ELECTRIC WIZARD (uk) - Jus Oborn et Liz Buckingham (Oct-2014)
ELECTRIC WIZARD reste encore relativement peu connu en France même si le gang affiche plus de vingt ans au compteur ! Une longévité qui les a installé au rang de groupe culte grâce notamment à une série d'album qui sont devenus des références en matière de Doom Metal. Fortement influencé par BLACK SABBATH, leur nom est l'association de deux morceaux ("The Wizzard" et "Electric Funeral") issus des deux premiers opus de la bande à Ozzy. La formation anglaise a développé dès le départ un univers sombre et malsain mystique au plus haut point et qui leur sied à merveille. L'improvisation est devenue leur étendard et leur a permis d'instaurer ce climat unique qui vous transporte littéralement vers des abymes inconnus ! Si les débuts ont été chaotiques, c'est en 1997 avec Come My Fanatic... que la formation de Wimborne trouvera son style musical caractérisé par ce son lourd et puissant qui s'accorde magistralement bien avec la lenteur des morceaux. Dopethrone viendra confirmer les qualités indéniables du combo et deviendra très vite la pierre angulaire de leur carrière. Une réalisation culte au regard des fans qui va leur permettre de s'imposer au niveau international. S'en suivirent de nombreuses tournées qui contribueront à la naissance de tensions internes importantes qui se solderont par le départ de deux membres fondateurs : le bassiste Tim Bagshaw et le batteur Mark Greening. Un choc dont le combo ne se remettra jamais et qui verra au fil des années défiler en son sein une succession de rythmique. Seule l'arrivée de Liz Buckingham permettra à ELECTRIC WIZARD de perdurer. Une véritable aubaine qui permettra à nos anglais d'enchainer des galettes baignant toujours dans un monde macabre très fortement influencé par les films d'horreurs des années 70, Jus Oborn étant passionné et très érudit dans le domaine. Black Masses sorti en 2010 ne fera pas exception à la règle délivrant un Doom Metal extrêmement efficace qui sera salué par la critique. Malheureusement, les problèmes incessants de line-up et les difficultés rencontrés avec leur label de toujours Rise Above Records ne simplifieront pas la sortie de Time To Die qui verra finalement le jour en septembre 2014 après maintes péripéties. Pourtant, Time To Die est une véritable réussite remarquable en tout point qui prouve que nos britishs ont encore de la ressource. Profitant de la venue de Jus Oborn et Liz Buckingham, MI n'a pas hésité à soumettre au jeu des questions / réponses le couple infernal. Rencontre avec deux véritables artistes totalement habité par leur Metal et résolu à continuer quoiqu'il advienne. Magnéto les amis, c'est à vous !
Line-up : Jus Oborn (chant et guitare), Liz Buckingham (guitare), Clayton Burgess (basse), Simon Poole (batterie)
Discographie : Electric Wizard (1995), Come My Fanatics... (1997), Dopethrone (2000), Let Us Prey (2002), We Live (2004), Witchcult Today (2007), Black Masses (2010), Time To Die (2014)
Traduction / Retranscription : Laurent Machabanski
Metal-Impact. ELECTRIC WIZARD, c'est vraiment un grand plaisir de vous rencontrer à Paris. Quel souvenir gardez-vous du Hellfest ?
Jus Oborn. Magnifique. Nous avons déjà fait trois fois le Hellfest. C'est toujours un festival grandiose. Nous adorons les festivals. C'est un festival pour nos fans et nous y allons uniquement pour jouer et les retrouver.
MI. Est-ce que tu aimes l'ambiance du Hellfest ?
Jus. Oui, bien entendu. C'est comme au bon vieux temps, comme le festival de Donington. Il y a le festival, le feu des lumières, les téléphones portables et tout ce bordel ! [Rires]
MI. Comment vous sentez-vous à Paris ?
Jus. Nous nous sentons bien.
Liz Buckingham. C'est notre ville favorite.
MI. Peux-tu nous dire comment tu l'as rencontré et comment tu as rejoint le groupe ?
Liz. Je l'ai rencontré aux USA avec mon précédent groupe. Nous avons faits des shows ensembles et nous sommes amis depuis des années. Ensuite, j'ai rejoint le groupe.
MI. Est-ce que c'était une certitude de rejoindre le groupe en tant que guitariste ?
Liz. Non absolument pas. Plus tard, nous avons beaucoup parlé et échangé car nous avions beaucoup de choses en commun sur des projets.
Jus. Nous avions fait quelques concerts auparavant et Tim Bagshaw a parlé d'un guitariste supplémentaire. Les choses ne sont pas immuables. Les choses changent.
MI. Qu'est ce que Liz a apporté au groupe ?
Jus. Les chansons du groupe. J'adorais déjà son jeu et nous avons fait quelques démos où je chantai. Je n'ai pas grand-chose à lui apprendre.
