L'Angleterre, le berceau du Punk pour beaucoup d'aficionados, bien que le genre soit né un poil plus tôt, de l'autre côté de l'Atlantique.
Mais nous ne sommes pas là pour placer ou revendiquer les origines d'un style. Le Punk en Angleterre, c'est comme un héritage, un trésor national sur lequel les gardiens de la flamme veillent comme des bobbies irrévérencieux. Spit it out ? Peut être, mais on a pas hurlé no future à la fin des 70's pour rien. beaucoup ont pensé que la mort des PISTOLS représentait la fin d'un rêve/cauchemar. Est ce que depuis la situation s'est améliorée ? Pas sur si l'on en croit les très vilains VIOLENT REACTION.
VIOLENT REACTION, c'est plus qu'une musique, c'est un credo. Et si les éléments de leur bio s'amusent à brouiller les pistes à grands coups de fuck you, c'est tout sauf un gimmick, plus un cri du coeur. Car les VIOLENT REACTION, c'est d'abord une philosophie, chère à Ian MacKaye, le straight edge. L'essentiel, l'honnêteté, la violence comme saine réaction à l'égard d'une société qui cannibalise l'espoir et le transforme en bannière qu'on porte du bout des bras. Plus prosaïquement, ce groupe fut d'abord un one man project. Tom Pimlott vient des rives de la Mersey, Liverpool. L'homme a d'abord fait ses armes sur une démo, un EP puis un album sorti sur Painkiller Records en 2013. Et puis, sachant très bien que l'union fait la force, il s'est finalement décidé à monter un groupe pour poursuivre son aventure. Avec son nouveau line up, il est parti sur les routes US pour tourner avec les potes de THE FLEX, et il s'en revient aujourd'hui, avec ce second longue durée sous les bras.

Et il n'a pas chômé. Si on retrouve sur Marching On ce qui faisait le charme du premier LP, City Streets, Tom P a repris son approche, l'a perfectionnée, et fait maintenant partie des références de ce que l'on appelle la New Wave Of British Hardcore. Titre honorifique qui vaut ce qu'il vaut, mais qui en dit long sur les qualités du groupe. Marching On, pour aborder la question sous l'angle des influences, c'est un tribut payé aux NEGATIVE APPROACH tant dans la forme que dans le fond. Similarités de style, chant aux inflexions comparables, et même désir d'aller droit au but, musicalement et idéologiquement.
Mais d'autres références pourraient compléter le tableau, comme POISON IDEA, MINOR THREAT, THE EXPLOITED, ou même YOUTH OF TODAY. Et si je dois aller jusqu'au bout de cette logique, j'oserai même affirmer que Marching On n'est rien d'autre qu'une version moderne d'un accouplement entre MINOR THREAT et AGNOSTIC FRONT. Même sincérité et simplicité que les premiers, même agressivité de la rue et sensations métalliques que les seconds, on retrouve les riffs simples, les choeurs revanchards, les rythmiques sobres mais puissantes, en gros, tout ce qui fait le ciment du Hardcore moderne qui n'oublie pas qu'il est né du Punk.

VIOLENT REACTION prouve en quatorze morceaux qu'il est aujourd'hui un des fers de lance du style qu'il pratique. Dotés d'une production massive et claire, qui n'oublie personne au mixage, les cinq musiciens (Tom, Nick, Charlie, Jimmy et Tom) se permettent d'aligner presque une quinzaine de brûlots dans lesquels rien n'est gratuit et encore moins inutile.

Alors bien sur, tout est passé en revue. De l'hymne pur Core qui donnerait des sueurs froides à MacKaye ("M1 Stomp", instrumental rageur, "Disorder" qui gronde comme une menace de rue bien méchante, "Marching On", et son up tempo strié de choeurs balancés d'une voix de hooligan), furias en bourrasques sans limites ni remords ("Death Threat", "Impact", "Street Dogs", "Leave Me Out" qui cavalent, courent, virevoltent sans oublier de balancer quelques slogans bien sentis), coups de surin en guise d'au revoir un poil sanglant dans une vielle ruelle anglaise, et pieds de nez à l'adresse de Roger Miret ("Direct Action", Speedcore essentiel et hystérique, "Hidden Agenda" plus modéré mais tout aussi suintant de colère).
En gros, une démonstration de force, la preuve par A+B que l'Angleterre n'a pas à rendre la politesse au géant Américain, et que le devoir de mémoire envers le Punk est encore un leitmotiv brûlant dans la perfide Albion.

Niveau lyrics, ça jette bien sur, d'une voix affirmée qui ne tremble pas, et les punchline sont légion. Du vindicatif "Crust fund, you’ll never have to need, you’ll never struggle, you’ll never bleed." au véhément et rageur "Spit in the face of the average kid, when they never got the chances you did.", ça ressemble à un état des lieux du désespoir qui donne la force d'affronter le lendemain, qu'on ne pressent pourtant pas meilleur que la veille.

Pour vous donner un ordre d'idée, sachez que non seulement Marching On n'a rien à envier au dernier AGNOSTIC FRONT, mais qu'il lui dame même le pion en terme de pertinence et de volonté guerrière. Si la bande à Roger à su pérenniser son propre héritage, je me demande ce que les VIOLENT REACTION laisseront derrière eux. Une telle fougue, une telle envie d'en découdre forcent l'admiration, et font de ce second longue durée un meilleurs album de Punk Hardcore du premier semestre 2015.
Straight Edge, Fuck You, Stand and Fight. Une saine rébellion contre l'égoïsme, deux doigts tendus vers l'establishment et le mépris de la classe ouvrière. Le tout sur fond de bande son imparable.

Décidemment, j'adore les lundi. Vraiment.