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DOT LEGACY (FRA) - Damien, Arnaud et Jean (Déc-2014)


DOT LEGACY est un groupe de Stoner français créé il y a 7 ans par quatre amis rassemblés par une envie partagée de faire de la musique et de s'éclater. La formation a sorti son premier album en juin 2014. Leur musique est collégiale, ils privilégient le jeu commun aux envolées individuelles. J'ai eu la chance de rencontrer les trois membres fondateurs en interview et après 1h45 d'échanges intenses, j'ai compris le pourquoi de leur son. Il est l'expression artistique de la manière dont Jean, Damien et Arnaud vivent leur passion. En collectif.

Line-up
: Damien Quintard (chant et basse), Arnaud Merckling (guitare et claviers), Jean Defontaine (guitare), Romain Mottier (batterie)

Discographie : Dot Legacy (Album - 2014)



Metal-Impact. Pouvez-vous me raconter l'histoire du groupe ?
Damien. On a créé le groupe en 2007. On s'est rencontrés au lycée Carnot. On avait l'intention de rassembler nos influences musicales différentes mais convergentes. On a travaillé pendant 6 ans pour évoluer et devenir un groupe qui puisse faire ses propres compositions.
Arnaud. On a commencé à jouer en public dans des tremplins comme Emergenza. On s'est vite rendus compte que ces expériences t'aveuglent car tu joues devant tes amis. Tu as l'impression de vivre quelque chose mais c'est que des illusions. Au bout d'un an on a arrêté et on a cherché des concerts par nos propres moyens.
Damien. On a voulu passer à l'étape supérieure et se détacher de l'image de jeune groupe parisien. On a commencé à fréquenter le milieu du Stoner et à se heurter à la réalité. Ce qui a formé le style musical qu'on propose aujourd'hui.
Arnaud. C'est pas tombé tout cuit, on s'est bougés pour que les choses avancent.
Tout a commencé avec un concert à la Gare aux gorilles. C'est un squatt sur la Petite Ceinture. Je suis tombé amoureux du lieu et des personnes qui gèrent le collectif. J'avais envie de travailler dans ce milieu qui me passionnait. J'ai donc bossé avec eux, notamment à la programmation musicale. Ils nous ont poussé à faire de la musique, ont organisé plusieurs concerts. Il y a eu un déclic.
Ensuite, en 2010 ou 2011, j'ai programmé TRUCKFIGHTERS. On les a fait venir de Suède, c'est la première fois qu'ils jouaient à Paris, et DOT LEGACY s'est mis en première partie. C'est grâce à ce set qu'on s'est fait repérer dans ce milieu, notamment par Mathieu ISF qui lançait les STONED GATHERING et nous a bookés en 2011 au Klub. Matthieu nous a énormément aidés à nous faire connaître via son projet.

MI. Comment s'organise le travail au sein du groupe ?
Damien. Il n'y a pas de leader, on est un collectif. Chacun a ses missions basées sur ce qu'il peut apporter. Jean a des compétences en informatique et s'occupe du web. Arnaud est ingénieur du son, il a notamment mixé notre live de Nantes qu'on a diffusé sur Youtube. Il fait aussi un énorme boulot de booking.
Arnaud. J'ai appris çà à l'époque de TRUCKFIGHTERS, j'ai vu comment çà se passait, j'ai trouvé çà passionnant et du coup j'ai continué pour DOT LEGACY à trouver des dates. L'album a été mixé par Damien. C'est l'ingénieur du son du groupe, il s'occupe de notre son.
Jean.


MI. Vous ne vous décrivez pas comme un groupe de Stoner, vous revendiquez plutôt une fusion de styles ?
Damien. On a souvent ce retour en concert où les gens viennent vers nous et ne comprennent pas vraiment ce qu'on vient de faire sur scène.
Arnaud. Tous les soirs on a droit à des comparaisons différentes. Acid Rock, Space Rock, Free Rock, Stoner Rock avec des influences Post Rock. Les gens disent toujours que c'est un mélange hyper énergique. çà c'est le truc qui ressort tout le temps.
Damien. En tout cas il y a toujours Rock, donc on peut dire qu'on fait du Rock, pour ce qui est avant ou après, c'est pas défini.
Arnaud. On s'est fait connaître en jouant sur la scène Stoner, notamment aux STONED GATHERING, mais notre musique ne se limite pas au Stoner, c'est un melting pot.
Damien. C'est très difficile pour nous même de nous définir, on préfère laisser l'imagination courir et voir ce que les autres pensent.

