PLEURISY aime les visages. Ou peut-être s'agit-il simplement de Chad Michael Ward ? Après avoir représenté en toile de fond de son premier album, Experience The Sacrilege, le visage du Christ imprimé sur le Saint Suaire, les Néerlandais sont passés à la vitesse supérieur en engageant pour leur second opus, Dazed & Deranged, celui qui s'est fait connaitre au début des années 2000 pour avoir signé quelques fameuses pochettes, notamment pour ABORTED (Engineering The Dead), DARKANE (Rusted Angel), NAGLFAR (Diabolical) et SOILWORK (The Chainheart Machine). Partout, des visages. Encore des visages. La peur, la crainte, le doute. Comment comprendre ce qu'ils expriment ? Ecouter l'album en question est un début de solution, mais en ce qui concerne PLEURISY, il ne s'agit pas forcément d'une clé de compréhension. Trop anecdotique. Trop fantomatique. Trop imprévisible. Le groupe s'est séparé en 2008, après dix-huit années de carrière, trois albums, et une réputation qui n'aura jamais pris le temps de décoller, en dépit de planches partagées avec CANNIBAL CORPSE, ARCH ENEMY ou encore GOD DETHRONED.

Est-il pour autant nécessaire de parler de gâchis ? Oui, si l'on considère la participation à ce disque de George Oosthoek, leader des regrettés ORPHANAGE, comme la divine providence qui tombe sur une troupe d'amateurs tel un gain au Loto pour une mère célibataire avec cinq enfants à charge. Il n'y a d'ailleurs que sa prestation étouffante pour sauver de l'anonymat le plus inconfortable un disque de Death Metal qui attend vingt minutes et quatre morceaux avant de faire étalage de son peu de créativité. Nous ne parlons pas ici de CANNIBAL CORPSE, qui fait du CANNIBAL CORPSE depuis 50 ans, qui contente tout le monde en continuant à faire du CANNIBAL CORPSE et qui continuera à faire du CANNIBAL CORPSE jusqu'au tombeau. Non, on parle de PLEURISY, un tout petit groupe Néerlandais qui, dans le contexte de cette sortie, sa deuxième, avait pour obligation de sortir du moule. N'y avait-il pas d'autre alternative que d'attendre l'arrivée massive et mélodique de "The Haunted Past" pour ça ? La banalité étroite de "The Enemy Within" ou le groove hésitant de "My Tyranny" étaient-ils des gages de sécurité suffisants pour un album qui avait tout à prouver ? Non, et il semblerait que sur ce point, PLEURISY se soit trompé en griffonnant sur sa copie un Death brouillon, maladroit et opaque. La profondeur vocale de George (un prénom prédestiné ?) cadre finalement assez mal avec le jeu des instrumentistes, qui n'ont de cesse d'enchainer des riffs évasifs, des accélérations inconstantes, une technique proche de l'à-peu près et de rares envolées mélodiques. Tout ça, à l'image de cette pochette aux couleurs chaudes, sent le Death Metal passé pendant 3 minutes au micro-ondes à 750W sans programme de décongélation. Ce n'est pas déplaisant mais c'est encore moins transcendant. Tout juste les intonations arabisantes de "Bridge Of Fire", dotée d'un métissage sympathique, réactiveront l'attention d'un auditeur perdu dans ses pensées. Après 35 minutes de Death pataud, ce n'est plus vraiment de circonstance, même si l'effort est louable. Ce genre d'aspérité aurait du intervenir bien plus tôt dans la tracklist, en lieu et place par exemple d'un "No Tears For Mankind" deux-de-tension qui s'égare dans une pagaille rythmique totalement improbable.

Compilant les mauvais choix, agglomérant sa timidité maladive et son manque d'expérience flagrant, PLEURISY propose avec Dazed & Deranged un second opus très approximatif, qui se laisse écouter le temps de passer l'aspirateur dans l'appart mais pas plus longtemps, car au-delà, on prend conscience de l'ennui qui nous guette au détour des deux meilleurs titres de cette sortie : "The Haunted Past" et "Bridge Of Fire". Couvert par le bruit de la soufflerie, PLEURISY ressemble presque à un bon groupe de Death. Mis à nu par le silence, il n'en est plus rien. Gardons d'eux une bonne image et passons l'aspi !