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RAMONES (usa) - Ramones (1976)






Label : Sire
Sortie du Scud : 4 février 1976
Pays : Etats-Unis
Genre : Punk
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 29 Mins





"Hey, ho, let's go, hey ho, let's go".

De mémoire de teenager, on n'avait pas entendu pareille intro depuis le séminal O Wop bop a loo bop a lop bom bom! de Little Richard. Le genre de truc épidermique, qui réveille toutes tes hormones adolescentes en deux ou trois secondes. Qui te donne envie d'aller upfront, de secouer ta tignasse et de t'ébaubir devant une bande de frisés qui s'agitent comme de beaux diables sur scène. Pas le genre de truc qui excite les friqués uptown, non, ça, ça leur fout les boules, parce que c'est l'appel de la rue. Et la rue, ils n'en connaissent qu'un ou deux blocks, quand ils rentrent chez eux après une fête pourrie de thunes dans le loft d'un ami. Ces gens-là, deviendraient bientôt des yuppies puant le fric et la frime à cent miles à la ronde.
Mais vous savez quoi. Rien à foutre.
Punk, merde.

Oui le Punk, on y revient toujours. Mais le Punk, c'est le Rock des mid 70's, celui qui a poussé tous les FLOCK OF SEAGULLS, YES, KING CRIMSON, GENESIS, et les dinosaures vieillissants PURPLE et LED ZEP vers la sortie. Comme le disait McCartney, Paul, dommage que tout ça se soit fini dans les crachats.
Je ne suis pas là pour faire le bilan d'un mouvement qui aura péniblement dans ses intentions initiales duré à peine deux ans, et encore, si on joue les prolongations. Eudeline et bien d'autres l'ont fait mieux que moi, et l'ont même vécu de l'intérieur. Moi, je n'étais pas né du bon côté de l'Atlantique, et j'étais trop petit. Agglomération moyenne, middle class moyenne, je n'avais aucune chance, c'était cramé dès le départ. So long Johnny...
Mais si je parle de Sir Paul McCartney dans ces lignes, ça n'est pas par hasard, ni par désir de remplissage. Non, lui et ses quatre potes, Stu, Pete, John et George ont connu un début de carrière qui n'avait rien à voir avec la Beatlemania qui allait gangrener leurs illusions et leur système nerveux quelques années plus tard. Au départ, ils n'étaient que des musiciens de dance hall, qui se voyaient proposer des tournées miteuses en Ecosse ou en Allemagne, de quoi péniblement gagner de quoi bouffer et dormir dans des chiottes. Lors d'un de ces périples sans le sou et aux douches épisodiques, leur vint l'idée saugrenue de prendre des pseudos. L'un rendit hommage à un obscur peintre, l'autre à un musicien célèbre, et McCa, décidemment très caliente, se dit qu'une consonance hispanique lui siérait à merveille. Il injecta un peu de moustache virtuelle dans son visage poupon et devient Paul Ramon...
Anecdotique n'est-ce pas ?
Pas tant que ça.

En 1974, on se fait chier ferme à New York. Pas grand-chose à faire à part glander, user des singles lors d'après-midi interminables, et râper ses fonds de culotte sur les bancs d'un lycée de Forest Hills. Alors, quand on est jeune et désœuvré, quelle autre alternative que la musique, si on ne veut pas finir à l'usine, en taule ou dans la rue ? La rue, on y est bien assez déjà, alors autant apprendre à jouer d'un instrument pour passer le temps, et accessoirement, singer ses idoles de toujours...
C'est ce qu'ont dû se dire quatre branleurs un peu plus abruitistes (A – préfixe restrictif) que la moyenne en cette belle année flirtant avec la moitié d'une décennie complexe. Vietnam, Nixon près de la sortie, Watergate, Lennon qui se barre en couille lors d'un lost weekend, Bolan/Bowie, choc pétrolier, tensions avec le Moyen Orient, guerre froide qui ne se tasse pas... La vache, mais qu'est-ce qu'on peut faire dans un monde si triste qui n'offre que peu de solutions ? Attendre le disco ?
Pas question. Parfois, dans la vie, il suffit d'avoir UNE idée, et d'aller jusqu'au bout. Certains l'ébauchent, d'autres la fantasment, et quelques-uns la concrétisent, sûrs de leur fait.
Punk ?
Pas tant que ça...