MI. Parlez-moi de vos influences, qui sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique, ceux qui ont défini votre son et ceux qui, même aujourd'hui, vous inspirent ?
Jean. Je suis plus instrumental, je suis influencé par le Post Rock. Mon groupe préféré c'est RUSSIAN CIRCLES. C'est une musique que j'écoute énormément et tous les jours et que j'apporte au groupe. J'écoute quand même du Stoner et du Rock mais c'est çà vraiment mon truc à moi.
Mon premier coup de coeur a été MUSE, les premières époques. C'est Matthew Bellami qui m'a donné envie de jouer de la gratte quand il était jeune et fou et qu'il cassait sa guitare sur scène.
Damien. J'ai passé ma jeunesse à suivre les goûts musicaux de mes frères et soeur qui écoutaient de tout : LED ZEPPELIN, BEATLES, RAY CHARLES, j'adore OTTIS REDDING, la Soul, je suis un énorme fan de Rap, çà peut s'entendre de temps en temps. J'adore tous les styles musicaux et je pense qu'il y a du bon dans tout. Je ne me fixe aucune limite, j'essaye d'écouter le plus de choses possibles. Il y a beaucoup de choses à retenir par époque, même la musique Classique. On peut retrouver du Rock dans Mozart. C'est un peu fou de le dire mais y a vraiment des rythmes, des riffs qui font carrément penser à des structures Stoner.
Pour mes influences majeures, si je devais en citer 3 ou 4 je dirais LED ZEP, les débuts de MUSE, RUSSIAN CIRCLES ou IAM.
Arnaud. Moi ce qui m'a vraiment mis à la musique c'est ARCHIVE et IGGY AND THE STOOGES. ARCHIVE m'a donné envie de faire de la musique, les STOOGES m'ont donné envie de monter sur scène et de bouger mon cul comme eux.

MI. Jean et Damien vous citez MUSE et leur frontman touche à tout, Matthew Bellami. C'est son éclectisme qui vous plait ?
Damien. Oui, absolument.
Jean. Moi c'est plutôt la folie de ce gars car quand on l'entend parler il est complètement taré et on le ressent énormément dans ce qu'il fait. A l'époque où ils sont apparus, MUSE allait toujours chercher des choses plus loin que ce que faisaient d'autres groupes.
Arnaud. Cela représente bien Jean ce qu'il vient de dire, c'est Jean qui apporte ce côté folie à DOT LEGACY.
Jean. Inconsciemment, je m'inspire énormément de la vision qu'a ce mec là.
Damien. MUSE a été une énorme influence pour nous tous.

MI. Comment avez-vous choisi vos instruments, et comment avez-vous appris la musique ?
Arnaud. Quand j'ai eu cinq ans, ma mère m'a demandé de choisir entre les cours de piano et le catéchisme. J'ai choisi le piano et je pense que çà m'a plus rapproché de Dieu que ne l'aurait fait le catéchisme. J'ai étudié le piano classique pendant 12 ans. Après j'ai rencontré Damien qui m'a convaincu de faire autre chose, ne plus me limiter à la partition, créer des trucs. Je me suis mis à la guitare, j'ai pris des cours pendant un an mais j'ai surtout transféré mes acquis au piano sur la guitare et le clavier.
Damien. J'ai pas mal bougé dans ma jeunesse, je devais me rattacher à un instrument, j'ai aussi commencé par le piano avant de passer à la guitare classique et j'ai pris des cours pendant 10 ans. Cà m'a permis d'avoir une grosse base rythmique et classique. Je pense que ce qui m'a vraiment influencé dans ma jeunesse c'est ma famille et en particulier mon frère qui était un vrai touche à tout. Il jouait de la basse, de la batterie, de la guitare. On passait nos journées à jouer ensemble, c'est lui qui m'a appris tout ce que je connais sur la guitare, la basse et le chant.
Quand on a monté le groupe, il nous manquait un bassiste. J'ai pris une basse en répet' et on s'est vite aperçu qu'on se mixait bien. J'ai donc choisi la basse pour le groupe.
Jean. Je n'ai aucune formation de base, j'ai pas du tout été baigné dans la musique étant petit. J'ai commencé la gratte à 14 ans et j'ai appris tout seul. J'ai acheté une guitare et des bouquins, quelques cours et le reste sur le tas avec le groupe.
Damien. Quand j'ai eu l'idée de prendre Jean dans le groupe, il avait commencé la guitare depuis à peine 6 mois, il était débutant mais pour nous l'optique du groupe c'était pas quatre monstres techniques de la musique qui pouvaient faire du shred de partout, mais quatre potes qui pouvaient évoluer ensemble. On a appris l'un de l'autre et DOT LEGACY c'est çà.
Arnaud. c'est pareil aujourd'hui, on a une base technique mais tu peux pas nous demander des solos de psychopathe. Si tu nous mets ensemble pour jammer, y aura vraiment une osmose mais séparément on ne vaut pas grand chose.
Jean. On avance tous, ensemble, dans la même direction. Si j'avais une phrase pour décrire le groupe, çà serait vraiment çà.

