ARMORED SAINT (usa) - Win Hands Down (2015)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 2 juin 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 51 Mins
Il y a des groupes comme ça, qui n'ont pas de bol... Géniaux, talentueux, extraordinaires, les épithètes ne manquent jamais pour les décrire, et pourtant, malgré ce concert ininterrompu de louanges au travers des années, c'est le silence radio complet du côté du succès...
Les exemples sont légion dans notre petit monde métallique. KING'S X, VOÏVOD, CORONER, FIFTH ANGEL, j'en cite et il en existe encore des dizaines, qui ont suscité une réponse enthousiaste d'une frange de fans purs et durs, mais qui ont laissé le grand public muet. Tragédie ? Illogisme ? Loi du marché trop subjective ? Injustice ?
Un peu de tout ça. La vie, le hasard, la malchance aussi. Nous ne referons pas l'histoire. Mais nous pouvons continuer de l'écrire en tout cas.
Et quel meilleur illustration de ce postulat que le cas ARMORED SAINT ? Fondé à l'orée des années 80 par les frères Sandoval et David Prichard, vite rejoints pas John Bush et Joey Vera, les SAINTS sont l'archétype du groupe maudit par les Dieux, avec tous les atouts dans leur manche, mais toujours fondus par une main de dernière minute les renvoyant dans les cordes, sans un sou en poche.
Et pourtant... Instrumentistes hyper capables, compositeurs solides, soutien d'une major (Chrysalis), albums impeccables teintés d'un Heavy Metal pur et racé... Tout était là pour que le quintette casse la baraque dans les grandes largeurs, mais las, rien ne fonctionna comme prévu. La faute à un LP en demie teinte comme Delirious Nomad ? Possible, mais à quoi bon chercher des réponses qui ne changeront rien...
Depuis, des reformations, de longs silences, un album superbe, La Raza, sorti en 2010, et encore le silence... Pourtant, John Bush n'avait plus aucun compte à rendre envers ses divers groupes, et on pressentait que Joey Vera allait se retrousser les manches, mais non rien.
L'éphéméride s'effeuillait, et la musique se faisait toujours attendre. Cette pause là allait elle devenir une fin de non recevoir, et La Raza allait il symboliser l'épitaphe définitive du groupe ?
Heureusement pour nous, non.
Oui, vous pouvez ranger vos mouchoirs et sortir le champagne, ARMORED SAINT revient en ce beau et chaud mois de juin, avec une livraison tout aussi belle et chaude, le bien nommé Win Hands Down. Un LP qui fait des bulles, qui enivre, qui euphorise, et qui une fois de plus nous fait nous poser cette séminale question: pourquoi ?
Oui, pourquoi... Pourquoi des groupes à la tiédeur fadasse rabâchant depuis trente ans les mêmes pauvres riffs maigrelets se permettent des concerts et des tournées dans les plus grandes salles du monde alors que John et sa bande doivent se contenter des miettes ? JUDAS PRIEST ??? Laissez moi rire. Le vrai Heavy Metal, tel qu'on devrait le concevoir, est joué ici, pas ailleurs. Le Heavy intelligent, puissant, peaufiné, astiqué et chromé, qui crache sur les poncifs et les clichés, et qui ne se contente pas de pousser les potards à 11 pour faire illusion... Mais je m'emballe, je l'admets...
Très franchement, si j'étais de nature un peu dilettante, et que je me contentais du minimum, j'aurais pu expédier cette chronique en trois lignes. Un truc du genre "Album énorme, qui mérite toute votre attention. Production superbe, compos efficaces en diable. En gros, ça déchire, achetez le". Mais malheureusement pour vous, mon admiration inconditionnelle pour John Bush va m'en faire dire un peu plus...
