ATROPHIA RED SUN (pl) - Twisted Logic (2003)
Label : Empire Records
Sortie du Scud : 25 juillet 2003
Pays : Pologne
Genre : Cyber Death Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 55 Mins
2003 ou la bonne vieille époque de Skyblog. Je me souviens parfaitement de cette ébullition, quand tout le microcosme métallo-boutonneux se branlait la nouille sur ATROPHIA RED SUN, la nouvelle pépite de Death Metal venue de Pologne. Les articles qui vendaient les vices et les vertus de Twisted Logic pullulaient tels des Lucilia Ceasar autour d'une bonne bouse de vache fumante et Adipocere n'aura pas tardé à mettre le grappin sur ces polaks, distribuant un an plus tard leur méfait dans toute l'Europe et en Amérique du Nord. Dix ans plus tard, le culte n'est plus tellement culte et le légendaire s'est évaporé dans la nature, emportant avec lui Twisted Logic, un disque révolutionnaire pour son temps et dont l'originalité intemporelle est toujours susceptible de faire mouche, malgré les bâtons qu'une décennie d'absence aura cherché à lui planté dans les roues, et le dos.
On peut désormais en parler avec du recul, sans risquer de vexer les rares membres de l'époque encore en activité (notamment dans NAUMACHIA et SCEPTIC), ni les fans, dont l'engouement est forcément retombé face à la prolifération de groupes de Death tout aussi barrés. On adore désormais ANTIGAMA, FUCK THE FACTS, BETWEEN THE BURIED AND ME, autant de formations qui ont pris la relève de ce trip Death Metal barré, progressif, expérimental, parfois zébré de Grind mais toujours trop loufoque pour qu'on s'en tienne aux étiquettes. En ce sens, ATROPHIA RED SUN, sans être le précurseur du siècle, a enfoncé quelques portes barricadées, principalement grâce au synthétisme de leur Cyber Metal, qui a trouvé son yang idéal dans le Death Metal qui constitue l'ossature rythmique et stylistique de Twisted Logic. Aussi froid et machinal qu'original, cet album développe au fil des minutes un comportement presque manichéen dans son opposition primitive entre l'organique (Death) et le synthétique (Cyber). Le résultat n'est pas toujours très agréable à écouter ("Code Word (Personnal) Cold World") et dérange bien souvent l'oreille non-exercée à ces arrangements techno-extraterrestres. Fort heureusement, l'expérience de ces garçons en matière de Death Metal n'est pas à prouver et on redécouvrira avec grand plaisir la prestation vocale instinctive de Covan, lui qui aura échappé quatre ans plus tard au fatal accident de bus de DECAPITATED dont il était chanteur entre 2005 et 2007. Le riff est globalement puissant, tantôt thrashy, tantôt indus (comment ne pas penser à SCORNGRAIN sur un morceau tel que "Inspiration" ?), tantôt parpaing dans ta gueule. Le problème, c'est que VX The Mind Ripper (le mec masqué) derrière ses claviers est constamment en train de bidouiller des arrangements futuristes et qu'à la longue, on ne peut que lui conseiller de retourner faire un tour sur sa planète histoire de laisser guitares, basse et batterie faire leur petit effet tranquillement. ATROPHIA RED SUN est dans l'exagération, l'outrance, le surplus.
Créativité oui, mais pas à n'importe quel prix. Je comprends qu'on ait pu trouver cet album moderne et novateur au moment de sa sortie. Encore aujourd'hui, en 2014, il possède ce petit je-ne-sais-quoi de jusqu'au-boutisme autiste qui le rend fatalement unique. De là à le trouver fabuleux, il y a de nombreuses étapes spirituelles à franchir. Car la créativité n'est pas toujours le bouclier de l'à-peu-près, et si Twisted Logic est effectivement déluré en surface, en profondeur, il s'assemble bien mal. Sans cohérence stylistique ni ligne de conduite clairement définie, c'est tout de suite moins drôle. Et avec dix ans d'âge dans la tronche, inutile de rajouter que ce bijou de technologie pour l'époque est désormais un caillou obsolète.
Ajouté : Mercredi 05 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Atrophia Red Sun Website Hits: 5564
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