MI. Cette alchimie entre les instruments, vous la recherchez dans vos compos, dans votre travail ?
Arnaud. Cà se fait naturellement, on n'y pense pas.
Damien. On peut faire une partie très basique de notre côté Arnaud et moi et y a Jean qui va écouter çà et va nous sortir quelque chose de complètement taré, qu'on ne comprend pas tout de suite et avec du temps, des répet', çà rentre parfaitement dans le morceau et çà apporte un côté qu'on aurait jamais pu inventer avec notre formation classique.

MI. Comment est-ce que vous composez ?
Damien. C'est un miroir de ce qu'on fait en dehors du groupe pour le groupe. On peut se réveiller à 3 heures du mat avec une mélodie dans la tête, l'enregistrer pendant qu'on se brosse les dents et le lendemain çà devient quelque chose d'un peu plus construit. On se dit que çà pourrait donner un morceau et on commence tous ensemble à rajouter des parties pour faire évoluer l'idée.

MI. Vous avez tous les trois fait des études dans l'univers du son, qu'est-ce que çà apporte au groupe ?
Arnaud. Damien et moi on est ingénieurs du son mais pas dans les mêmes milieux. Damien enregistre mixe et gère des productions d'albums classiques et moi je fais surtout du live.
Jean. Je fais des études d'ingénierie acoustique. Je touche aussi au milieu de la musique mais d'un peu plus loin. Mon rôle plus tard serait de concevoir une salle pour nous faire répéter. On a trois casquettes différentes, chacun apporte son expérience.
Arnaud. Tu te rends compte que tout est assez carré et c'est pareil avec la manière dont tout se passe dans le groupe. On sait ou on va à chaque fois.
Jean. Notre façon de produire la musique et de composer est ordonnée. Chacun a ses rôles.

MI. Vous avez sorti votre premier album en juin 2014, vous pouvez me raconter comment s'est déroulé ce projet ?
Damien. J'ai réalisé l'enregistrement, le mixage et l'ingénierie pendant un an et demi, c'est un projet qui me tenait vraiment à coeur.
Arnaud. On est allés dans une grotte. On s'en est pas rendus compte mais c'est pas comme si on avait un public qui nous attendait, on avait du temps, on a pris le temps.
Damien. Pour définir notre son, tout ce qu'on voulait.
Arnaud. Quand on a été prêts, on a imprimé quelques CD pour se faire connaître. On les a envoyés à des webzine et des labels. En avril 2014 on a été contactés par Setalights Records, un label allemand qui nous a dit qu'ils étaient séduits par notre musique et qu'ils voulaient travailler avec nous et commercialiser notre album.

MI. Setalight a demandé un remixage ?
Damien. J'avais vraiment milité pour le son que je voulais. C'était très difficile pour moi parce que c'était notre propre musique et il fallait que je sorte quelque chose qui n'ai pas besoin d'être remasterisé par un label.
Arnaud. Pour nous le son çà faisait partie intégrale de l'album. Le label devait se rendre compte que c'était un produit fini. Une oeuvre aboutie. Que le mec qui aurait çà entre les mains, si il voulait le sortir, il n'aurait rien à faire.

