RED DEATH (usa) - Permanent Exile (2015)
Label : Hardware Records
Sortie du Scud : 21 avril 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Punk Hardcore
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 17 Mins
Et hop, discrètement, je m'y colle de nouveau. Oui je sais, le Hardcore semble être mon obsession du moment. Mais que voulez vous, on passe tous par des phases bizarres dans la vie, genre écouter tous les jours le même album, ou manger du thon mayonnaise à tous les repas. Mais bon, nonobstant cette fixation qui pourrait paraître ridicule, je vous fait quand même découvrir des trucs cool non ?
Mon boss râle, mais aujourd'hui encore, j'insiste.
Cette fois-ci, je laisse de côté les démos, les 7'', les EP, les splits et les compiles pour me concentrer sur un premier longue durée qui croyez moi, vaut vraiment le détour.
D'une part, parce que la philosophie de ce disque va vous parler. Car même si les RED DEATH viennent de Washington DC (encore une fois...), ils abhorrent de la même façon que vous et moi cette routine quotidienne qui nous tue à petit feu. Leur chanteur à même confié il y a quelques temps que c'est justement cette frustration létale qui pousse son groupe à se diriger vers une musique vindicative, rapide, qu'il agrémente de son chant revanchard et volontaire.
Et au bout du compte, cet exutoire/thérapie doit certainement lui rendre la vie moins pénible, et par extension, la notre aussi. Parce que pour un premier essai, Permanent Exile est franchement réussi. Il reste sur un chemin balisé de Hardcore, mais un Hardcore qui ne crache pas sur un habillage Metal épais et puissant. Construit sur des morceaux courts, qui ne tolèrent pas plus que les deux minutes chrono (à une fameuse exception près), Permanent Exile est un déluge de colère, de frustration qui ne connaît que très peu de pauses, d'accalmies, même si sa progression reste contrôlée et maîtrisée.
On reconnaît dans les influences des jeunes américains la trace des anciens. AGNOSTIC FRONT pour cette rage contenue mais qui montre salement les dents, mais aussi le CORROSION OF CONFORMITY de transition, celui qui commençait à hésiter entre les saillies brèves et Core, et les développements plus volontiers longs et Metal. Ce mélange produit un résultat qui prend à la gorge, et ce dès l'entame du LP. "Brutalized" est en effet un bien beau subterfuge pour nous induire en erreur, tant ses sonorités se rapprochent du Thrash légèrement Core des années 80 (ACROPHET, GANG GREEN). Riffs plombés, chant susurré, ambiance un peu louche et glauque... Mais "Ruinous Wrath" remet vite les pendules à l'heure, et balance en à peine une minute trente le genre de pamphlet solide et abrupt que seuls les combos Hardcore savent encore composer. "Unholy Agony II" s'amuse à mélanger les deux premiers morceaux, développe une intro bien grasse, avant de s'envoler dans les paradis Core sur un tempo rapide. Et c'est vraiment bon !
Le manège se poursuit, au gré de titres toujours aussi ébouriffants et futés, et puis soudain, aux deux tiers d'un LP déjà court, la machine s'arrête brutalement, et "Alleviate" laisse s'échapper des dissonances irritantes, appuyées par des cymbales fracassées, et se réjouit pendant quatre minutes d'un mid tempo compressé, qui laisse parfois la place à un Heavy vraiment lent, tordu, qui laisse le temps de reprendre son souffle avant que la progression ne continue.
Cet effet de surprise enrichit encore un peu plus le travail de RED DEATH, qui prouve ainsi (soli propres à l'appui) qu'ils sont bien plus qu'un énième ensemble de Hardcore classique. Leur technique, qui si elle sert des structures somme toute assez simples est évidente, et démontre qu'ils sont capables de jouer beaucoup plus qu'une musique sommaire.
Et si "The Atomic Howl" ne sert que de transition bizarre, "Perpetretor" tient quand même à finir sur une note énervée, emplie de colère, de haine, et qui virevolte au gré d'une rythmique qui donne tout ce qui lui reste, et qui s'autorise même des plans encore plus rapides qu'à l'habitude.
Très bonne surprise que ce premier jet d'un groupe dont on risque fort d'entendre parler dans les années à venir. Ils tournent d'ailleurs avec leurs amis de THE FLEX, dont je vous ai aussi parlé ici, comme quoi, mon acharnement actuel me permet d'être sur tous les bons plans.
En tout cas, si le Hardcore fortement métallisé, varié et méchamment puissant est votre tasse de thé, venez partager avec moi l'écoute de Permanent Exile, qui ressemble à une solide étape dans la carrière d'un groupe déjà établi, alors qu'il n'est que le premier cri d'une horde dont la jeunesse n'a d'égal que le talent. Son délicieux parfum un peu rétro ne l'empêche pas d'être totalement en phase avec son époque, et le mixage de ces influences accroche vraiment l'oreille, puisqu'il est en plus restitué par des musiciens qui croient en ce qu'ils jouent, et qui le jouent bien.
Du coup, je ne suis pas sûr de vouloir souhaiter à ses membres une vie plus tranquille, et moins de connards à croiser sur leur route.
Ajouté : Samedi 04 Juillet 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Red Death Website Hits: 5392
|