TERRIBLE FEELINGS (se) - Tremors (2015)
Label : Sabotage Records
Sortie du Scud : 15 avril 2015
Pays : Suède
Genre : Alternatif Pop Punk
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 34 Mins
Un petit voyage dans les années 70/80 vous plairait-il ? Mais attention, en tant que guide, je me dois de ne pas vous tromper sur le périple. Il ne sera que modérément question de Metal, voire pas du tout, mais une part d'inattendu n'est pas indispensable pour oublier la routine de temps à autres ?
D'abord, politesse oblige, je vous présenterai les organisateurs. Ils sont quatre, suédois, et se baladent depuis 2010 dans les méandres d'une nostalgie qu'ils transposent dans notre siècle de non communication binaire. Mais pas d'ambiguïté, ils sont eux mêmes terriblement analogiques, et laissent parler leurs instruments sans déformer leur discours par des effets de production modernes. Garage ? Un peu. Punk ? Dans l'attitude. Pop ? Les mélodies sont là pour en témoigner. Alternatif ? Si l'on donne à ce terme son sens premier d'alternative à la normalité.
Mais ils sont surtout particulièrement attachants, développent une musique simple mais envoûtante, et ne cherchent pas midi à quatorze heures, même avec l'heure d'été, et jouent, composent comme on sait encore le faire quand on ne veut pas être à la mode.
Les TERRIBLE FEELINGS nous viennent de la belle cité de Malmö, et se sont déjà illustrés via une bonne cargaison de sorties, toute aussi rafraîchissantes les unes que les autres. Des singles à profusion, une démo, et aujourd'hui, ce longue durée que je ne peux que vous recommander. J'ai fait leur connaissance comme d'habitude, en me baladant sur mes blogs préférés, et en écoutant ce nouvel album, je suis tombé sous le charme. Le rédacteur du blog les recommande aux fans des CARS, des NIGHT BIRDS et de BLOC PARTY. Je rajouterai pour l'amour de la précision BLONDIE, THE MOTELS, voire même d'ELASTICA pour cette façon de laisser parler sa nature profonde sans trop réfléchir.
Avec une production très crue, indispensable pour ce style musical empruntant ses codes aux Garage Pop, les TERRIBLE FEELINGS vous troussent une douzaine de morceaux tous aussi indispensables les uns que les autres. C'est frais, sincère, ça reste dans la tête des heures après écoute, et on y revient, parce que c'est charmant et délicat. MAIS puissant. Sinon, vous imaginez bien qu'ils n'auraient pas leur place ici.
Ok, c'est parti, je vous emmène à New York, un peu plus tôt que prévu même. Vous voici dans un local de répète, bien pourri aux murs décrépis, dans lequel quatre musiciens branchent leur matos. Ambiance 70's, vintage, ça sent la sueur et la motivation. Le guitariste, à l'allure passe partout (genre WEEZER avec trente ans de flashback) commence à faire sonner son instrument, et se prend pour Chris Stein. Il se marre en se disant que quelques temps après, du côté d'Athens, un mec va retenir ses plans et les resservir aux collèges radios. Manuela Iwansson, la chanteuse diaphane s'avance, et chante d'une voix juvénile mais assurée. La rythmique se met en place, mid tempo, sans se presser, et le groupe enchaîne. Des trucs simples, directs, qui sentent le tube indie à plein nez. Voilà, vous y êtes. Ou plus exactement, vous pourriez y être. Car cette scène se passe de nos jours, et Tremors sort ce mois-ci. Terrible non à quel point cette description parait pourtant crédible...
Car TERRIBLE FEELINGS, c'est une Power Pop sombre (Doomsday Pop comme nos confrères anglo saxons aiment à décrire leur musique), aux mélodies un peu passées, nostalgiques, automnales. C'est un équilibre parfait entre le Punk aride et rugueux, la prod' Garage un peu bricolée, la Pop la plus aérée mais pas dupe, et l'énergie Rock la plus sincère. On pourrait piocher au pif n'importe quel morceau, en faire un single, il grimperait sans aucun doute assez haut dans les charts Indie suédois.
Prenez par exemple (je dis bien par exemple) "Sin City". C'est limpide, grimpant, euphorisant, et pourtant, ça n'invente rien. Couplet honnêtes et sans artifices, guitares cristallines mais mordantes, chant qui ne cherche pas à séduire à tout prix, et refrain en écrin qui tricote des fleurs sur un vieux perfecto. Tout bon. Ca sent les CARS en effet, BLONDIE aussi, mais en moins urgent, en plus paisible.
"Cold Eyes", l'entame, sautille, s'amuse d'un up tempo joueur et primesautier. Batterie qui fricote avec le tom basse, voix légère et lointaine comme un rayon de soleil tardif, pré chorus finaud en mode mineur, et puis tout à coup, refrain qui explose et affole Debbie avec ses paillettes un peu ternes. Joyeux, mais lucide. Un hit ? Tout à fait. Basse qui roule les croches, petite intervention mélodique à la six cordes, pas de prise de tête. J'aime.
Seule petite digression sur l'ensemble, l'introspectif "Down The Road", à la guitare directe et brute, qui accompagne de ses accords heurtés un chant à la limite de la cassure qui privilégie l'émotion. Une bogue au milieu des fruits déjà cueillis à maturation, et une pause touchante au milieu du déluge ambiant. "Down The Road" ? On vous suit, avec plaisir.
Allez, lancez vous. Oui, je comprends, c'est à cent lieues de votre parcours habituel. Ca manque de distorsion, ça n'est pas classique, et je comprends que vous hésitiez. Mais dans les 70's, ne pouvait on pas aimer AC/DC, le PRIEST et BLONDIE, ou les RAMONES ? Et dans les 80's, n'enchaînait on pas des vinyles de MAIDEN, SCORPIONS et THE CARS ou les NERVES ? Si.
Et aujourd'hui, on peut toujours le faire. Ca s'appelle l'ouverture d'esprit, et ça a des effets plutôt bénéfiques sur la santé.
Ajouté : Jeudi 16 Avril 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Terrible Feelings Website Hits: 5602
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