MI. Parle moi de l'artwork, il tient une place importante dans l'oeuvre ?
Damien. C'est un portrait du peintre Gontrant que j'ai vu chez mon frère, Florian. Un jour, je suis entré dans sa chambre et j'ai vu ce petit tableau accroché au mur. J'ai été captivé par le portrait de cette femme qui avait les yeux fermés mais me fixait quand même et je suis resté en contemplation, en essayant de comprendre ce que çà voulait dire. J'étais en plein mixage de l'album, on cherchait un artwork et j'avais tout le temps l'idée de cette fille qui me hantait et j'ai fini par voir l'évidence: pour moi çà représentait exactement le groupe. Quelque chose de calme et de tourmenté. C'était vraiment une image impériale qui devait rentrer dans l'optique du groupe pour cet album.

MI. Vous avez également tourné un clip sur "Kennedy", tu peux me raconter comment çà s'est passé ?
Damien. C'est un gars que j'ai rencontré qui s'appelle Guillaume l'Hôte. Il bosse dans le même label de musique classique que moi. Il fait des EPK, des sortes de clips. Il est tout de suite tombé amoureux de notre groupe et vu qu'il est très doué en production de vidéo musicale, je lui ai proposé de faire un clip avec nous et il était vraiment motivé. On a décidé tous ensemble que "Kennedy" devait être la figure de proue de l'album car c'est une chanson qui regroupe un peu de tout. On a tourné çà dans deux lieux différents. On a pu le faire en autoproduction avec un gars qui comprenait notre musique et çà se voit dans le clip où chaque variation musicale est illustrée par un changement d'ambiance.

MI. Vous êtes contents du résultat ?
Damien. Très, car un peu à l'image de l'album, à certains moments çà manque cruellement de moyens, çà manque cruellement de temps aussi mais on a réussi à se débrouiller pour faire quelque chose qui nous fait plaisir quand on le regarde.

MI. Avoir un label, çà vous apporte quoi ?
Damien. Cà nous apporte une sérénité. Quelque chose en plus, qui nous pousse à être digne de ce qu'un label comme Setalight Records peut apporter.
Arnaud. Setalight a imprimé 2000 CD, le vinyle qui sort ce mois-ci. Dans les deux cas sans que nous n'ayons rien à débourser. C'est un luxe rare pour un groupe.
Ils ont plein de contacts dans le monde, des groupes de nationalité différente, ils nous apportent des dates en Europe avec d'autres groupes du label. C'est moi qui booke mais je leur demande beaucoup d'aide. On fait partie d'une famille. C'est aussi une vitrine. Si on avait tout fait nous même, on aurait pas à partager nos gains avec le label mais pour se faire connaître çà aurait été beaucoup plus dur...Oh la la, on parle comme des directeurs d'entreprise (rires).

MI. Vous êtes des artistes et aussi des entrepreneurs ?
Arnaud. Tu l'as compris, c'est un projet hyper sérieux pour nous et çà passe devant tout, notre groupe. Si on pouvait en vivre on en vivrait, on arrêterait tout pour le groupe.

MI. Vous sortez votre album en vinyle en décembre. Un choix guidé par quoi ?
Damien. Surtout par notre passion pour la musique. J'ai toujours adoré découvrir un nouveau vinyle, ce son analogique, ce craquement, le grain, c'est quelque chose qui pour moi est supérieur au numérique. Sortir un vinyle de sa pochette c'est énorme. Se dire que son propre groupe en a imprimé un, c'était un rêve qui devenait réalité. J'ai du refaire un mixage de l'album pour qu'il soit diffusé sur vinyle.
Jean. C'est une demande du public, on l'a vu sur les concerts, les gens nous demandent des vinyles.
Arnaud. Attends, laisse moi prendre le rôle du chef d'entreprise...[Il prend une voix sérieuse] Si on a sorti l'album en vinyle c'est parce qu'aujourd'hui ce support est vraiment à la mode, qu'on a besoin de thune et que le vinyle va se vendre beaucoup plus facilement qu'un CD, y a pas d'autre raison.

