ROBOT ORCHESTRA (FRA) - Robot Orchestr3 (2014)
Label : Tornado Prod
Sortie du Scud : 25 janvier 2014
Pays : France
Genre : Post-Rock
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 40 Mins
Peu de tintements seront aussi assourdissants que celui du silence après le passage de Robot Orchest-rois. Trois comme les composantes de cet album ; Steve Perreux (guitare, basse et chant), Dimitri Chaillou (batterie, guitare, claviers et chant), Johan Gardé (violon, claviers et trompettes). Trois comme le nombre d'albums dans la discographie des Rochelais. Rois comme cette souveraineté turbulente qui régit un disque aux contours volatils. Il suffira d'un souffle pour que cet écran de fumée se disperse et ne laisse derrière lui plus qu'une odeur manifeste de chairs brûlées. Dépositaire d'un Post-Rock brumeux et lascif, ROBOT ORCHESTRA est une étreinte de nostalgie dont la musicalité ne saurait faire ombre à une technique (vice de procédure ou véritable harcèlement moral) qui n'est pas sans évoquer, au loin, l'œuvre torturée mais lumineuse d'un certain... PINK FLOYD !
L'homogénéité de cette œuvre est tout à fait relative. On se souviendra par exemple de "Sunday Hungover", de son tempo sautillant et de ses violons cycliques, mais pas d'"Invisible Smoke", dont le travail est de faire tomber sur Robot Orchestr3 une véritable purée de pois londonienne. Du spoken word pathologique des premières secondes à la déflagration stridente de guitares vers 5'30 en passant par les gémissements du violon en toute fin de compo, il y a sur cette ouverture un brin d'harmonie stratosphérique qui propulse cet opus dans un univers cotonneux et imprévisible. On peut regarder ce disque comme un film d'auteur ou le lire comme un roman poussiéreux. La vérité, c'est qu'il y a 7 "chapitres" qui s'agglutinent sur 40 minutes et 3 mecs qui sévissent, réussissant avec "Crossroads" la symbiose impossible entre le "Life In Technicolor II" de COLDPLAY et le "Just For A Moment" d'AUSTERE. Au gré de l'imagination de chacun, Robot Orchestr3 réveille sonorités et souvenirs sans jamais se greffer sur une influence type. Ainsi, dans ce registre Post-Rock ignifugé et éthylique, les Rochelais ont assurément trouvé leur identité, naviguant entre poésie, métaphores et allégories, le tout enrubanné dans un écrin d'une délicatesse graphique saluable. L'idiome de cette communauté de marginaux du Rock, c'est que la fragilité de leurs efforts peut à tout moment se dérober et créer un véritable malaise antiartistique. Ce n'est pas le cas ici, car que l'ambiance soit délétères ou caniculaire, il y a cette sensation de bloc, d'imperméabilité, comme si ROBOT ORCHESTRA évoluait à trois dans une bulle percée d'alcôves gantées pour laisser l'auditeur les approcher, et faire son travail d'auditeur avec la proximité qui doit être la sienne. Mon seul problème, en tant que chroniqueur, est de ne pas pouvoir parler de guitares "tranchantes" ou de chant "délicat" puisque ces qualificatifs si génériques ne pourront faire honneur à un album plaisant et surtout, d'une singularité troublante.
Rien n'est fait pour qu'on se souvienne de Robot Orchestr3 sur la durée, et c'est finalement l'Italie qui nous apportera les clés de compréhension de ce full-lenght, par le biais d'un homonyme dont on ne soupçonnerait pas la justesse en France.
Robot Orchestr3 è un fantasma.
fantasma : (nom commun, fém.)
1. Fantasme
2. Fantôme
Ajouté : Dimanche 09 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Robot Orchestra Website Hits: 5596
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