Oui, j'aime ce mec. C'est comme ça. Parce que sa voix est extraordinaire, parce qu'il est un des plus grands chanteurs que le Heavy ait connu, parce qu'il a transformé la machine à mosh d'ANTHRAX en fonderie, etc. Et lorsque John retrouve ses amis d'enfance, le tout prend des allures de ballade magique au pays de la musique amplifiée. Parce qu'en plus, ces mecs là sont sur la même longueur d'onde depuis des décennies, alors l'alchimie fonctionne à plein régime comme... à chaque fois.
Win Hands Down ? Je parlerais plutôt de triomphe dans le cas présent, car c'en est un. C'est comme si John, Joey, Pete, Jeff et Gonzo avaient décidé de se surpasser, de sortir le meilleur d'eux mêmes, de leurs instruments, et de leur coeur. Le résultat est évident, et simple à admettre et comprendre, nous touchons là à la perfection d'un style dans lequel on croyait que tout avait été dit. Neuf morceaux, rien à jeter, pas un break, pas une ligne de chant, pas un solo, c'est une copie nette et sans bavure, et sans manquer de respect aux classiques du groupe, peut être leur plus grand achèvement à ce jour.
Rarement un album aura autant respecté les règles d'usage tout en les transposant dans une époque contemporaine. Je m'explique. Win Hands Down, c'est du 80's transposé en 2015, sans tomber dans le vintage, ni l'hommage passéiste, non, un peu comme si le genre avait été inventé cette année, et qu'il n'en était qu'une excellente démonstration. Ce sentiment est difficile à décrire avec des mots, je l'admets, mais dans ce cas, autant faire ce qui s'impose et juste écouter...
Neuf morceaux, parfois concis, parfois plus bavards et développés, aux mélodies séduisantes, à l'énergie convaincante, et au rendu insurpassable. Les potes savent ce que les autres savent, ils savent aussi ce qu'on est en droit d'attendre d'eux, et se le donnent, et à nous aussi par la même occasion.
Cette démonstration de force démarre par un truc explosif, imparable, inévitable, une boucherie qui en live crame tout à cent bornes à la ronde, "Win Hands Down" qui dévale en trombe avec une intro hystérique. Refrain à reprendre en choeur, couplets saignants, voix qui survole les débats, et rythmique mi turbo compresseur, mi chaloupée qui fait dodeliner de la tête pendant cinq minutes. Dites moi qui, en dehors d'ARMORED SAINT est capable de pondre un truc pareil aujourd'hui ? Pas de réponse ? Bonne réponse.
Mais considérerez ceci comme une simple mise en jambes, une mise en bouche même puisque la suite est du même calibre... Sans rentrer dans les détails qui pourraient me faire dire par exemple que "Mess" est un prolongement inventif au break torride sans rien perdre de son efficacité (surtout au niveau rythmique, encore une fois percutant et réglé au millimètre), que "An Exercise In Debauchery" s'amuse d'un tempo en vrille pour mieux vous laisser tomber sur un refrain béton, que "Muscle Memory" sous des atours plus nuancés développe X thèmes pertinents pendant sept minutes, que "With A Full, Herd Of Steam" est une exécution up tempo comme on en a plus entendu depuis au moins "Fueled" d'ANTHRAX, que "In A Instant" évoque autant QUEENSRYCHE que le Heavy 86/87... Enfin, je pourrais en dire des choses en rentrant dans les détails... Mais ce que je veux surtout dire, au delà des qualités intrinsèques d'un tel disque, c'est qu'il respire la santé, qu'il exsude la joie de jouer par tous les pores, qu'il est le résultat d'une combinaison de musiciens doués qui se connaissent par coeur et qui jouent avec...
Je pourrais dire aussi que John Bush... Oh et puis non, ça je l'ai déjà dit cent fois.
Vous savez quoi, je ne dirai qu'une seule chose. Win Hands Down est un putain de classique du Heavy Metal. Et un putain d'album tout court.
Voilà ce que je vais dire.
Ajouté : Mardi 22 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Armored Saint Website Hits: 6454
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