MI. Quelle place occupe la scène dans votre musique ?
Jean. Les live c'est ce qu'on préfère, le live on partage. La scène c'est ce qu'il y a de mieux, c'est là qu'on prend vraiment notre pied, les gens sont ultra réceptifs et ils nous en rendent autant qu'on leur donne.
Damien. Il y a trois ans, on a fait le Triel Open Air. C'est un festival Viking Metal. On s'est retrouvés en plein milieu de metaleux en cuir et tatoués de partout. On a décidé de le prendre sur le côté de l'humour, Jean était en T-shirt Bob l'éponge avec les ongles vernis en jaune, Arnaud était en culotte, j'avais un T-shirt Hawaïen. On voulait leur faire partager notre monde à nous dans un milieu qui était pas du tout le nôtre et au final çà s'est super bien passé, le public était très ouvert d'esprit. C'était une super bonne expérience pour nous.

MI. Tu trouves la scène Metal ouverte d'esprit ?
Damien. C'est difficile de rentrer dans ce milieu, d'aller au-delà du look piercing / tattoo mais dès qu'on leur parle...
Arnaud. (l'interrompt) Dès qu'ils nous voient sur scène, parce qu'ils viennent pas nous parler. Mais après le set, limite ils viennent s'excuser de ne nous avoir pas pris au sérieux.
Damien. Comme on donne tout, çà se passe super bien et on voit qu'au-delà des préjugés ils sont super ouverts.

MI. Vous trouvez le Stoner moins codifié ?
Arnaud. Oui, c'est pour çà qu'on nous qualifie plus de groupe Stoner et qu'on plaît à ce public là.
Damien. c'est vrai que c'est moins défini, c'est plus cool, l'esprit Desert Rock.
Arnaud. Tous ces groupes de Stoner sont super énergiques. Ils donnent tout sur scène, ils rentrent dedans et nous on adore faire çà. Tout donner sur scène. Et quand les gens le voient, même si ils aiment pas la musique, ils viendront te remercier quand même.

MI. Quels sont vos projets pour 2015 ?
Arnaud. Notre prochaine tournée aura lieu en avril. On va jouer en Europe pendant deux semaines et demi, j'ai déjà quelques dates de confirmées en Allemagne, en France, en Belgique et en Italie du Nord.
Damien. Après la tournée on prévoit d'enregistrer notre deuxième album. On finira de peaufiner les nouvelles chansons pour les tester en live. On espère enregistrer cet été, encore une fois en autoproduction parce qu'on a cette passion du son et on veut vraiment faire entendre aux autres ce que nous on s'imagine dans notre tête.
Arnaud. Tous les reviewers qui ont écouté notre premier album nous ont dit qu'on part dans tous les sens. C'est pas forcément négatif mais voila, on essaye d'évoluer vers quelque chose de plus clair.
Damien. Le prochain album sera aussi une évolution. On essayera de prendre le meilleur de ce qui a été fait avant en évoluant vers quelque chose de plus construit pour que çà touche le plus de personnes possible mais en gardant l'esprit DOT LEGACY de prendre le meilleur du Funk, du Jazz, du Classique, du Stoner, même du Metal pour faire quelque chose de logique, d'agréable à entendre.
Arnaud. Pour le coup on pourra pas s'enterrer dans une grotte comme la dernière fois car il faudra qu'on fasse des concerts.
Damien. L'enregistrement sera plus rapide et le mixage aussi puisqu'on le fera à deux Arnaud et moi.
Arnaud. On va aussi tourner un ou deux clips.
Damien. Après la tournée et l'album on redéfinira nos priorités et on s'orientera certainement vers d'autres tournées plus longues, plus intensives pour diffuser le deuxième album qui arrivera fin 2015, début 2016.

MI. Des fest au programme ?
Arnaud. Oui, des petits festivals. Rien de vraiment sûr.