Quatre potes se disent un jour que finalement, faire partie de la même famille, c'est cool. Alors se rappelant de ce fameux alias de McCartney dans les années 50, ils s'unissent sous une bannière fraternelle, comme ça, pour déconner, et adaptent le pseudo à leur nouvelle fratrie. Et de facto, deviennent les faux frères RAMONES. Johnny, l'aîné, chope la guitare, aidé dans un premier temps par le benjamin Dee Dee, avant que ce dernier ne décide que la basse, c'est vraiment cool. Joey tape sur ses futs, mais se lasse et finalement, monte au créneau avec son micro, l'air dégingandé et la mine canine sous ses longs cheveux frisés. Et finalement, c'est Tommy, le "cadet" qui se collera aux fûts. Ça fait du bien de cogner après tout, et pas seulement sur une salope avec une batte de base-ball. Dès les débuts, ils balbutient leur répertoire sur les scènes genre CBGB's. Ils ne sont pas encore bien rodés, ont un peu de mal, mais déjà, ils manifestent une énergie hors du commun, et affirment une identité qui fera date dans l'histoire. Ils s'en foutent royalement, n'ont pas de crédo, et se contentent de jouer, vite, fort, et pas longtemps.
Démos, gigs, glandage en règle, ils tournent en rond mais tournent rond et finalement, décrochent un deal avant tous leurs petits copains, qui formeront quelques années plus tard l'avant garde d'un mouvement que tout le monde se plaît à décrire comme étant "Violemment intellectuel". Patti, Tom, les contemporains, les regardent un peu en biais... Pas vraiment poètes ces gars-là, qu'est-ce qu'ils racontent ? En plus, on ne pige rien à leur musique, elle va trop vite, c'est trop simpliste...
Simpliste ? Non, simple... Et ce sont justement leurs premiers qui vont mettre le feu aux poudres.

En 1975, une démo, comme ça, par hasard. "Judy is a Punk ", "I Wanna Be Your Boyfriend ". Punk ? C'est quoi ce mot ? Punk magazine, mais je veux dire... Des paumés, des junkies, des losers ? Non, mais des gens différents, qui jouent une musique différente. Sauf que les RAMONES eux, se contentaient d'adapter leurs goûts à leur caractère et à leur tempérament. Alors forcément, ça allait beaucoup plus vite...
Seymour Stein de chez Sire, se gratte la tête... Merde, ce mec produit des groupes de Prog' européens, et on lui conseille d'offrir l'asile sur son label à ces quatre crétins qui n'ont de progressif que leur chevelure qui tombe sur leurs épaules... Mais bon, après tout, qu'est-ce que ça coute, il sera toujours temps de les virer manu militari si ça ne marche pas...
Craig Leon prend des risques, il pousse pour que ces aboyeurs puissent s'exprimer, et joue sa tête sur ce coup de poker.
Ok, on y va. Mais on part pour un simple, faut pas déconner non plus. Tiens, "You're Gonna Kill That Girl", c'est bon ça coco, ça fera l'affaire... Mais même avec leur air niais et leur vue basse, le groupe ne plie pas. Ils veulent un longue durée, un 45T, c'est pour les feignasses. Fallait en avoir dans le jean troué pour imposer un LP à un label qui ne croit pas encore en vous. Mais aussi risqué que fut le pari, il fut remporté haut la main. Les RAMONES entrent en studio pour enregistrer leur premier album. Sans se douter bien sûr qu'il serait un jour considéré par les académiciens marginaux du Rock comme un des plus grands "premier album " jamais balancé sur le marché ?
Emphatique ?
Pas tant que ça...

Mais bon, franchement, une fois dans les cabines, les pontes allaient forcément s'apercevoir de quelque chose... Des morceaux de moins de deux minutes ? Un up tempo qui ne faiblit jamais ? On est en plein Prog' boom les gars, vous n'êtes pas sérieux... Et puis c'est quoi cette musique, du Punk, encore ? Ça veut dire quoi ?
Le problème est venu de là. Car les RAMONES étaient des Punks dans l'esprit, dans l'attitude, mais ils ne l'étaient pas dans leur façon d'appréhender la musique. La musique, c'est tout ce qu'ils avaient, alors fallait pas déconner avec ça.
Ce Ramones, fera couler beaucoup d'encre. A cause de sa simplicité néanderthalienne, de ses lyrics un peu louches, à base de came, de prostitution, de violence et même de nazisme. Alors que Sid ne se baladait pas encore avec son T-Shirt rouge flanqué d'une croix gammée noire, Johnny, Dee Dee, Joey et Tommy ne voulaient déjà plus se balader avec personne. Alors pourquoi tout le monde voulait se balader avec eux ?
Quatorze morceaux, même pas une demi-heure. A la lumière des standards de l'époque, c'était d'un ridicule confondant, une hérésie. Trente minutes, c'était une face de YES, quasiment un seul morceau construit sur une multitude de thèmes qui s'imbriquaient. Mais les chansons des RAMONES étaient de vraies chansons, pas des délires masturbatoires pour égos en manque de flatterie. Et puis la masturbation, Dee Dee connaissait déjà, et la monnayait dans les rues à quinze ans. Triste ? Possible. Mais sans doute faux.

