METZ (ca) - II (2015)
Label : Sub Pop
Sortie du Scud : 4 mai 2015
Pays : Canada
Genre : Post Noise
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 30 Mins
"Tu montes un groupe, comme ça, parce que la musique, c'est ton truc, ton rêve, ton obsession, et voilà... A aucun moment tu ne penses faire ça à plein temps, mais tout d'un coup, sans raison, les gens écoutent ta musique, te suivent, et tout ça prend une autre dimension. Et surviennent alors les attentes et la pression, réelle ou imaginaire, qui menacent de te changer. C'était important pour nous, lorsque nous enregistrions cet album, de ne pas céder sous cette pression."
C'est de cette façon qu'Alex Edkins, "leader" du trio METZ résume la situation de son groupe. Et cette analyse à froid du succès qui frappe certains groupes sans crier gare est d'une rare pertinence...
METZ, c'est un trio de Toronto, adepte d'un Post Rock noisy et abrasif, responsable d'un premier LP éponyme il y a déjà trois ans. S'ensuivit une tournée de plus d'un an, de 120 dates, durant laquelle le groupe se forgeât une réputation de bête de scène et d'attraction live amplement méritée.
Ils nous en reviennent donc en 2015 avec le fruit de leur seconde réflexion, sobrement intitulée Metz II. Signés sur le mythique label Sub Pop, leur musique nous ramène tout droit à la fin des années 80/début des années 90, lorsque cette maison de disques légendaire inondait le continent Américain de groupes bruyants, sans concessions, adeptes d'une musique crue, inspirée au choix par les MELVINS, SONIC YOUTH, les RESIDENTS et autres effluves du No Wave New Yorkais du début de la décennie.
Alors, en laissant traîner vos oreilles sur ce Metz II, certains noms ne manqueront pas de vous chatouiller les neurones. MUDHONEY bien sur, pour l'évidence, NIRVANA, celui de Bleach, sans artifices, mais aussi le PUBLIC IMAGE LTD de Lydon, pour ce chant nasillard et distancié, et ces sonorités dissonantes, les MELVINS pour l'épaisseur du son et certaines effluves étouffantes, JESUS LIZARD pour cette façon free d'aborder le Noise à l'état brut... Enfin en gros, ne retenez qu'une seule chose de cette succession de parallèles. METZ (ils tiennent à ce que leur nom soit inscrit en majuscules) s'amuse à broyer différents courants pour n'en retirer que l'essentiel, ce dont ils ont besoin pour vous écraser de leur puissance et de leur différence. Car METZ est différent. D'une part, parce qu'il n'est pas banal qu'un duo/trio d'origine Canadienne choisisse comme patronyme le nom d'une ville française (Alex Edkins (chant, guitare) et Hayden Menzies (batterie) ont joué à Metz en 2006 avec leur ancien groupe, THE GREY). D'autre part, parce que leur musique, bien qu'assemblée d'éléments homogènes, reste une expérience unique.
D'une puissance incroyable, appuyée par une guitare qui remplit quasiment tout l'espace, et par une rythmique compacte qui fait corps autour de son leader, METZ n'a qu'une seule volonté, dompter le bruit et le chaos pour les transformer en sonorités musicales et abandonner au passage toute forme de mélodie. La musique de Metz II tombe parfois dans un magma de nuisances stridentes, mais la petite demie heure développée sur cet album à de quoi rendre jaloux les ténors du genre établis bien des années avant eux. <br<
Cette nouvelle aventure discographique avait commencé il y a quelques mois, par l'intermédiaire d'un titre lancé sur le net pour mettre l'eau à la bouche des fans. Et "Acetate" avait en effet de quoi mettre en appétit... Riff simple et redondant, basse grasse et distordue à l'extrême, batterie de guingois titillant des contretemps cassants, chant braillé d'une colère larvée, sans oublier les tronçonnages en bas du manche striant le tout d'une lumière crue et aveuglante... La recette est éprouvée, mais son efficacité est portée au maximum par le trio qui n'hésite pas dans le temps imparti à ménager de longues plages instrumentales qui rappellent même le PRONG des débuts...
Rythmique, le trio l'est, sans conteste. Les trois musiciens conçoivent souvent leur musique comme un énorme bloc, duquel aucun instrument ne peut être extrait, tant ils sont soudés et complémentaires. "The Swimmer" en témoigne, et après une courte intro de fréquences développe un furieux up tempo lâché comme une meute de chiens, régulièrement maîtrisé par des breaks impromptus. METZ joue avec le son, cavale sur le flanger et l'écho, pour nous noyer dans un océan de sons mats et déchirés.
Car malgré une indéniable cohésion, la variété des compositions frappe, les tempi varient, le chant se tempère un tant soit peu avant de laisser couler sa bile, et provoque une réunion noisy entre le PIL du début 80 et le SONIC YOUTH le moins apprivoisé ("Spit You Out").
On retrouve même les inflexions Punk des jeunes années de Sub Pop, lorsque les ados des environs se prenaient de passion pour les légendes du genre, BLACK FLAG, FLIPPER et consorts en tête de ligne. Ainsi, le lapidaire "Nervous System" ne fait aucun cas d'une mélodie quelconque et explose les murs à grands coups d'un riff ultra efficace et concentré jusqu'à l'apoplexie.
En guise de final, METZ se perd dans une gigantesque progression monocorde de quatre minutes, collision frontale et bruitiste entre un SUICIDE au bout du rouleau, et une répétition fantôme des PIXIES en pleine descente d'acide. Centrifuge, magnétique, viscéral, et bruyant, très.
Mais ne réduisez pas METZ à un jet de lave sans pitié dégoulinant sur le flanc d'un volcan en éruption. Les finesses, certes subtiles et difficilement décelables, sont bien une composante importante de leur musique, même si la puissance et le moulage du chaos semblent être leur leitmotiv.
"METZ replace au centre de la scène le Hardcore Sludge du début des 90's. Méchamment".
Ce postulat, énoncé par la presse underground est peu être un peu trop laudateur. Il n'empêche que le trio avance sans se poser de questions, et fait effectivement revivre des scènes d'il y a plus de vingt ans, lorsque les groupes se souciaient plus de l'éthique Noise que de l'attitude.
Ajouté : Mardi 22 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Metz Website Hits: 5588
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