MI. Vous venez en France pour la sortie du nouvel album Time to Die qui était prêt depuis longtemps. Que s'est-il passé avec votre ancienne maison de disques ?
Jus. Nous avions beaucoup de difficultés avec notre label précédent et ils n'ont pas été très compréhensifs sur la situation du groupe. Enfin, le procédé pour enregistrer l'album fut compliqué avec toutes les personnes impliquées. Ce fut un véritable combat pour sortir ce disque.
MI. Votre batteur Marc Greening a enregistré l'album avec vous mais est parti depuis. Que s'est-il passé ?
Liz. Oui, il est parti juste après la sortie de l'album.
Jus. C'est effectivement étrange. Nous ne savons pas ce qui s'est passé. Il est parti pour un nombre incalculable de faux motifs.
MI. Au début, tu étais enthousiaste sur Mark Greening ? Est-ce une déception ?
Jus. Evidemment, au départ nous étions super enthousiastes puis les choses ont dramatiquement changé. Qu'est-ce qu'on peut bien y faire ?
MI. Mark Greening a donc quitté le groupe et a été remplacé par Simon Poole...
Jus. Effectivement car nous n'avions que trois jours à jouer au Hellfest. Il fallait le remplacer au pied levé. Mark a quitté le groupe...
MI. Penses-tu que Simon Poole deviendra un membre permanent de ELECTRIC WIZARD ?
Jus. Oui absolument .Son souhait est de rester avec nous. Il voulait rejoindre le groupe en tous les cas.
MI. Quelles sont les qualités pour être membre de ELECTRIC WIZARD ?
Jus. [Rires] Fou et patient. Ce n'est pas évident car c'est un groupe de Metal et la vie de "star" n'est pas celle que tu crois ou ce à quoi tu t'attends.
MI. Comment s'est passée l'écriture de ce nouvel album ? Est-ce que ce fut identique aux précédents ou différent cette fois-ci ?
Jus. Oui, nous avons écrit de la même manière que les précédents albums. C'est à dire que nous avons commencé par les riffs et la structure des morceaux comme le faisait BLACK SABBATH à l'époque. Des riffs solides car nous commençons toujours par travailler les riffs. Puis nous avons commencé à jammer, jouer encore et encore. Nous avons transformé notre garage en studio. Alors on pouvait jouer 24/7 si on le voulait.
MI. L'impression générale de l'album est faite de grands jam avec des longs morceaux...
Jus. Absolument. Nous "jammons" sans nous arrêter. On a enregistré plein de morceaux de jam, des démos jusqu'à ce que cela prenne forme.
MI. Est-ce que ce fut difficile de choisir les chansons qui figurent sur l'album ?
Jus. Non, tout était vraiment en place.
Liz. Oui, tout était déjà dans la boite. Et voilà l'album.
MI. Comment as-tu choisis les chansons ?
Jus. Nous n'essayons pas de planifier les titres à l'avance. Si tu planifies tout, ce n'est plus bon ni spontané. Cela doit être une évolution naturelle. On trouve toujours cet état d'esprit dans nos albums. Comparer à nos précédents albums, nous avons une vision cinématographique.
MI. Justement, tu aimes les films d'horreur. Comment es-tu devenu fan de ce style ?
Jus. Juste en regardant la télé. Cela vient de l'éducation de mes parents. On regardait la télé avec eux, tu fais des choses ensembles. J'ai toujours été attiré par les choses obscures, les films en noir et blanc, les films de Dracula... On ne devrait pas voir de tels trucs quand tu es adolescent. J'ai eu la chance de voir Frankenstein à l'époque et ça fout la trouille.
MI. C'est ce que l'on ressent dans l'univers de tes albums, certains pensent que tu es le précurseur du Doom Metal ! Qu'en penses-tu ?
Jus. Je suis très fier qu'il en soit ainsi et content de savoir qu'on a pu le réaliser.
MI. Que signifie le titre de cet album Time to Die ?
Jus. Nous étions de très mauvaise humeur lorsque l'on a enregistré l'album. Assez dégouté d'ailleurs. Dans notre état d'esprit, il nous fallait finir l'album impérativement et on voulait le continuer quoi qu'il arrive. C'est le fait de faire c'est opus et de le finir coûte que coûte qui nous tenait à cœur. Ce fut assez brutal car Time To Die est sorti dans la douleur.
MI. Est-ce un concept sur la mort ou un rapport sur la réincarnation ?
Jus. Non, la mort est une délivrance avec tout ce qui peut t'arriver comme problème dans la vie.
MI. Tu es un artiste de longue date. Est-ce plus difficile maintenant ?
Jus. Je ne suis plus la même personne. D'un point de vue purement musical, la musique a grandement changé. Parfois c'est facile et parfois c'est difficile.
MI. Avais-tu des rêves quand tu as commencé dans le métier en tant que grand fan de BLACK SABBATH ?