Avant de s'envoyer ce cri primal dans les oreilles, il fallait d'abord encaisser le choc de la pochette. Le groupe, une fois de plus sous l'emprise esthétique de Liverpool, 1963, voulait un démarquage du noir et blanc de With The Beatles.

Des test series sont faits, mais non, ça ne fonctionne pas. On comprend la démarche, mais les RAMONES ne sont pas les BEATLES, ils doivent rester eux-mêmes. Alors OK pour le N&B, mais on va procéder autrement. Sire rachète les droits d'une ancienne photo parue dans Punk Magazine, prise par Roberta Bayley, pour un peu plus de cent dollars, sans savoir que celle-ci allait au même titre que les sérigraphies de Campbell Soup d'Andy devenir beaucoup plus qu'une simple enveloppe de disque, mais une icône éternelle. Jeans élimés, mines patibulaires, vieux mur décrépit près du Bowery New Yorkais, on y voit les RAMONES, figés pour l'éternité et tels quels, sans fard, sans trop en faire. Cette photo deviendra emblématique pour le groupe, de son design à la position des mecs sur le cliché, et influencera tout le graphisme de leur carrière, ainsi que celui de dizaines de groupes par le monde.
Cover band ?
Pas tant que ça...

Une fois la rondelle de vinyle sortie de son écrin, la musique allait faire le reste. Elle allait squatter les mange-disques, les pick-up, les platines pendant des heures, non pas parce que ses méandres étaient complexes, mais parce qu'on avait jamais entendu un truc pareil.
Car après tout, qu'est-ce que la musique des RAMONES ? Ça paraît simple comme question, simple comme Punk d'ailleurs. Oui, sauf qu'il n'y avait pas grand-chose de Punk coincé dans ces sillons noirs. Les RAMONES, c'était la fascination des 60's, des girls band, du doo-wop, des mélodies sucrées des BEATLES, SUPREMES et autres propagateurs de joie de vivre. C'était du surf joué à la vitesse d'un accro au speed, des chansons foncièrement Rock, aux thèmes simples, et expulsées avec une rage et une conviction qui faisaient défaut à tous les groupes de cette époque. Si être Punk c'est assumer son amour pour la Pop, tout en la jouant sans complexe de façon radicale, alors oui, les RAMONES étaient Punk. Mais quel que soit le titre que vous piochiez au pif, c'était un hit, un truc à la Spector avec la rage des SONICS. Une très bonne copie des BEACH BOYS version street cartoon.
Plus que ça, c'était une urgence, là, tout de suite, et pas plus tard. Vous vous souvenez, je veux dire, "O Wop bop a loo bop a lop bom bom!" ? Ben là, c'était pareil, c'était le cri de ralliement d'une jeunesse qui n'attendait que ça, comme ses grands frères ou ses parents dans les 50's. On y va ? On y va.

"Hey ho, let's go, shoot'em in the back now, what they want, I don't know, they're all revved up and ready to go!"

"Blitzkrieg Bop". Qu'est ce qui n'a pas été dit là-dessus ? Pas grand-chose. Oui, je le conçois, il est difficile de croire que ces grands machins en perfecto et jean troué étaient des fans des BAY CITY ROLLERS. Et pourtant, quand Tommy a écrit ce titre et que Dee Dee y a mis son grain de sel, c'était leur réponse aux hymnes adolescents pré pubères que les proprets ricains balançaient à tour de bras au Top of the Pops. Si je vous jure, c'est Joey lui-même qui le dit !
"Je ne veux pas casser le mythe, mais à l'époque, on aimait vraiment la musique bubblegum, et surtout les BAY CITY ROLLERS. Leur chanson "Saturday Night" était vraiment un hymne, alors nous aussi on voulait une chanson qui soit un hymne... "Hey, Ho, let's go"... Voilà, "Blitzkrieg Bop" c'était notre "Saturday Night".

Alors à partir de là, pas grand-chose à rajouter... Premier single, premier titre de l'album, ce sont des choses qui marquent quand même. Et ça, tout le monde pouvait le remarquer, même un éminent Rock Critic comme Philippe "je sais tout et même le reste" Manoeuvre, qui pourtant les a détestés cordialement au point d'y voir une dimension bande dessinée, pourtant très légitime ET enthousiasmante. Bah oui mon gars, les RAMONES, c'était du cartoon, mais un dessin animé de rue, un vrai. Mais on ne peut pas toujours avoir raison mon cher...

