LUCIFERIAN LIGHT ORCHESTRA (se) - Luciferian Light Orchestra (2015)
Label : Adulruna
Sortie du Scud : 30 avril 2015
Pays : Suède
Genre : Hard Rock Occult
Type : Album
Playtime : Titres - Mins
Certains musiciens ne peuvent pas s'empêcher d'enregistrer la moindre idée qui leur passe par la tête. Une mélodie qui traîne, une jam impromptue ou pas, un délire entre potes, des soli à rallonge qui occupent des faces entières, ils n'y peuvent rien, ils sont productifs et pensent que tout ce qu'ils produisent est digne d'intérêt. Lennon s'en donnait à coeur joie avec Yoko à la fin des 60's, Zappa était un boulimique de la bande, et la clique des Portnoy & co à inondé le marche de disques tous plus dispensables les uns que les autres. Face à cette masse musicale, un tri s'impose, car parfois, s'y noient quelques bijoux qu'il serait impensable de négliger.
D'autres au contraire, préfèrent se focaliser sur leur projet principal. Ils ne couchent sur CD que le strict minimum, que l'essence propre, et en sont très heureux.
Mais parfois, même eux doivent gérer un trop plein d'imagination. Alors, ça donne souvent des doubles albums concept soporifiques, des fonds de tiroir qui auraient du y rester, ou alors, des projets annexes complètement anecdotiques qui ne fascinent qu'une frange de fans en transe et en manque.
Mais parfois, ça débouche aussi sur des choses fabuleuses, qu'il eut été dommage de ne pas connaître.
Prenez ce brave Christofer Johnsson. Il fait son taf dans THERION, rien à dire. Musique puissante et versatile, guitariste inspiré, riffs probants, il pourrait s'en satisfaire. Mais un jour, il n'y a pas si longtemps que ça, sortirent de sa guitare des sons qui décidemment ne collaient pas avec son illustre combo. Que faire ? Les travailler pour les adapter, les laisser tomber ?
Une autre option se présenta alors. Pourquoi ne pas monter un groupe éphémère (pas tant que ça d'ailleurs, d'après quelques interviews... à suivre !) en parallèle pour proposer au public cette direction qui selon lui méritait quand même un minimum d'écho ?
C'est donc ce qu'il fit, et grand bien lui en pris, puisqu'il faut bien le dire, Luciferian Light Orchestra est un sacré bon disque.
Ils sont nombreux ces musiciens nostalgiques des 70's... Amott, Dorian, j'en passe et des plus illustres... Les riffs gras du SAB', les claviers du PURPLE et de URIAH HEEP, ça leur manque, ils auraient aimé connaître cette époque si fertile, ce Hard Rock Heavy naissant sous les coups de boutoirs du ZEP, de CACTUS, BLUE CHEER... Alors ils se lancent, travaillent leur copie, et enregistrent à l'ancienne. Parfois, c'est à côté de la plaque et risible, et parfois, ça sonne cru et authentique, avec bien sur une patine moderne. Et c'est le cas de ce projet LUCIFERIAN LIGHT ORCHESTRA, qui sonne plus vintage qu'une corde de mi de Tony. Avec une production qui cherche à se dater dès le départ signée Lennart Östlund, aux célèbres Polar Studios (pas possible en Suède d'avoir meilleure caution, ABBA, le ZEP et GENESIS y sont tous passés), l'affaire commençait sous les meilleurs auspices. Mais sans un réel talent derrière, l'entreprise aurait pu tourner court. C'était sans compter sur le flair et le réel amour des 70's de Christofer qui a aligné des compos parfaites, aussi profondes et groovy que les sorties de l'époque.
Il cite volontiers URIAH HEEP, BLACK WIDOW, Jimi Hendrix, le Scorpions 70's, BLACK SABBATH et le DEEP PURPLE des 60's, et on ne saurait vraiment lui donner tort.
Mais à l'écoute de cet album, on pense plus volontiers à un mélange de COVEN, pour cet occultisme de surface, de Stoner light pour le côté gras des guitares, d'ABBA pourquoi pas pour cette voix féminine qui caresse et qui sait aussi se montrer forte... En tout cas, le mélange est sacrément réussi, et Luciferian Light Orchestra se déguste comme un vieil alcool maison retrouvé au fond d'un placard.
L'homme s'est occupé de tout, et y a pris un plaisir certain. Qu'il s'amuse à sonner oriental avec des arabesques discrètes placées sur un rythme appuyé, à la "Kashmir" ("Venus In Flames", ses incantations rauques et son tempo presque sexuel), qu'il se la joue encore plus Heavy que le BLACK SABBATH d'origine ("Taste The Blood Of The Altar Wine", où la voix sonne presque comme celle d'Ozzy), ou qu'il n'hésite pas à verser dans l'émotion mélodique (le superbe "Church Of Carmel", qui approche le Blues de GRAVEYARD sans en oublier le Rock presque Pop), Christofer réussit tout ce qu'il entreprend, et s'éloigne délibérément des rivages symphoniques de THERION. Certes, la patte du bonhomme est bien présente dans les soli, immédiatement reconnaissables, mais même si certaines parties et structures auraient pu convenir à son groupe de base, on comprend toute la pertinence d'avoir sorti ces chansons sous un autre nom.
Luciferian Light Orchestra se termine même sur une orgie sonore qu'on se plaît à imaginer démoniaque ("Dante And Diabaulus"), sur lequel les voix se mélangent en un ballet érotique de luxure, poussées par des riffs tendus et sombres, des choeurs grandiloquents, et une progression constante qui rappelle les horizons de départ du musicien. Epique, fantasmagorique, jouissif, ce morceau est le point d'orgue d'un album quasiment parfait de bout en bout, qui se montre riche, respectueux du passé sans pour autant en oublier son époque, qui déroule autant sur de petites choses catchy et psychédéliques ("Sex With Demons", ou la rencontre entre Devin et COVEN), que sur des pièces plus volontiers groove et sexy ("Venus In Flames", torride).
En somme, une récréation ludique qui se transforme en disque qu'il eut été dommage de ne pas pouvoir écouter...
Si vous êtes fan de THERION, la surprise vous guette. Point d'arrangements grandiloquents ici, point de nappes de claviers pompeux, juste du Rock des 70's traités 2015, avec amour, passion et honnêteté. Si le pari de Johnsson était de nous divertir avec un disque moderne fasciné par le passé, celui ci est gagné haut la main. Rien à jeter, des chansons construites, basées sur des thèmes qui accrochent l'oreille, et qui se veulent faussement simples, tout en se révélant beaucoup plus complexes qu'il n'y parait. Pour un peu, on en ressortirait les amplis Orange, les pattes d'éph', et on partirait sur les routes dans un vieux combi Volkswagen.
Avec une musique pareille dans le huit pistes, on pourrait tailler la route pendant des semaines sans jamais se lasser.
Ajouté : Jeudi 10 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Luciferian Light Orchestra Website Hits: 5522
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