EMPTY HANDS (usa) - Demo 2015 (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 15 Mars 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust Hardcore
Type : Demo
Playtime : 4 Titres - 11 Mins
Allez, je quitte enfin la Pennsylvanie, et je pars pour la Virginie. Il était temps que je change d'état, et ce, sans mauvais jeu de mot. Mais qui dit changement d'état ne veut pas dire changement d'horizon ou de style. Je reste fidèle au brutal, au boueux, au sombre et au glauque, et je continue mes pérégrinations sur les blogs du monde entier pour étancher ma soif de nouveautés en tout genre.
Je suis Core depuis quelque temps, et il n'y a aucune raison que ça change. J'en tire mon énergie depuis quelques semaines, et ça me va très bien. Et ça n'est pas la première démo de EMPTY HANDS qui va changer les choses.
Quintette de Richmond, les EMPTY HANDS n'ont certes pas inventé le fromage à raclette, mais ils pratiquent une musique qui a le mérite de synthétiser tout ce que j'apprécie en ce moment. Formé de Tanner au chant, Matt et Justin aux guitares, Robert à la basse et Andy au kit, EMPTY HANDS s'amuse à broyer dans la même turbine quelques courants extrêmes, et propose en guise de restitution un subtil mélange de Crust, de Hardcore, de Doom, de Sludge et de Grind. Ca parait classique comme ça sur le papier, et c'est vrai que c'est une tendance du moment, mais c'est quand même mieux qu'un énième resucée de Death ou Metalcore stérile et sans intérêt.
L'intérêt de cette démo, c'est que ses quatre morceaux sont bons, indépendamment ou pris en globalité. A peine plus de dix minutes, c'est bref, mais c'est concis, ça dit ce que ça veut dire, et c'est tout ce qu'on lui demande. Si vous êtes déjà friand de groupes comme TORCH RUNNER, GETS WORSE, DEPRAVATION, DEAD IN THE DIRT, alors vous ne pourrez que succomber aux assauts répétés de ce premier jet, qui s'offre en deux parties bien distinctes, ou presque.
Pour les deux premiers titres, pas de soucis. Ca enfonce clairement toutes les portes possibles à grands coup de Darkcore malsain, de pointes de Crust sans complexes, ça entre sans frapper, et ça fait du bien. Production massive et brute, guitares sourdes et sombres, rythmique qui balance entre mid et up tempo appuyés avant de sombrer dans les blasts furieux, chant caverneux et/ou hystérique, phrasé avalé, tout est là pour vous en mettre un grand coup, et sans échauffement.
Le schéma se répète sur "World's Weakest Man", du moins pendant la première minute, et soudain, l'horizon s'assombrit, la rythmique devient lourde et pesante, les riffs traînent, se souviennent des leçons tirées du Doom originel (SABBATH, CANDLEMASS), de la méchanceté pachydermique d'ISIS, et on sombre dans un Doom/Sludge vraiment pâteux, dont chaque pas semble s'embourber dans le ciment frais. La litanie se poursuit sur "Seven Hills Of Junk", qui étale des parties de guitares flemmardes, plombées, dont le chant semble s'éloigner encore un peu plus de toute raison, tandis que les percussions remplacent petit à petit le rythme stable. La tension se veut progressive, maladive, et il n'est plus question de crossover, tant le groupe se complait à faire durer ses parties le plus longtemps possible, sans dévier d'un thème initial. Les lignes des riffs sont souvent entrecoupées de stridences irritantes, la continuité est sans cesse interrompue par des breaks fulgurants et fugaces, en gros, EMPTY HANDS montre un tout autre visage, aussi patibulaire, mais aux grimaces plus insistantes et persistantes.
Au final, on se retrouve face à une démo étrange, qui peut sur le papier paraître décousue, mais qui fait preuve au contraire d'une progression/régression captivante. Démarrant sur les chapeaux de roue avant de piler sur la pédale de frein pour finir en longue marche douloureuse, elle reste néanmoins aussi puissante du début à la fin, transformant le chaos en long cri sourd et déchirant, comme une histoire tragique qui voit sa violence initiale muer en déshumanisation inévitable.
Bel effort que cette première tentative des américains, qui laisse présager du meilleur pour la suite. Je me demande d'ailleurs comment cette vision se concrétisera sur une plus longue durée, mais cette curiosité me poussera justement à les suivre.
En tout cas, la Virginie, ça parait pas plus gai que la Pennsylvanie...
Ajouté : Lundi 11 Mai 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Empty Hands Website Hits: 5464
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