MEMORIES OF A DEAD MAN (FRA) - Ashes Of Joy (2014)
Label : Send The Wood Music
Sortie du Scud : 14 avril 2014
Pays : France
Genre : Post-Hardcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 57 Mins
Sous l'immaculé, le miasme. Ashes Of Joy, c'est le cadavre dans le placard. Rien ne me plait dans cet album... Je n'ai pas envie d'en ouvrir les portes. Aucun besoin de savoir à qui appartient le corps, pas même l'ombre d'une curiosité morbide. Et ce depuis V.I.T.R.I.O.L. en 2012, un second album abrasif qui m'a profondément convaincu de la barbarie musicale des franciliens de MEMORIES OF A DEAD MAN. Pourtant, que d'attrait pour la putréfaction, que d'hypnotisme face à la masse grouillante d'asticots. On résistera, mais pas longtemps. L'espace d'un instant, histoire d'enclencher un ersatz de préparation mentale, puis on cède. Ashes Of Joy, c'est plus fort que tout, mais pas tant que ça. Synthèse organique de Rock, Hardcore et Metal, brodé de différents fils, à analyser sous différentes coutures, il est l'album extrême du temps présent, symptôme d'une plongée dans les abysses d'un marasme cérébral dont on ressurgit forcément un peu chamboulé.
Les murs vibrent, la terre tremble. La résonnance dont fait preuve "Melancholia" est ce genre de séisme dont on raffole. Epique, torturée, soupe-au-lait, cette composition fait du MEMORIES OF A DEAD MAN 3.0 un repère d'aliénés. Les nerfs à vif, le groupe fait parler ses pulsions via un Post-Hardcore pachydermique nimbé de Sludge baignant dans un Rock atmosphérique lancinant ("Touched With Pensiveness" en est un amalgame saisissant) avant de croquer de l'Excedrin pour faire passer sa migraine. Le corps s'engourdit alors d'une sensation lénifiante qui le projette dans un état second en cas d'abus, et c'est exactement ce qui arrive sur cet album, quand "Wounded Knee" s'achève avec tranquillité, quand "La Nausée" passe à force d'anesthésie rythmique, quand "The Swan's March" nous enveloppe de sa chaleur vocale et de son confort technique. Ashes Of Joy devient parfois un cocon que Pierre Duneau se fait un plaisir de démolir, de sa voix rocailleuse et massive que nous permet d'apprécier le débit très lent des paroles. Musicalement parlant, il est incontestable que MEMORIES OF A DEAD MAN, au bout de trois albums, a trouvé son identité et qu'il ne s'agit plus d'une créature hybride à mi-chemin entre NEUROSIS, TOOL, CULT OF LUNA, MASTODON (et j'en oublie tellement). Néanmoins, les franciliens n'échappent pas tout à fait à leur passé et évoluent parfois sur un faux rythme ("The Fall Of Dog : Maelstrom Involution") qui pénalise la fluidité très relative de l'opus. La corde sensible qui relie les compositions se fait épisodiquement asticoter par une façon d'écrire et de jouer loin des conventions terrestres, ce qui, j'en conviens, est le credo absolu de MEMORIES OF A DEAD MAN et du fantasque Ben Debrun, compositeur inspiré s'il en est. Mais, car il y a un mais, Ashes Of Joy n'en ressort pas toujours bénéficiaire, souffrant notamment de son jusqu'au-boutisme assumé dont il est difficile de se laisser imbiber entièrement. On est obligé de se freiner, de peur de basculer dans un univers que ni eux ni nous ne contrôleraient.
L'excentricité de cette œuvre, sa noirceur, sa candeur trompeuse, sa décadence orchestrée en font une sortie particulièrement remarquable, toute de calme et de tempête rythmée. Un caractère fort qui ceint une sensibilité à fleur de peau, voilà de quoi MEMORIES OF A DEAD MAN joue surAshes Of Joy, qui répond parfaitement aux exigences de ce microcosme Post-que-sais-je, pas toujours identifiable mais délicieusement régressif. Rien ne me plait dans cet album. Je maintiens. Car je sens qu'il cherche à aller au plus profond de moi... comme de nous tous.
Ajouté : Jeudi 06 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Memories Of A Dead Man Website Hits: 5124
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