GOATWHORE (usa) - Constricting Rage Of The Merciless (2014)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 8 juillet 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Black / Death / Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 37 Mins
GOATWHORE n'est pas un nom vraiment ronflant. Pas plus qu'il n'est bandant. Mais tout bien réfléchi, si cette increvable mécanique américaine est toujours aussi bien huilée après 17 années de service, ce n'est pas pour ses albums cultes ou ses frasques extra-musicales, mais bien pour sa musique en elle-même, qui n'a jamais ouvert de négociation avec la moindre forme de compromis. Du Death, du Black, du Thrash. Du Metal au sens gras, sale et rugueux du terme. De l'anti-dévotion primaire, une pointe de blasphème, un volcan dans le verbe et une lame dans le riff, les ingrédients réutilisés à l'infini par le combo ne manquent pas d'agacer, autant qu'ils se savourent avec la macabre délectation qu'on leur laissera. Tous leurs albums sont honnêtes. Ni trop timorés, ni trop expansifs. Et de leur discrétion artistique, noyée dans une masse grouillante de symboles et de diatribes, viendra une réputation qui ne sera pas écornée par la sortie récente de Constricting Rage Of The Merciless, un sixième effort studio qui succède au très correct Blood For The Master de 2012.
Qu'à cela ne tienne, GOATWHORE n'a rien perdu de sa superbe, et c'eut été fort étonnant après un premier contact visuel qui confirme nos modestes attentes : fort d'une pochette fouillée (de loin la plus détaillée de toutes), GOATHWORE va faire du GOATWHORE avec par-ci et par-là ce petit grain de sable qui viendra enrayer un rouage trop bien intégré dans la grande horloge du Black / Death Metal. Viscéral, brut et volcanique, le Metal décapant du groupe gagne encore en intensité avec l'arrivée robuste de "Poisonous Existence In Reawakening", son grésillement très Black et sa nervosité toute Thrash. Il faudra attendre "Baring Teeth For Revolt" et son tempo presque Hard Rock pour qu'enfin, les Américains sortent l'une ou l'autre idée neuve de leur inébranlable carapace. Ce ne sont que des détails, et ils sont pour le moins isolés au cœur de cette trackist cendrée, mais ils ont le mérite d'exister et de dépareiller aux côtés de la carnivore "Heaven's Crumbling Walls Of Pity" ou de la saccadée "Nocturnal Conjuration Of The Accursed". Constricting Rage Of The Merciless rebute car il ne laisse rien au hasard, en dépit de compositions qui semblent parfois un peu répétitives, un peu simples. Pourtant, jamais GOATWHORE n'a paru aussi serein et déchainé, se permettant ce fabuleux contraste qui n'existait pas du temps de l'hyperactif Funeral Dirge For The Rotting Sun. Et quand bien même ce sixième full-lenght se rappelle au bon souvenir de leurs intenses débuts, un morceau muri et complet comme "Cold Earth Consumed In Dying Flesh", débutant sur une cadence écrasante puis embrayant à 3'46 sur un rythme décoiffant, est là pour attester qu'après toutes ces années de prêche, GOATWHORE est bel et bien une formation sûre et valeureuse, dont la régularité dans l'effort force une pointe d'admiration. Il y en a pour (presque) tous les goûts, toutes les couleurs. Du basique découle l'accessible, même si à force, le quatuor est surtout devenu synonyme d'efficacité. L'étrange mélodie de "Schadenfreude" ou la brutalité de "Externalize This Hidden Savagery" (qui porte fort bien son nom) nimbée de ce chant Thrash seront en bout de course autant de bonnes surprises qui rendent Constricting Rage Of The Merciless courageusement varié jusqu'à la dernière cartouche.
Et il en fallait une bonne paire pour se livrer autant sans verser dans le bol de l'auditeur circonspect une soupe tiède venue d'un pays froid. GOATWHORE est peut-être, de par sa longévité, son abnégation mais aussi son sens de la performance old-school l'un des rares rescapés du naufrage de l'intégrité. Sans se soucier des tendances mais ayant fait évoluer sa musique avec le temps sans lui ôter sa rage organique, le groupe est une fois encore parmi les plus redoutables prédateurs de son règne animal, avant que ne succède à Constricting Rage Of The Merciless un nouvel opus chargé en testostérone et fleurant bon l'urine de chèvre. Puisque c'est désormais une habitude.
Ajouté : Lundi 10 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Goatwhore Website Hits: 5488
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