CHROME MOLLY (uk) - Gunpowder Diplomacy (2013)
Label : earMUSIC
Sortie du Scud : 25 janvier 2013
Pays : Angleterre
Genre : Hard Rock / Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 48 Mins
Est-ce du lard ou du cochon ? Du pure malt ou du Bourbon ? Avec son étiquette graphique indiquant fièrement "23 Y.O", on est tenté de voir en Gunpowder Diplomacy un breuvage de garde d'une finesse et d'une noblesse qui forcent l'admiration. L'heure est désormais à la dégustation. Et pour cause, après 23 années de silence discographique, les vieux de la vieille, j'ai nommé CHROME MOLLY, sont de retour sur le devant de la scène avec leur cinquième album studio. Il était temps de dépoussiérer le flacon, et surtout, pourvu qu'on ait l'ivresse. Cette ivresse, c'est celle d'un Hard Rock malté qui a grandi et vieilli en Angleterre, aux côtés de DEF LEPPARD, URIAH HEEP et MOTÖRHEAD, excusez du peu. Accepté au sein de la scène à partir de son troisième opus, Angst (1988), le groupe sombre en 1991, un an après Slaphead, dans un profond coma. Ressuscité en 2010 par son emblématique chanteur Steve Hawkins, CHROME MOLLY œuvre en 2013 un retour en force avec Gunpowder Diplomacy, sans qu'on sache vraiment si c'est par besoin ou par passion.
C'est l'enseignement majeur de ce full-lenght. Souvent à deux doigts de basculer dans un état de grâce transcendantal, à tel point que CHROME MOLLY nous en proposerait presque une nouvelle définition du retour triomphal, Gunpowder Diplomacy pêche par excès de confiance et rate à multiples reprises le coche de l'euphorie. Oui, ce disque 100% feeling, 100% Hard N' Heavy, est vraiment très bon, accrocheur, percutant. Sauf qu'il nous manque cette notion de culte pour pouvoir l'apprécier en tant que tel. Fidèle, notamment au niveau de la production, à l'évolution de la scène Hard Rock (qu'ils auront eu loisir de constater de l'extérieur), CHROME MOLLY nous pond là un mélange maladroit entre tubes en puissance et morceaux fantomatiques. L'évidence, avant même que le disque ne démarre, c'était d'avoir très vite affaire à du lourd. Les Anglais devaient marquer les esprits et réussissent plutôt bien leur coup via cet enchainement dynamique et frais entre "Corporation Fear", "TV Cops" et "Stop Love !". Riffs musclés, refrains entêtants, chœurs et solos à l'ancienne sont de la partie. Petite bombe (mais à retardement) de Hard Rock moucheté de Heavy Metal, Gunpowder Diplomacy part sur d'excellentes bases, guidé par un Steve Hawkins en grande forme. Le temps s'est arrêté le concernant et seuls les stigmates d'une chevelure poivre et sel trahissent cette information. A l'âge de la retraite, le bonhomme poursuit son prêche avec professionnalisme et ses musiciens (même si guitariste et batteur n'ont pas fait partie du line-up de l'époque) tiennent presque mal le rythme de l'aïeul. On constate d'ailleurs un désagréable essoufflement rythmique sur "Clean Outta Lock", "All In My Mind" et "Billion Dollar Heart Attack", davantage concentrés sur le groove que sur la vitesse. C'est adéquat quand c'est mémorable. Pas ici. Trop classique, trop rabâché. Cinq minutes à 850W et le tour est joué. Après l'effort, le coup de froid. C'est d'ailleurs l'étonnant défaut de Gunpowder Diplomacy qui achève sa course en eau de boudin. Qu'elle semble lointaine, l'époque où je rêvais d'un parallèle entre whiskey et CHROME MOLLY. Pas trop vite le matin, doucement l'après-midi, "Bulletproof", "The Runner" ou "Complicated" évoluent sur des structures infatigables mais maintes fois entendues qui tranchent d'avec l'exclusivité de l'excellente "Corporation Fear".
Alors en définitive, que retenir de ce retour mitigé ? Que s'il s'arrêtait au bout d'un quart d'heure, Gunpowder Diplomacy serait peut-être l'album Hard / Heavy de 2013 ? Que les vieilles gloires ont raison de revenir seulement si la performance revêt son costume le plus perfectionniste ? Que l'appel du Rock est irrésistible, au point de mettre en danger sa crédibilité ? Oui, CHROME MOLLY en est un témoin privilégié, et si ce come-back balance entre la figue et le raisin, le verre à moitié vide et à moitié plein, le lard ou le cochon, le pure malt ou le Bourbon, chacun sera libre d'en apprécier la hardiesse. Et dans "hardiesse", il y a "Hard", ne l'oublions pas.
Ajouté : Samedi 04 Juillet 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Chrome Molly Website Hits: 5970
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