorique, comme à chaque fois. Des 7'', des 12'', des Splits, des EP's, et deux longue durée qui méritent les honneurs.
Cet album éponyme devait constituer le troisième chapitre de leur aventure, il en sera le testament. Il est constitué dans sa version 12'' d'une face de nouveaux titres, et d'une autre de raretés et d'inédits retravaillés ou non.
Difficile de se focaliser sur l'avenir de PARISO, puisqu'il n'existera pas, à moins que le quintette ne change d'avis... Mais faut il pour autant parler de leur passé ? S'il vous intéresse, allez jeter un coup d'oreille à leur bandcamp, vous pourrez écouter, télécharger quelques trucs gratos, et ça, c'est votre problème.
Non, aujourd'hui, nous allons parler du présent, celui d'un groupe dont la première production remonte à 2009, un split 7'' lâché conjointement avec MANUSCRIPTS qui portait déjà les germes des plantes qui ont aujourd'hui atteint leur stade final de maturation avec Pariso, l'album mort-né.
Ce disque, LP, ou digital, est d'une construction bien évidemment spéciale. Sa première moitié est constituée de morceaux plutôt longs, entre deux et cinq minutes, et révèle un groupe lourd, concentré, pesant, et se jetant à corps perdu dans un hardcore poisseux et métallique aux riffs sans pitié, guitares tranchantes en avant, et influences parfois plus qu'indiscrètes. Ainsi, il est impossible que "Caged" ne vous fasse pas penser au séminal "Summerholiday vs. Punkroutine" des suédois de REFUSED, tant leur riff central est similaire et presque Surf Rock.
"Osmium Claw", l'autre gros morceau, cite la vague bourbeuse Nola à la virgule près, et se ballade dans les contrées sinueuses et piégées des EYEHATEGOD et autres CROWBAR. Lourd, tendu comme la corde d'un arc fait maison, c'est du compact qui ne fait pas dans la dentelle. Et puis soudain, la bourrasque Core prend le dessus et rase les maisons d'un souffle violent et chaud. Contraste, mais violence omniprésente, c'est le but recherché.
La seconde partie du disque reprend les choses là où les débuts du groupe les avaient laissées, et tisse une toile constellée d'interventions courtes, à l'image de "Image", trente seconde de foutoir fracassant, aussi sourd et concentrique qu'UNSANE, ou que n'importe quel groupe de Chaotic Hardcore un peu feignant sur les bords. C'est parfois franchement abrasif ("We Three Kings" aussi Sludge que faussement Grind), limite MathGrindCore qui flingue tous azimuts ("Wasted" difficile de faire plus explicite avec son chant qui s'explose le palais à la gnole non coupée), ou plus volontiers expérimental, comme le prouve "Cold Venom" qui emprunte les vocables de REFUSED, AGNOSTIC FRONT ou même FANTOMAS dans ses délires les moins potaches.
On n'oublie pas pour autant les intermèdes Sludgecore qui se barrent en couille ("Sleep At The Temple"), les coups de poings Fastcore sans empathie aucune ("Frantic", qui donne une leçon de concision à METALLICA en lui montrant comment vriller un riff dissonant tout en gardant un phrasé de chant épileptique), ou les machins à la structure cassée et pendante qui s'arrachent les tripes ("Straight Hypocrisy", sorte de "je fais ce que je veux et tant pis").
Enfin bref, vous avez pigé le truc... C'est bien sur Core, à cause de ces riffs et rythmiques qui cavalent et qui piochent un peu partout, Punk parce que c'est libre et un poil nihiliste, Sludge parce quand ça vous tombe sur la gueule ça fait mal, Fast parce que souvent, ça va très vite, mais en fait, c'est juste violent, bien pensé, et comme notice nécrologique, ça fait largement l'affaire...
Dommage qu'ils jettent l'éponge en fait, je ne sais pas s'ils refusent le combat ou s'ils préfèrent d'autres horizons, peut être ont ils déjà tout dit...
Mais même la pochette est réussie, et reste à l'image de son contenu, un peu floue, un peu décalée, et qui laisse l'interprétation libre.
L'Underground ne mourra jamais après tout, même si PARISO n'en fait plus partie... Mais je n'ai jamais été doué pour les oraisons, alors écoutez l'album après tout, leur discours vaudra tous les miens.
Ajouté : Lundi 19 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Pariso Website Hits: 5570
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