Ce n'est pas l'ambiance des fêtes de Bayonne. Encore moins celle d'Intervilles. Pourtant, BLOODSPOT a un point commun avec ces deux évènements. Un point commun... cornu. Après avoir fait dans le meurtre via Embrace The End en 2011, ces allemands assument enfin leur paire de couilles et veulent prendre le taureau By The Horns en 2013. Dont acte, surtout dans un pays très peu concerné par les problèmes éthiques soulevés par la pratique de la corrida. L'Allemagne a d'autres soucis en tête, comme par exemple de savoir qui va prendre la relève de son "Big Three Of Teutotic Thrash" une fois que Tom Angelripper, Mille Petrozza et Schmier auront rendu les armes, ou pire encore, qu'ils les auront passées à gauche. BLOODSPOT candidat ? BLOODSPOT potentiel successeur ? Manifestement, ce n'est pas le moment, d'autant que ce second opus va envoyer le quintet germanique faire campagne en... Amérique !

Tout se perd ! Avec un tel patrimoine "thrashistique" derrière lui, BLOODSPOT avait le devoir moral d'honorer ses aïeuls. Et quels groupes ne devine-t-on pas derrière By The Horns ? Je vous le donne en mille Emile : SLAYER, ANTHRAX, DEATH ANGEL, EXODUS, TESTAMENT. Avec une lichette de LAMB OF GOD et de PANTERA sous le derme. Au moins, le choix est tranché. Même pas l'ombre d'un riff SODOMite au hasard d'un "Death Illusion" fourre-tout. Ô tristesse. Plus sérieusement maintenant (car oui, BLOODSPOT est bien libre de faire ce qu'il veut après tout), on appréciera forcément chez By The Horns une vitesse d'exécution ébouriffante, boostée par la voix profonde (et presque Death) de Peter Kunz. Ce gène de nervosité universel qui est omniprésent dans l'ADN de ce groupe est bel et bien la raison pour laquelle on tapera du pied aussi souvent, malgré le peu d'originalité d'un morceau introductif comme "And They Brought Gold". C'est d'ailleurs à n'en pas douter le seul défaut de ce disque, qui brode son Thrash Metal d'un fil fragile, à deux doigts de rompre quand l'ennui se pointe autour de "Death Down There Hold My Approach". BLOODSPOT est une formation très professionnelle mais désespérément fade, se contentant de brefs épisodes en simili-mid-tempo ("Burst Black", "Enter The Gray", "Volcanos") pour tremper sa tartine de Thrash dans un fond d'eau tiède vaguement groovy. Alors oui, on devine dans la foulée un fond de commerce texan (PANTERA encore ?) soutenu par ce crâne de buffle représenté en couverture, mais c'est surtout une façade visuelle, car en musique c'est Waterloo morne plaine. Il ne se passe pas grand-chose sur ce second opus, (trop) propre, (trop) appliqué, sans un mot de travers, sans une composition forte. Les teutons ont déroulé, avec toute l'intensité qu'on aime dans ce Thrash teinté de Death et toute la banalité qu'on n'aime pas dans ce Thrash teinté de Death. Une non-performance (à ne pas confondre avec contre-performance !) qui rend caduque la production de Markus Teske (EXHUMER, U.D.O...).

BLOODSPOT voulait prendre le taureau par les cornes ? Tout juste peut-on parler d'une vachette un peu nerveuse, pas très à l'aise à l'idée de se donner en spectacle. Certes, By The Horns vainc plus qu'il ne convainc, mais c'est surtout avec facilité, fort d'une aptitude à jouer du Thrash sans faire un vrai effort d'écriture derrière. Une victoire facile face à un taurillon fragile, confirmant la maxime selon laquelle à vaincre sans péril on triomphe sans gloire.