MI. Est-ce que vous pensez que les médias sociaux facilitent le contact avec votre public ? Qu'ils vous aide dans votre communication et dans votre diffusion ?
Arnaud. Sans çà on serait pas là aujourd'hui. Sans çà tu peux pas exister. T'es obligé d'être sur les réseaux sociaux pour faire parler de toi, montrer au label que tu as des fans, montrer que les gens interagissent avec toi, créer des contacts.
Sans les réseaux sociaux on aurait pas pu organiser une tournée, on aurait jamais trouvé de label. Le digital est très important.
Jean. Les gens pour voir qu'on joue à telle date tel jour, c'est là qu'ils le verront en priorité.
Damien. Aujourd'hui, tout le monde est sur Facebook, on s'en sert pour avoir une relation avec nos fans et çà c'est génial. Mais c'est un milieu difficile, internet, il y a de tout et n'importe quoi, on doit être une entité stable et qui propose du bon contenu.
Arnaud. Chef d'entreprise, je te dis, chef d'entreprise (rires).

MI. Vous êtes très présents sur le net, vous sortez un vinyle, vous aimez la scène : vous prenez çà comme un paradoxe ou vous pensez que c'est lié ?
Jean. L'un ne va pas sans l'autre, on utilise les avantages du digital pour pouvoir se donner les moyens de faire ce qu'on aime, aller sur scène et faire ce qu'on fait à côté.
Arnaud. Depuis tout à l'heure on se compare à des directeurs d'entreprise mais malheureusement c'est çà: j'ai un groupe, c'est aussi du business, si tu veux que les gens se ramènent à ton concert, qu'ils achètent tes vinyles, il faut être sur les réseaux sociaux.

MI. La scène joue aussi un rôle dans le financement du groupe ?
Damien. On vend pas mal de disques grâce à la scène.
Arnaud. C'est mon milieu partir en tournée et ce que je constate c'est que des groupes comme TRUCKFIGHTERS vivent de leur musique car ils sont tout le temps en tournée. C'est la tournée qui fait vivre le groupe. On ne peut pas vivre de la musique en restant chez soi et en vendant des CD. Même les plus gros groupes vivent de la tournée et des cachets.
Damien. On voit beaucoup de grosses stars sur Youtube qui ont des millions de vue et de plus en plus d'énormes merdes qui viennent d'internet, que les gens écoutent parce que c'est joli. C'est peut-être naturel que le moyen de rééquilibrer tout çà soit que ce qui fait vraiment vivre un groupe c'est le live. C'est le côté positif de cette nouvelle génération: Les groupes qui veulent vivre de leur musique doivent monter sur scène et passer outre ce côté digital que la société d'aujourd'hui apporte.
Arnaud. Cà rend tout çà plus humain.

MI. Sur les dates en 2014, vous avez essentiellement tourné à l'étranger, vous faites pareil en avril prochain, c'est parce que vous avez un public plus important en Allemagne qu'en France ?
Arnaud. On choisit pas notre public, c'est le public qui nous choisit et en ce moment c'est à l'étranger qu'on est le plus demandés. En France je passe des semaines à essayer de booker et çà n'aboutit jamais. A l'étranger, çà aboutit, sans devoir argumenter, ils voient que t'as un label, çà leur suffit. Si çà se trouve sur notre prochaine tournée on ne va pas jouer à Paris alors qu'on est un groupe parisien. Pour des inconnus, c'est plus facile de trouver des dates à l'étranger qu'en France si tu chantes en anglais. Mais je suis super triste parce qu'on aimerait bien se faire connaître chez nous.
Damien. Faut pas que le public français ait l'impression qu'il y a un désamour. Notre avant dernier concert parisien avec PLANET OF ZEUS à la Mécanique Ondulatoire (Paris 11ème) s'est super bien passé. On a fait une heure de set avec un public parfait et une ambiance de folie. Le dernier au POINT EPHEMERE avec BLUES PILLS était excellent également. On a aussi fait un live à Nantes où çà s'est aussi super bien passé. C'est pas les expériences qui font défaut, c'est peut-être une sorte d'idée préconçue que un groupe parisien en France, c'est pas toujours très bien accepté.
Jean. C'est pas sexy en fait.

MI. En quoi le public allemand est-il différent du public français ?
Jean. On trouve qu'il est plus réceptif à ce qu'on fait, ils sont beaucoup plus tarés en fait.
Arnaud. Il y a aussi l'aspect groupe étranger, dès qu'on quitte notre propre pays, les gens, pour eux c'est vraiment exotique et on le ressent sur scène. On peut faire un concert à Paris et le même à Berlin, il sera mieux accueilli là-bas mais çà vient pratiquement que du fait qu'on soit un groupe étranger. On a vu la même chose dans l'autre sens, des groupes étrangers très bien accueillis à Paris car il y a cet attrait et c'est plus facile de communiquer avec un public étranger qu'avec son propre public qui est peut-être plus critique sur ce qu'on fait.
Damien. C'est difficile de chanter en anglais et de parler en français, y a cet aller-retour qui ne se fait pas. Quand on est avec un public étranger on reste sur la même base linguistique.

