Il est toujours intéressant de se pencher sur les premières parties de groupes phares, comme celles de NIGHTWISH ou SONATA ARCTICA en 2012. Celle-ci répond au nom de BATTLE BEAST. Cette jeune formation finlandaise de Heavy fondée en 2008 a fait sensation en tant que porte-drapeau de la Finlande en remportant le Wacken Open Air International Battle Contest 2010. Après une si belle victoire, s'intéresser à leur premier effort relève simplement du bon sens. Alors que dire du premier opus d'un groupe avec un tel pédigrée ? La "Bête qui Bat" nous propose un Heavy Metal bien composée, marquée par son énergie déchaînée, apte à réveiller le plus atteint des insomniaques, bien qu'assez classique dans le genre. Je vous explique.

Tout d'abord, je tiens à souligner la beauté de cette pochette signée Ismailov. Elle permet de dévoiler le concept de l'album repris par les paroles : la lutte d'un guerrier de la faction de Griffith, un faucon noir, face aux machines pour sauver son royaume et sa belle. Une belle aventure à la production clean, signée Nino Laurenne, qui a déjà travaillé avec AMORPHIS ou OMIUM GATHERUM. Et une sacrée épopée magnifiquement contée par Nitte Valo, qui assure une prestation remarquable au chant. Soutenu de temps à autre par le bassiste Eero Spila sur "Die-Hard Warrior" et "Victory". Un chant puissant et aigu au vibrato magnifique, à la fois baissant le ton sur les couplets ou montant parfois jusqu'à être quasi hurlé ("Stay Black"), voire lyrique ("Iron Hand"). Avec une guest-list pas banale pour la soutenir : Nino Laurenne lui-même, Joona Björkroth (BRYMIR) et Netta Dahlberg (qui a un passé avec AMORPHIS ou ELVENKING) sur "Show Me How To Die" et "Armageddon Clan". Du point de vue des grattes, Anton Kabanen et Jusso Sonnio assurent une performance assez bonne de qualité constante. Ils savent proposer des riffs mélodiques captivants et explosifs par leur énergie. De plus, Kabanen dévoile une certaine virtuosité sur les divers solos et démonstrations parsemant la galette. A la basse, la prestation d'Eero Spila est de qualité équivalente. Soutenant généralement ses comparses, il s'y démarque néanmoins, comme le montre les passages étudiés avec les claviers ("Enter The Metal World", "Show Me How To Die"). Ou encore la mandoline sur "Band Of The Hawk", et son ambiance celtique magnifique. Aux claviers, Janne Björkroth propose un exercice recherché qui établit une atmosphère épique, adaptée au concept. Globalement en retrait, il s'offre toutefois des coups d'éclat splendides : ("Armageddon Clan", "Justice and Metal"). Derrière les fûts, Pyry Vikki impose précisément le tempo adéquat à chaque morceau, avec le souci de la variété. De manière générale, ces arrangements développent un hymne à la bienfaisance et à la puissance guerrière d'une bête prête à en découdre.

Néanmoins, la bête a beau sembler belle et inarrêtable, des accrocs sur son armure viennent sérieusement perturber sa quête : le classicisme des arrangements, leur itération systématique à l'échelle du titre et la structure couplet-refrain trop formatée. Une absence d'inspiration assez décevante, empêchant nos finlandais de se sortir de ce bourbier de formations aux compositions similaires. D'autant plus navrant au vu du potentiel magnifique pressenti à l'écoute de ce disque.

BATTLE BEAST a donc bien mérité son titre. Nos comparses savent livrer un Heavy Metal de bonne facture, avec des compositions agréables et solidement composés, qui se démarque par son énergie particulière. On prend beaucoup de plaisir à partir en campagne au côté de la "bête qui bat" contre le royaume des machines. On soulignera également la prestation particulièrement brillante de Nitte Valo. Malheureusement, c'est au niveau de l'originalité que le disque déçoit. Il ne dépasse pas le cadre d'un Heavy assez classique, qui se démarque peu de ses pairs. Tout de même mes amis, prenez les armes aux côtés de Griffith, au moment même où les machines approchent. Puisse le destin vous êtes favorable. Bonne chance, et à la prochaine !