VOODOO KILLS (usa/FRA) - Voodoo Kills (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : septembre 2015
Pays : Etats-Unis / France
Genre : Alternative Hard Rock
Type : EP
Playtime : 4 Titres - 13 Mins
1000 dollars. Voilà ce qu'il fallait aux quatre musiciens de VOODOO KILLS pour enregistrer leur premier EP. Pour ça, campagne de crowdfunding, obtention du budget, et hop, on booke quatre jours de studio, et on y grave quatre titres.
Simple comme bonjour.
Pas vraiment. Mais comme le dit si bien Marine, "Qui signe des artistes de nos jours ?".
Et le cas VOODOO KILLS est symptomatique de la galère dans laquelle se trouvent les musiciens à notre époque, certains, confirmés, devant faire un appel de fond public pour pouvoir proposer leur musique, sans même imaginer aller jusqu'à en vivre. Vous imaginez le tableau ? Et pour ça, il faut une bonne dose d'abnégation, de patience, sonner aux portes, mais c'est le prix de l'indépendance. Et les franco/américains y tiennent, plus que tout. Ca se sent à l'écoute de cette première trace discographique.
VOODOO KILLS, c'est un peu le XYZ de 2015. Deux français, deux américains, Los Angeles, les deux histoires se ressemblent, mis à part que XYZ aura plus tôt fait de trouver un label. Mais les temps étaient autres, et aujourd'hui, il faut se débrouiller par soi même. On retrouve donc aux commandes de ce projet qui existe depuis quelques années Michelle à la basse, Paul à la guitare, Ryan au kit et Marine au chant. Formation Rock standard, tout pavillons levés, et comme port d'attache, un Los Angeles qui n'a que peu de points communs avec celui que nous avons connu dans les années 80. Les clubs se font plus rares, le Strip, le Roxy, tout ça sent clairement les effluves MÖTLEY, RATT, CINDERELLA et autres chantres du Hard Rock Glam, mais nous ne sommes plus en 84, et les rues ne sont plus forcément bondées de groupies et d'apprentis zicos en spandex et bardés de laque.
Peu importe, car VOODOO KILLS ne se revendique pas de cet héritage, même si son Rock bien Hard et bien gras n'a rien à envier à ses aînés.
La recette est simple, une grosse guitare qui balance des riffs bouillants amplifiés par un son tranchant, une rythmique qui se pose sur un mid tempo appuyé, quelques soli travaillés, et une voix, celle de Marine, légèrement voilée, rocailleuse, à peine plus aigue que celle d'une Joan Jett, et qui couvre le tout d'une patine délicieusement juvénile et rebelle. Elle nous le dit elle même, elle va tout cramer jusqu'au sol, et à l'écoute de ces quatre morceaux, on veut bien la croire.
En moins d'un quart d'heure, pas le temps de poser ses valises, alors on va à l'essentiel. Du Rock, bien distordu, bien épais, qui ne ménage pas son énergie, et en achetant cet EP (en version digitale sur les plateformes d'usage, ou en version physique pour les contributeurs), vous aurez ce que la pochette dévoile sans détour. Des rockeurs, qui se foutent des modes, du qu'en dira on, et tout le toutim. Et vous savez quoi ? Ils ont bien raison de ne croire qu'en eux et leurs qualités propres, parce qu'ils en valent la peine.
Pas vraiment de morceau à mettre en avant, puisqu'ils sont tous de qualité égale. On y retrouve un peu de l'esprit Jett/Runaways à cause de la voix de Marine, et de ces riffs jetés en pâture sans précaution, sans l'aspect Punk trop direct, du Hard Rock des années 80 pour cette façon d'enrober l'agressivité dans une production un peu crade et abrasive, de l'alternatif 90's pour les cordes passées au papier de verre, l'urgence du propos, et la brièveté des interventions, sans chichis, mais surtout, beaucoup d'envie, d'allant, et ça, c'est le principal.
On pourrait poser bien en vue dans la vitrine "Not Dead", pour ses choeurs qui montent en puissance le long d'un refrain bien troussé, "Running To The Grave" pour son reflet Grungy qu'on imagine chanté d'une moue boudeuse, et sa rythmique plus volontiers Groovy, "Use And Abuse", qui appuie un peu plus sur les potards et qui déroule un tapis de guitares épais comme un slip des MELVINS tout en trafiquant un motif à la Slash, ou même "Beg For It", archétype de la Rock song qui prend toute la place, et qui se calme le temps d'un refrain entêtant et mélodique.
Pas de doute, les musiciens sont en place, carrés, en pleine osmose, et personne ne marche sur les pieds de l'autre. Même si je dois reconnaître - subjectivité oblige - que le chant de Marine capture l'attention sans vraiment le chercher, à cause de son timbre doucement rocailleux, ses variations parfois mutines, et son phrasé aussi sexy qu'agressif quand il le faut (la dame sait beugler, et "Beg For It" le prouve sans problème).
Somme toute, Voodoo Kills est une sacrée bonne carte de visite pour ce jeune quatuor qui a bien ramé avant d'en arriver là, et au jugé de ces quatre chansons, les contributeurs ne doivent en aucun cas regretter leur minime investissement.
Si la rue est votre terrain de jeu favori, que l'intégrité est une valeur qui vous importe, et qu'un bon gros Rock bien Hard mais pas que est votre pêché mignon, alors foncez, et achetez cet album. Ils le méritent, et vous aussi par la même occasion.
Alors quand on peut faire plaisir à tout le monde...
Ajouté : Mardi 06 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Voodoo Kills Website Hits: 6176
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