Sautons comme des cons, kangourou style. Hop, Hop, hop, le pogo austral est décidemment assez physique. J'ai mal aux jambes. Intro lénifiante, cliché stupide ? Je vous l'accorde, mais bon, on amorce le truc un peu comme on peut.
Oui, je vous emmène en ce samedi matin au soleil, mais sans France Gall, et avec des terreurs locales qui n'ont pas peur de faire un maximum de bruit.
De bruit oui, mais de qualité, et honnête.

Si jamais les noms de SEIGE, DIE KREUZEN, UNITED MUTATION, JERRY'S KIDS, CHEETAH CHROME MOTHERFUCKERS, THE STOOGES AND THE BIRTHDAY PARTY vous font vibrer, il y a de grandes chances que cette démo de 2015 suscite votre intérêt. Ce sont en effet les influences revendiquées de ces jeunes australiens, qui s'y mettent à quatre pour accomplir leur méfait. On retrouve donc Oli à la guitare, Billy à la basse, Matt au kit et surtout Eva au chant.
Tous se donnent à fond pour proposer leur vision d'un Punk Hardcore emprunt d'une touche locale indéniable (le Hardcore australien à toujours été atypique), mais ne peuvent pas nier qu'ils ont été clairement influencés par la scène de Boston des années 80.

Souvenez-vous, ce Hardcore si rapide, festif, que jouaient des cadors comme les JERRY'S KIDS, GANG GREEN, les FU'S ou THE FREEZE. Si jamais cette référence vous laisse de marbre (et bien que je ne devrais plus vous adresser la parole), jetez vous derechef sur la légendaire compilation This Is Boston, Not L.A, sur laquelle figuraient toutes ces références et bien d'autres. Je pense que vous comprendrez de suite de quoi je parle.
Mais l'affaire eut été trop simple si les NERVOUS HABIT s'étaient contentés de faire allusion au passé illustre de cette ville il y a trente ans. Car en sus de ce Punk Hardcore radical et vivifiant, ils aiment citer d'autres références, moins typiques, et surtout moins logiques. Car cette guitare noyée dans le chorus et l'écho, qu'on retrouve par touches discrètes sur les deux tiers de l'album, devient son pivot sur sa fin, et le voyage dans le passé prend un virage assez inattendu.

De l'ouverture franche et impolie "Think" au lapidaire "Bridges", pas de doutes possibles, du moins en gros. On sent en arrière plan cette racine Rock que l'on retrouvait chez les Bostoniens de 81/83, ces soudaines accélérations en forme de tics incontrôlable, et ce chant au phrasé rapide en forme de contestation juvénile. Mais les choses se corsent un peu dès "Fleas And Lice", un peu plus long, qui laisse enfin de la place à une basse lourde et inquiétante. Le tempo se ralentit, le chant se veut plus traînant et plus invocant, même si par intermittence la folie revient agiter le tout. Une fois atteint "Nervous Habit Theme", le doute n'est plus permis. NERVOUS HABIT ne souhaite pas se cantonner à une ligne de conduite trop claire, et nous pond en quelque sorte son "I Wanna Be Your Dog" à lui. L'influence des STOOGES d'Iggy devient palpable, et dynamise une démo qu'on présentait moins linéaire que son entame le laissait présager.
Guitare acide, chant lointain et un peu gras, rythmique assise et inamovible, effets un peu plus appuyés, le rendu est bluffant.
Mais c'est bien évidemment la conclusion "Relax", qui malgré son titre va vous stresser pendant presque huit longues minutes. Faux instrumental parsemé de boucles, de samples et d'extraits parlés, c'est un clin d'oeil appuyé en direction de Nick Cave et de son Birthday Party si anarchique. La guitare part en vrille en bas du manche, n'a de cesse de nous vriller les tympans, pendant que le duo basse/batterie se laisse aller à des plans répétitifs, hypnotiques qui contredisent tout le travail accompli jusqu'à lors, en révélant les véritables intentions du groupe.

Eu une seule démo, les Australiens de NERVOUS HABIT s'amusent, intriguent, et finissent par convaincre. Mélanger la scène de Boston et les délires Post Punk et Pré Punk des STOOGES et de BIRTHDAY PARTY n'était pas une tâche facile, ni un mélange homogène sur le papier, et pourtant, le résultat est là, valide et captivant.
Alors hop, hop, hop, courrez vous procurer cette démo, et vous verrez qu'en plus de sauter comme des imbéciles, vous aurez aussi matière à réfléchir. Sauter, bouger, et tout éclater oui, mais sans pour autant perdre son pantalon.
Bien joué messieurs dames.