DISCOMFORT (it) - Worst (2015)
Label : Eastrain Records
Sortie du Scud : 10 mars 2015
Pays : Italie
Genre : Dirtcore
Type : EP
Playtime : 7 Titres - 16 Mins
Hier soir en Autriche, l'Italie a terminé en troisième place du concours Eurovision, grâce à une splendide chanson mélangeant la Pop moderne et le chant classique. Bien joué les voisins.
On résume souvent le territoire transalpin en des termes romantiques. Venise, les gondoles, la Sicile, Rome, Naples, l'opéra, les belles brunes qui font trempette dans la fontaine de Trévi... Ou alors à la rigueur, on parle de football, ce qui peut sembler d'actualité vu les performances des clubs locaux en C1.
Mais tous ces clichés de carte postale peinent à cacher la dure réalité économique et sociale locale, et surtout, la prédominance d'une scène rageuse et bruitiste qui commence à bouillonner sévère.
SLAUGHTER IN THE VATICAN, NIDO DI VESPE, STRANGE FEAR, INFAMIA, INKIONS, SPOSA IN ALTO MARE et autres REPULSIONE ou 2 MINUTA DREKA, tous s'agitent de soubresauts extrêmes, allant du Hardcore de tradition au Crust en passant par le Thrash, le Death, le Grind, en gros, tout ce qui constitue la solide branche de l'underground mondial depuis les années 80. alors inutile de sortir les trémolos et de roucouler avec votre belle au bras, l'Italie est aussi noisy que n'importe quel pays d'Europe.
Sus aux poncifs donc, et pour appuyer mes dires, je fais appel à un autre combo du cru, en l'occurrence le quintette DISCOMFORT.
Ce jeune ensemble qui mérite bien son nom, en est à sa deuxième production, après un EP, Scorn, paru il y a deux ans. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils mettent les choses au point bien avant que la musique ne fasse son office.
Avec un nom pareil, et un premier LP "officiel" (bien qu'il soit sorti au format 12'') se proclamant "pire", on pouvait justement s'y attendre. Mais sous une énigmatique pochette au superbe noir et blanc sur laquelle trône une sublime femme voilée au regard profond se cache un des albums les plus sombres et véhéments de la scène locale.
Dirtcore ? Oui, l'appellation peut faire sourire, mais la description est assez fidèle. Car DISCOMFORT passe un peu par tous les stades. Hardcore bien évidemment, Crust forcément, Grind obligatoirement, le tout abordé avec le même état d'esprit, n'en retenir que la substance la plus compacte et noire de desseins. Ils ne rechignent pas non plus à glisser dans leurs morceaux quelques dissonances irritantes et planantes héritées du Post Punk des années 80, qui agrémentent ces sept morceaux remplis de haine d'une petite touche décalée appréciable.
En dehors de ceci, le quintette ne fait aucun cadeau. Rythmiques heurtées et décalées entre poussées véloces et écrasement presque Sludge parfois ("Karni Mata", malsain), structures qui n'hésitent pas à valdinguer d'un bout à l'autre de la pièce ("Cycle Of Annihilation" qui commence poisseux, avec de verser dans une espèce de Mathcrust impitoyable et anguleux, un peu à la manière des voisins de STORM{O}), poussées Post Grind qui accumulent les stridences, les hurlements déchirants et les accès de fièvre carabinée ("Scream Cutter" au titre bien senti), tout est là pour déranger, et surtout, ne pas laisser l'auditeur s'installer dans un confort d'écoute trop rassurant et disons le, "calibré".
Et ça se sent dans la forme même de l'album, puisque après une poignée de morceaux brefs, les Italiens se laissent aller à une comptine désolée de plus de cinq minutes, qui développe en version longue toutes leurs influences, leurs tics et déviances, avant de s'affaler dans une dernière saillie Crust/Grind de trente secondes qui ne laisse aucune place au doute. Quand on choisit de s'appeler DISCOMFORT, il faut assumer, et ne pas hésiter à pousser le bouchon le plus loin possible.
La production, matte et puissante est évidemment idéale pour ce genre de musique et l'interprétation, précise, diabolique même, est tirée au cordeau.
Pas sûr qu'une fois écouté cet album vous veniez encore nous les briser avec vos pétales de rose et vos voyages de noces sous le pont du Rialto.
Chez DISCOMFORT, les ponts servent à s'y jeter, pour mettre fin à une existence pitoyable. Mais qui sait, si vous enjambez le parapet pour de bon, peut être qu'ils enverront une carte postale à votre famille...
Ajouté : Lundi 21 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Discomfort Website Hits: 5260
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