Plus généralement, il y avait quoi sur ce premier LP de moins de trente minutes ? D'abord, l'ossature. La guitare de Johnny, aussi brute et sommaire que celle de Link Wray, qui passait son temps à tronçonner trois accords barrés en barré, l'index tendu qui finirait même par rester horizontal à force d'être appuyé sur le manche. Un solo ? Mais pourquoi faire ???? Non, que dalle, la disto à fond, le Johnny isolé sur le canal gauche, le reste des mecs sur le droit, et c'est très bien comme ça.
La basse de Dee Dee bien sûr, sur laquelle il composa ses morceaux bien avant que Steve "Maiden" Harris n'en fasse de même. Même topo évidemment, trois notes, un instrument porté très bas, une gestuelle qui inspira John "Sid " Vicious deux ans plus tard.
La batterie de Tommy, qui raccrocherait les baguettes quatre ans après la formation du groupe, suite à un ultime concert au CBGB's, le 4 mai 1978. Cet up tempo diabolique, avec ses doubles croches au charleston et sa grosse caisse presque métronomique. C'est lui qui en concert accélérait les choses au point de faire perdre la tête au public, et qui transformait des salves de une minute et trente secondes en déflagrations de moins d'une minute. The fastest the best. C'est une devise comme une autre...
Sommaire ?
Pas tant que ça...

A part cet anthemic "Blitzkrieg Bop", quoi d'autre ? Le plein s'il vous plaît.
"53rd & 3rd", le coin des jeunes mecs qui voulaient gagner un peu de thunes en vendant leurs attributs et un peu de leur amour. La légende tenace raconte que Dee Dee lui-même a connu ce croisement de très près pour payer sa dope, mais personne ne saura si c'était la vérité ou juste un fantasme. Et il n'est plus là pour confirmer ou infirmer l'info. C'était un des rares morceaux lent de l'album, mais pas un des plus mauvais. Un des plus sincères en tout cas.
"Judy Is a Punk " bien évidemment, qui lança des interrogations... Punk ? Mais qu'est-ce que c'est ? Ne vous inquiétez pas, vous le saurez bien assez vite... D'ailleurs, Sheena allait très vite remplacer Judy, mais elle, c'était une Punk Rockeuse. Plus précis.
"Now I Wanna Sniff Some Glue", parce qu'il y en avait marre des morceaux qui commençaient par "I Don't Wanna...". Sans déconner, c'était plus positif là, même si un Dee Dee hilare allait préciser qu'il avait arrêté ce petit jeu quand il avait huit ans. Mais certains s'ennuyaient encore tellement qu'ils continuaient d'inhaler les vapeurs gluantes... Johnny en dira, un peu plus tard :

"On ne pouvait pas écrire sur les bagnoles ou sur l'amour, alors on chantait ces trucs, comme sur le fait de sniffer de la colle. On trouvait ça marrant. En fait, on aurait pu écrire sur n'importe quoi je crois."

"I don't wanna walk around with you
I don't wanna walk around with you
I won't wanna walk around by you
So why you wanna walk around me ?"


Oui en effet, c'est stupide. Mais qui a dit que le Rock devait être intelligent ? Lennon, Dylan, Cohen, Gabriel ? Corrigez-moi si je me trompe, mais ils ne venaient pas de New York ces gars-là, si ? Les RAMONES si, ils y trainaient encore adolescents, alors quel mal y avait-il à ne pas vouloir se balader avec un casse couilles ?
Et quel mal pouvait il y avoir à reprendre un standard dansant de Chris Montez, "Let's Dance" ? Absolument rien quand on assume son amour pour les 60's...
"I Wanna Be Your Boyfriend", le titre le plus lent du lot, assurait bien lui aussi. Hommage encore une fois à la gloire de la Pop Beatles era, on y trouvait une douze cordes, du glockenspiel... Bornés les mecs ?
Pas tant que ça...

"Loudmouth ", c'était le progressif des RAMONES, rendez-vous compte, six accords !! Et avec "Havana Affair", ça devenait un doublé à 170 BPM, la vitesse de la lumière pour des lyrics toujours aussi simplistes.
Après ? Juste après ?

Pas grand-chose. Cet album qui faisait pourtant pas mal de boucan n'a pas réveillé grand monde. Les critiques étaient mitigées, voire négatives, mais à vrai dire, tout le monde s'en cognait, avec une batte ou pas, et pratiquement personne n'a jugé utile de prendre une plume pour parler de ce disque, au grand dam des pontes de Sire qui finalement, n'en furent pas plus étonnés que ça.