Jus. Oui, Nous voulions être le plus grand groupe du monde de Rock. Plus grand que BLACK SABBATH avec le style en plus.
MI. Que penses-tu du retour de BLACK SABBATH ?
Jus. Espérons qu'ils reviennent encore.
MI. Est-ce que tu aimes l'album ?
Jus. Je suis content qu'il l'ait fait sinon je serai dégouté.
MI. Si un jour tu faisais la première partie de BLACK SABBATH, serait-ce un rêve pour toi ?
Jus. Oui, définitivement.
MI. Est-ce que tu les as rencontrés ?
Jus. Pas vraiment, mais j'ai rencontré Tommy Iommi et j'étais dans un sale état. On peut dire que j'étais dans un pire état qu'Ozzy. Je suis tombé des escaliers ! [Rires]
MI. Le premier single est "I Am Nothing". Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Jus. Oui, nous souhaitions faire quelque chose de non commercial qui marque les esprits et qui soit original. Plus horrible. Pour nos fans, ne vous faites pas de soucis car c'est un titre de onze minutes mais nous n'allons pas le jouer dans les bars.
MI. La vidéo est très effrayante. Est-ce le but recherché ?
Jus. Oui, les paroles sont abstraites. Notre groupe fait marcher l'imagination de ses fans. Et ça marche ! Les fans regardent la vidéo plusieurs fois et souvent. C'est comme une tentation.
MI. Est-ce que cela signifie que les fans en écoutant la musique et en regardant la vidéo doivent faire leur propre initiation au voyage version ELECTRIC WIZARD ?
Jus. Oui. C'est pourquoi nous avons fait cette vidéo spéciale.
MI. L'image du groupe est importante. Pourquoi y a-t-il eu une vidéo censurée sur le net ?
Jus. Notre label a récemment décidé d'interdire nos vidéos. Je ne sais pas comment ils font ça car la vidéo est faite par nous. Ils n'ont pas de légitimité de ce point de vue. En revanche, si tu veux détruire la carrière d'un groupe voilà comment il faut s'y prendre. Tu peux arriver à briser une carrière et voilà le message que je leur donne... Ils ont bien réussi leur coup !
MI. Est-ce que tu as écrit beaucoup de morceaux pour Time To Die ?
Jus. Oui nous écrivons toujours une chanson de plus quand nous entrons en studio. Nous avons essayé d'écrire le titre "Paranoid" quand nous sommes entrés pour enregistrer l'opus.
MI. Vous avez enregistré à deux endroits différents ?
Jus. Oui, nous avons travaillé à Londres mais techniquement ça a posé beaucoup de problèmes et c'est pour cette raison qu'on a enregistré par la suite dans un autre endroit.
MI. Tu as tout produit toi-même ?
Jus. Oui, nous avons tout produit avec le mixage.
MI. Est-ce facile de tout faire quand on est le leader de la formation ?
Jus. Oui, car c'est bien de contrôler toute la machine. Certains voulaient un producteur.
MI. Si tu avais le choix d'un producteur lequel choisirais-tu ?
Jus. Steve Albany. C'est un son brut. Nous aimons le son de combos comme MC5, les STOOGES.
Liz. C'est notre inspiration, le son de Détroit, les images de révolution.
MI. Vous aimez la solitude. C'est votre style de vie ?
Jus. Je ne suis pas très social. C'est notre style de vie. C'est ce qui a fait notre groupe.
MI. Vous n'avez jamais changé ?
Jus. Nous restons nous-mêmes pour toujours.
MI. Tu es aussi dessinateur ? Parles-nous de la pochette de l'album.
Jus. C'est une pure méditation sur cet opus. C'est le reflet et le combat de ce groupe. Tous les messages, les signes secrets sont sur cette pochette. Vous devez deviner la signification des signes et il y en a une multitude à découvrir.
MI. Est-ce que tu peins aussi ?
Jus. Oui, j'aime bien tous le coté créatif. Si je n'étais pas dans ce groupe, je serai un artiste.
Liz. Je fais le design, les photos... Nous sommes complémentaires et nous travaillons ensemble. C'est une équipe de rêve.
MI. Il y a une chanson qui s'intitule "Lucifer's Slaves". Qui sont les esclaves ?
Jus. C'était juste une idée. En fait, il n'y a pas d'esclaves car la réalité c'est que nous sommes amis [Rires]
MI. Quelle est ta philosophie de la vie en tant qu'être humain et musicien ?
Jus. Sois libre. Fais ce que tu veux et surtout n'écoutes pas toutes les conneries des autres. Donc ne m'écoute pas ! [Rires]
MI. Merci et à bientôt à Paris...
Jus. Merci à toi.
Liz. Merci.
Ajouté : Vendredi 10 Avril 2015 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Electric Wizard Website Hits: 9248
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