WE ALL DIE (LAUGHING) (FRA/be) - Thoughtscanning (2014)
Label : Kaotoxin Records
Sortie du Scud : 14 janvier 2014
Pays : France / Belgique
Genre : Metal avant-gardiste
Type : Album
Playtime : 2 Titres - 38 Mins
On peut imaginer mille et une choses à propos de Thoughtscanning.
Qu'Arno Strobl avait besoin de s'avouer certaines choses. Que cet album, s'il pouvait se regarder dans un miroir, ne reflèterait qu'un spectre de lumière invisible, un noir plus noir encore que l'âme de l'homme. Que la MALADIE de Déhà a fait que... WE ALL DIE (LAUGHING) en est peut-être déjà arrivé à un point de non-retour. Que le pentacle inversé gravé sur son bras gauche est un indice quant à l'énergie obscure qui sonde les entrailles de ce gros tas de fumier organique, comme une l'âme de fond qui reviendrait sans cesse pour nous dire "ne te retourne pas, je suis juste derrière toi". Autant d'hypothèses qui font de Thoughtscanning une œuvre absolument viscérale, vibrante, qui aura ensoleillé le mois de janvier 2014 de sa luminosité morbide. Après tout, à part les mouches, rien ne pourra venir troubler notre pâleur cadavérique quand nous serons partis. Et parti, ce duo l'est déjà un peu.
Où et pourquoi ? Deux questions dont il faut se méfier. Deux hommes dont il faut se méfier. On connaît tous Arno Strobl, le farfelu, l'excentrique, le multitâche. CARNIVAL IN COAL, 6:33 & ARNO STROBL... Tout ça n'a plus besoin de courbettes. On connait moins Déhà, son complice d'un jour au sein de WE ALL DIE (LAUGHING). Si complémentaire qu'on dirait son complice de toujours. Déhà, le mystérieux, le ténébreux, le multitâche. Une quinzaine de groupes fréquentés, un penchant avoué pour les musiques torturées, comme en atteste différents projets tous très aboutis : INNER LUMINIS, YHDARL, MERDA MUNDI... Et il aura fallu attendre 2014 pour se masturber les oreilles sur leur album commun ? Sans déconner.
Le problème, c'est qu'on n'a pas de temps. Pas de temps à perdre avec Thoughtscanning, qui prend un malin plaisir à ne jamais aller droit au but, passant par des portes dérobées, des passages secrets, des trappes poussiéreuses pour faire son œuvre. WE ALL DIE (LAUGHING) s'immisce dans notre cerveau dès les premiers accords de "Thoughtscan", un morceau central long de 33 minutes seulement accompagné d'une reprise du "Back To Black" d'Amy Winehouse, péripétie marginalisée. 4'18, premier tournant. Un cri déchirant lance cet opus sur la piste d'un Black Metal atmosphérique, épique, au charme rompu intelligemment par la voix posée d'Arno qui alunit sur de beaux riffs mélodiques. Rupture rythmique autour des 8 minutes, et il n'y a guère plus que le vent tourbillonnant des guitares pour accompagner un pattern de batterie léthargique. Quelques relents Post-Hardcore plus loin (9'35), Thoughtscanning entame sa métamorphose. Mieux encore : il la poursuit. Car en vérité, cet album est un caméléon de la première à la dernière seconde, alternant, brassant, balayant différents courants musicaux, du Post-Rock au Jazz en passant par du Drone, du Stoner, du DSBM, du Funeral Doom, de l'Ambient, du Dark, du Post-Hardcore. On n'y trouve aucune logique d'écriture, aucune pensée fixe. Seules les émotions primitives et instinctives du duo prévalent, et la force de cet opus réside en ses capacités de transmission. Il infuse dans notre esprit et se nourrit de nos souvenirs. Certains riffs évoquent l'angoisse, la décadence, certaines voix le malaise, la saleté, certains arrangements la quiétude, l'introspection, jusqu'à ce point de jouissance qui orbite autour de la 22ème minute avant un ultime coup de rein, un rappel efficace et symphonique qui achève la bête sur un ultime crescendo, tremblant, comme prisonnier à perpétuité d'un delirium tremens. Retour des arpèges des premières secondes. La boucle est bouclée, n'y pensez plus.
Mais n'y plus penser est une épreuve de force, tant l'instinct de mort crasse qui régit Thoughtscanning est intense. Ce sont des milliers d'insectes visqueux qui rôdent sur votre peau. On veut s'en débarrasser, frénétiquement. De squames en épiderme, c'est notre enveloppe charnelle qui y passe peu à peu, se consumant au rythme des crises de "Thoughtscan". Du rouge, du sang, les nerfs à vif, le cerveau en vrac, nous rions de bon cœur à l'approche de la mort, que WE ALL DIE (LAUGHING) aura essayé de rendre moins agréable, avec succès.
Ajouté : Jeudi 06 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: We All Die (Laughing) Website Hits: 5516
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