Oui, les mecs trouvaient ça crétin, et anecdotique, comme Manœuvre. Après tour, c'était pas si rapide que ça, trop court, un genre de Pop N'Rock un peu plus idiot que la moyenne. Et puis non, ces paroles répétées en boucle, ces accords simplistes, ce non look passe partout, ça ne fascinait pas.
Mais après tout, peut-on en vouloir à la masse d'avoir trouvé ça trop mainstream pour les tarés, mais trop décalé pour la populace ? Au moins, AC/DC parlait de défonce, de picole, de cul, leur gratteux avait un gimmick et du talent, mais ces quatre cinglés, c'était quoi, la jeunesse américaine blasée ?
Tout sauf ça.

On dit souvent que le premier album du VELVET fut le disque le plus influent de l'histoire de la musique contemporaine. C'est possible, mais ça reste à prouver.
A posteriori, Ramones a fini par ravir ce titre si convoité de LP le plus important. Vous savez pourquoi ? Parce qu'il l'est. Tout simplement.
Plus que du Punk, Ramones, c'était le retour aux racines, la vraie musique des tripes, énergique, urgente, mélodique, comme si les pionniers Rock avaient rencontré les ténors Pop des 60's pour taper le bœuf dans un vieux local pourrave. On écoute un vieux truc surf, on voit qu'une guitare est pendue au mur, on la chope, et puis, "Hey, Ho, Let's Go". A ce moment-là, Dee Dee, Tommy, Johnny et Joey n'étaient pas encore "Gabba Gabba Hey". Ils n'avaient pas encore pris une fusée pour la Russie, qui finalement les emmènerait encore près d'un mur de brique, avec les mêmes fringues. Ils n'avaient pas encore sorti de live supersonique les montrant plus vivants que jamais.
Phil "Wall of Sound" Spector n'avait pas encore pointé un flingue sur Johnny qui arborait sur sa poitrine l'image de sa femme, ni obligé Dee Dee à refaire ses parties de basse plus de cent fois. Bon Ok, pour le flingue, c'est la légende qui parle, pas la réalité. Mais Johnny taquinait trop Joey "le rabbin", Dee Dee s'en envoyait un peu trop dans les narines, et Joey avait des problèmes d'hygiène. Et ça c'est la vérité.

De cette époque, 1976, il ne reste plus rien aujourd'hui. Joey a pris le temps, beaucoup plus tard, de faire un album solo, en reprenant "Wonderful World", et je suis sûr qu'il le pensait vraiment.
Il n'y a pas si longtemps, un artiste s'est amusé à retoucher les pochettes d'albums cultes en y retirant tous les membres décédés.
Sur la pochette de Ramones, on ne voyait plus qu'un mur, vierge, vide. Sur le coup, j'ai trouvé ça super triste en fait. Que ces quatre mecs, ayant enregistré ce que je pense être le disque Rock le plus fondamental et d'influence de tous les temps, aient tous disparu, c'est franchement déprimant. Parce que contrairement aux autres potes qui portaient eux des épingles à nourrice de merde, ils n'ont jamais abandonné, jamais raccroché les gants, ils ont enregistré d'autres albums, jusqu'au bout. Et tout le monde leur a rendu hommage, Lemmy, GREEN DAY, les PISTOLS, les BUZZCOCKS, CLASH, les RED HOT, U2, METALLICA, et des milliers d'autres, moins fameux.

Il n'y a plus que Marky maintenant, qui a pris le tabouret en 1978, sous les conseils de Tommy. Une sacrée histoire quand même. Américaine, et pourtant universelle. En fait, comme dans les cartoons, on pensait les RAMONES immortels, ce qu'ils sont finalement. Ils ne sont jamais morts. Les gens qui restent dans nos cœurs et dont on parle quarante ans après ne peuvent pas juste être mis en terre. Ils sont éternels.

"Tu veux savoir pourquoi Joey Ramone est mon héros ? Parce que des gens comme toi n'ont jamais pu le briser, parce qu'ils ne lui ont jamais enlevé sa liberté d'esprit. Il n'est jamais rentré dans le rang, il n'a jamais abandonné, et il ne s'est jamais vendu, jusqu'à son dernier souffle. Et il n'est pas mort. Parce que les mecs comme lui sont éternels..."

Richard "Ringo" Langly, "The X-Files"
Joey Ramone, 19/05/1951 - 15/04/2001

Triste conclusion ?
Pas tant que ça...



Ajouté :  Mercredi 12 Août 2015
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Ramones Website
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