SUICIDE SILENCE (usa) - You Can't Stop Me (2014)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 11 juillet 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 39 Mins
Forcément, parler du nouveau SUICIDE SILENCE est devenu par la force des choses un exercice de style. On aurait pu s'acheminer tranquillement vers une énumération insipide de clichés sur le Deathcore et la petite forme de Mitch Lucker, mais la vie s'en est mêlée, et il sera bien difficile de ne pas faire d'un tel papier un éloge funèbre. Le passé, on le connait tous. The Cleansing pour émerger, No Time To Bleed pour confirmer, The Black Crown pour évoluer, et la chute, en ce début de soirée de fin octobre. Mitch Lucker perd le contrôle de sa moto, et SUICIDE SILENCE perd le monopole de sa renommée, l'un des artisans de son succès. Combien de fois les membres du groupes ont-ils dû se poser la question de savoir si Mitch aurait aimé que "son" bébé continue à rugir ? Et quelle responsabilité sur les épaules du colosse Eddie Hermina, qui a quitté ALL SHALL PERISH, peut-être la meilleure formation que le Deathcore n'ait jamais connu, pour porter un héritage aussi immense ? La vie est faite de choix que seuls les vivants sauront assumer, et dans un sens, que SUICIDE SILENCE continue est peut-être la plus belle forme de respect que les Californiens se devaient de manifester à leur regretté frontman.
Ainsi arrive You Can't Stop Me, un quatrième full-lenght dont la révélation du titre aura déjà suffi à faire couler bien plus d'encre que nécessaire. Provocation ? Allégeance ? En réalité, les mots viennent de Lucker lui-même, et d'un certain nombre de paroles rédigées de son vivant. Ne voyez donc pas en "Cease To Exist", "Don't Die" ou "Ending Is The Beginning" la moindre forme de défi, même si le contexte fait que cette dernière, tirée de l'EP Suicide Silence de 2005, n'avait peut-être pas sa place ici, pas plus en tout cas que "The Price Of Beauty", "Unanswered", "Wake Up" ou "Lifted". Dans son contenu, You Can't Stop Me remet un peu d'ordre dans les idées boueuses de The Black Crown en s'éloignant de certaines facilités techniques qui faisaient de morceaux comme "You Only Live Once" ou "Witness The Addiction" des chapitres déstabilisants. Certes, il n'y a pas grand-chose de neuf sous le soleil de Californie, mais cet alliage bénin de breakdowns gras, de passages Death et de riffs écrasants entre Neo et Groove Metal font de ce disque une œuvre correcte et un poil plus cohérente que la précédente. En invitant plutôt George "Corpsegrinder" Fisher (CANNIBAL CORPSE) que Jonathan Davis (KORN) sur "Control", SUICIDE SILENCE rappelle surtout que dans "Deathcore" il y a "Death", et dans son ensemble, You Can't Stop Me s'en souvient assez bien. Suffisamment pour évoquer par bribes les éruptions cutanées de The Cleansing. Ce n'était pas toujours le cas, malgré Frank Mullen de SUFFOCATION sur "Smashed". Le songwriting est costaud. Les morceaux judicieusement agencés avec vraiment très peu d'arrangements et de temps morts. Avec autant de bons choix qui se compilent sans s'entrechoquer, les Américains sont peut-être en train d'émettre la preuve que continuer était la bonne décision à prendre. Et s'il y en a bien un qui y est pour beaucoup dans cette réussite globale, c'est Eddie Hermida. Je ne veux pas faire injure à la mémoire de Mitch, et je n'étais déjà pas fan de son chant par le passé, mais quel souffle nouveau balaie cet opus ! Varié, intense, malléable, le chant d'Eddie est assurément la grande force de You Can't Stop Me. Oui, Mitch Lucker avait ce gros truc dans la voix qui a fait la carrière de SUICIDE SILENCE. Mais Eddie a aussi le sien. Il apporte une âme aux compos, une sensibilité aux mots. Il fait littéralement revivre le Deathcore de SUICIDE SILENCE, qui, en dépit de son classicisme, peut hurler à pleins poumons it's good to be alive.
Et ce n'était pas gagné après No Time To Bleed, ni après The Black Crown. Maintenant qu'on peut en juger, on peut aussi l'affirmer : You Can't Stop Me avait vraiment très peu de marge de manœuvre pour être encore mieux que ce qu'il est. Dans un contexte aussi inhabituel, focalisant les attentions plus que de raison, le quatrième album de SUICIDE SILENCE est probablement leur meilleur. SUICIDE SILENCE était Mitch Lucker. SUICIDE SILENCE est Eddie Hermida. Il faudra un peu de temps pour l'accepter, mais ces garçons se sont comportés en vrais professionnels, avec une immense dignité dans le cœur. De son nuage, Lucker doit headbanger comme un fou.
Ajouté : Lundi 10 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Suicide Silence Website Hits: 5550
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