DETACHED OBJECTS (usa) - Detached Objects (2015)
Label : Gilgongo Records
Sortie du Scud : 1er mai 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Punk Hardcore
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 17 Mins
Imaginons que comme ça, en vous réveillant ce jeudi chômé, vous ayez envie d'écouter un truc différent. Pas le genre de skeud que vous mettez d'habitude, non, plutôt un genre d'album qui n'en est pas un, qui se prétend LP alors qu'il ne dépasse pas les vingt minutes. Ca tombe bien, vous n'avez pas envie de faire d'effort ce matin, et vous prétendriez bien avoir briqué l'appart alors que vous vous êtes contenté de passer un vague coup de balai. Alors, soyez heureux, j'ai le machin qu'il vous faut. Un truc faussement léthargique, un peu pataud et feignant, mais qui dit beaucoup plus de choses qu'il n'en laisse entrevoir.
Les DETACHED OBJECTS sont un peu à part. Leur page Facebook ne les présente pas en tant que groupe, mais en tant que "cause". C'est peut être leur façon de voir les choses après tout. Et c'est vrai que quelque part, c'est ce qu'il sont.
Ils viennent d'horizons divers, provenant tous d'autres groupes comme les RUMSPRINGER, AVON LADIES, SOFT SHOULDER ou GAY KISS, mais je ne suis pas sûr que ça soit vraiment important de le savoir. Ils viennent d'Arizona, mais pourraient être européens, hollandais tiens, ou même anglais pour ce dédain le confinant à une morgue revendiquée qu'ils affichent comme un étendard.
Leur premier LP ? Déjà, laissons le éponyme, ça fera un effort de moins à fournir.
Six morceaux, tous imbriqués de deux mots, pas plus. Là aussi, service minimum, faut pas déconner. Et lorsqu'on laisse ceux ci défiler, on imagine bien les mecs dans un vieux local de répète, un peu alanguis sur des canapés défraîchis, avec des bons vieux instruments rafistolés à la hâte avec du chatterton, du scotch ou tout ce qui leur tombe sous la main.
Ils ne se foulent pas, c'est sur. Leur tempo est maîtrisé, un peu traînant, comme cette voix qui semble dire à tout instant, "mais la vie est comme ça, j'y peux rien, et sincèrement, qu'est ce que j'en ai à foutre ?"
Alors on joue, mid tempo pas nerveux, sauf dans un cas bien précis, "Look Away" qui s'envole sur un binaire un peu plus excité que la moyenne. Ca sonne comme les WIPERS ou DRIVE LIKE JEHU, mais juste parce qu'il faut bien faire une ou deux comparaisons.
Tiens, en plus c'est contagieux. Même moi j'ai assuré à peine les bases. Punk Hardcore ? C'était facile, et je suis tombé dans le panneau.
Parce que leur pseudo LP là, c'est tout sauf ça. C'est Rock bien évidemment, Punk plus dans l'attitude don't give a shit que par ses intonations, mais Hardcore franchement, c'était juste histoire de dire que c'est un peu plus violent que la moyenne...
Non, leur EP/LP/Cequevousvoulez, c'est plutôt Garage dans la tête, et les jambes qui flageolent. Les guitares s'amusent bien, tricotent des riffs gluants sur lesquels vient se coller une rythmique bien élastique, le tout à peine soutenu par un chant lointain, distancié dans l'espace et dans la concentration, qui balance quelques lignes vocales qui peinent à s'investir.
C'est compact, clair. Les mecs vont tous dans le même sens, et ça se sent. reste à savoir lequel...C'est clairement et outrageusement fuzzy, la disto sonne sale et mal réglée, mais quand tout le monde envoie le bouzin en même temps, ça décoiffe et finalement, ça donne la pêche ("Hay Maker" et son final aux guitares en unisson, puissant mais simple, ça colle...).
Et pourtant, ça commençait bien minimaliste ("Smell It", et on ne veut pas savoir quoi), avec une ligne de basse que même Sid aurait trouvée trop facile. Note unique, batterie qui rentre comme un cheveu sur la soupe, et puis ça s'emballe, sans prévenir, riff à la SONIC YOUTH un soir de pluie, rythmique qui s'énerve un peu, ça part dans les stridences, et ça revient sur le thème initial, deux minutes et dix secondes chrono en main. Rien de plus à dire.
Mais ce que j'aime par dessus tout la dedans, ce sont ces machins qui ne se pressent pas, comme "Healing Cream", qui prend son temps, et impose un climat moite et un peu sex. Parce que mine de rien, les potes savent distiller des mélodies bizarres, qui prennent la tête dans le bon sens du terme. Ca parait simpliste comme ça, mais vu de l'extérieur, c'est beaucoup plus finaud qu'il n'y parait.
Un peu comme si le YOUTH s'amusait d'un boeuf avec les frangines Deal, pas pressées de repartir, et qui finalement, trouvent la compagnie des mecs assez cool ("Face West"). Cocottes de guitares, sons qui se veulent épars mais en fin de compte assez réfléchis... C'est un peu bancal, mais pourtant carré, réfléchi, mais spontané. L'apanage des musiciens faussement flemmards qui bossent...
C'est en tout cas parfait pour une fin de matinée maussade. On commence à écouter, on se dit qu'on va repartir au lit puisque c'est la seule chose intelligente à faire, mais on reste debout, et on finit par bouger, faire des trucs.
Pas forcément des trucs indispensables et utiles, mais des trucs.
Non, sincèrement, j'aime bien votre LP les gars. Mais vous auriez pu en donner un peu plus, on reste sur sa faim. Faudra revenir. Vous lever pas trop tôt, et envoyer la sauce, en regardant par la fenêtre.
Mais pas aujourd'hui, ça ne vaut pas le coup.
Ajouté : Jeudi 10 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Detached Objects Website Hits: 5640
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