MI. Justement, pourquoi est-ce que vous avez choisi de chanter en anglais ?
Damien. J'ai vécu 11 ans en Asie et j'ai passé toute ma jeunesse à parler anglais. Toutes mes racines musicales sont en anglais. J'ai tellement été bercé dans de la musique en anglais que c'était plus logique et naturel de chanter en anglais, même si j'adore certaines chansons françaises.
Arnaud. c'est toujours très dur quand tu es dans un milieu Rock Indépendant de chanter en français et de ne pas passer pour un groupe...
MI. Hardcore ?
Arnaud. Soit Hardcore, soit le total contraire qui est les BB BRUNES, tu vois ce que je veux dire ? un groupe Pop Rock. Les gens ont des stéréotypes et si tu leurs dite que tu es un groupe de Rock qui chante en français y en a plein qui vont pas écouter. Et en live, c'est beaucoup plus facile de chauffer un public en anglais qu'en français. Y a des groupes qui y arrivent mais nous on a du mal à le faire. Si on pouvait parler en anglais à des français on le ferait sauf que tu te fais insulter. On a une barrière de la langue avec le public français.

MI. Pourtant vous arrivez à abandonner l'anglais pour l'espagnol, dans "Rumbera" ?
Damien. (Rires) On fait l'interview dans un des hauts lieux du Venezuela à Paris. Arnaud a rencontré Carlotta Aoun, une vénézuélienne qui nous aide pour les artworks pour pas mal d'idées un peu folles dans le groupe. On a tellement été influencés par ces vénézuéliens très très cool qu'on a décidé de faire un morceau hommage, comme pour la Gare aux Gorilles qui nous a influencés dans notre musique...
Arnaud. "Gorilla trainstation"
Damien. ...et dans notre façon de vivre. C'était pareil pour ces vénézuéliens. Donc j'ai écrit les paroles avec Carlotta car mon espagnol n'est pas fantastique et on a collaboré pour avoir une chanson sur un rythme latino.

MI. Dernière question, quels sont vos trois albums culte ?
Arnaud. En premier "Raw Power" d'IGGY AND THE STOOGES pour l'énergie alors que c'est hyper crade, hyper dissonant, malsain... mais c'est çà qui m'a séduit. "Led Zeppelin" de LED ZEPPELLIN et enfin je dirais "Gravity X" de TRUCKFIGHTER.
Damien. "Led Zeppelin" de LED ZEPPELIN, "L'école du Micro d'Argent" d'IAM et quelque chose qui m'a toujours brisé le coeur quand je l'écoute c'est l'album "Troubadour" de JJ CALE qui sera toujours un des meilleurs albums fait et pourtant c'est de la Soul.
Jean. C'est dur comme question, je dirais pas que j'ai vraiment un top 3 car je m'y suis mis beaucoup plus tard qu'eux et j'ai pas cette notion des anciens groupes de légende. Pour moi, j'en ai vraiment un c'est "Absolution" de MUSE qui m'a poussé parce que j'ai écouté des trucs qui m'ont sidéré et qu'à l'époque, j'y connaissais rien. C'est çà qui m'a donné envie. Pour le reste je peux pas te dire parce que çà peut aller dans plein de chose mais j'en mettrai pas un plus que l'autre.
MI. C'est une réponse aussi...
Jean. Si elle te va, elle me va. C'est ma première découverte de autre chose que la radio.
Arnaud. Tu vois, on est pas du tout Metal au final. On ne t'as cité aucun groupe de Metal !
MI. Tu as raison, je me demande aussi ce que je fais là (Rires). En tout cas merci beaucoup pour cet échange et, j'espère, à très bientôt.
Tous. Merci à toi !


Ajouté :  Jeudi 15 Janvier 2015
Intervieweur :  Rivax
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