SATAN PROFANE : Portrait D’une Jeunesse Enténébrée (2009)
Auteur : Nicolas Walzer
Langue : Français
Parution : Mars 2009
Maison d'édition : Desclée De Brouwer
Nombre de pages : 382
Genre : Etude sociologique
Dimension : 14 x 21 cm
ISBN-13 : 9782220060583
On nous aurait donc menti ? Satan ne serait a priori pas cette grande créature hypertrophiée avec une magnifique paire de cornes torsadées, une queue fourchue, une barbichette qui vit dans un chaudron au milieu des flammes de l’Enfer comme on nous le décrit si fréquemment ? C’est en tout cas la réponse que nous propose Nicolas Walzer, docteur en sociologie à travers son tout dernier bouquin, Satan profane – Portrait d’une jeunesse enténébrée. Je dois bien avouer avoir été particulièrement interpellé par ce thème, moi qui fais partie intégrante de cette « jeunesse surprenante qui se confronte à Satan ». Car oui, écouter du Metal, en particulier du Metal extrême, c’est s’exposer en permanence à des messages, parfois dangereux, souvent mal interprétés. D’où l’importance d’avoir constamment en tête l’idée de garder les pieds sur terre, afin de mieux différencier musique de réalité. Ce qui, hélas, n’est pas toujours le cas et débouche sur des actes d’une gravité sans bornes, comme les profanations de sépultures, qui feront aussi l’objet d’une enquête dans cet ouvrage. Un autre point primordial sur lequel se penche le sociologue est cette banalisation de l’image du grand Cornu dans notre société actuelle, avec des exemples incongrus mais tellement lourds de sens : le Demoniak Burger ou les défilés de mode aux thèmes morbides, tout y passe pour faire passer Satan pour un maître marketing. A tous ces clichés à sensation, à toutes ces questions, à tous ces non-sens, l’auteur va tenter d’apporter quelques éclaircissements.
D’entrée, Walzer a cette volonté d’être pour nous un guide, un chemin de vérité qui va nous expliquer les nuances fondamentales entre « sataniste » et « satanique », entre le Satan cultuel et le Satan culturel. La première partie de cette enquête concernera donc la Satan cultuel. Impossible donc de faire l’impasse sur l’instigateur, sur le père fondateur de l’Eglise de Satan, sur celui qui a été un des premiers à considérer Satan comme un concept philosophique, comme une hygiène de vie et non comme un symbole de vices et de fourberies : Anton LaVey De mon point de vue, on n’en mange déjà que trop, du LaVey. Je ne sais pas si nous faire une explication de sa Bible satanique à la manière d’un « comprendre le Da Vinci Code » était bien nécessaire. Surtout qu’il y’a une facette dans ce livre bien pesante : celle de l’ennui. Il faudra avoir le cerveau bien accroché pour saisir la profondeur, mais aussi la lourdeur, des phrases de Walzer qui, stylistiquement, ont tendance à se transformer en interminables tirades. Par contre, nul doute que le travail de recherches à été un dur labeur. Ce livre contient d’incalculables citations et références qui enrichissent considérablement le topo de l’auteur. S’il existe déjà de nombreuses œuvres qui retracent le parcours de LaVey, trop rares sont ceux qui dessinent avec autant de précision l’historique du satanisme moderne. A défaut de répondre clairement à ses propres questions, ou d’y répondre avec des termes trop scientifiques pour nous, l’écrivain trace une ligne chronologique propre et claire dans l’évolution des rapports entre les hommes et l’image de Satan du commencement à l’époque actuelle. Par ailleurs, les témoignages divers ne détiennent pas la vérité absolue puisqu’ils émanent de la pensée unique d’un personnage. C’est à ce moment qu’on aurait aimé que Nicolas Walzer s’appuie plus en profondeur sur des faits plutôt que de revenir sur des témoignages qui, jamais, ne s’approcheront de près ou de loin du vrai. Je sais bien qu’aucun ne peut se vanter de le faire mais dans la mesure où ces derniers n’apportent rien de bien concret, il est inutile de s’y éterniser. Finalement, là ou je m’attendais à une enquête complète sur les amalgames fréquents qui relient Metal à Satan, je me retrouve avec un récit plutôt pénible sur les cultes satanistes. La deuxième partie est nettement plus intéressante et plus en adéquation avec mes attentes puisque relatant le Satan culturel. Référence donc à l’imagerie du diable, à ses matérialisations musicales et aux nombreux symboles auquel il renvoie. Dans ce sens, le témoignage du père Robert Culat, prêtre sur Carpentras et grand fan de Black Metal à été un vrai plaisir à découvrir. Personnellement, c’est ce genre de facettes qui relate des inéquations comme cet improbable mariage entre religion et Black Metal qui m’intéresse. Aussi parce que je suis directement concerné par ce que trop de monde considèrent encore comme une anomalie. En tout cas, si vous êtes fatigués de parler avec des sourds et des radicaux, je vous encourage vivement à contacter le père Culat qui est un homme d’une grande richesse intérieure et d’une générosité extrême. Je n’aurais pas imaginé que ce livre permette pareille rencontre. Néanmoins, je ne pense pas que ce hasard influence la note donnée à ces pages, étant donné que même si les connaissances de notre hôte sont indéniables et son travail de réflexion complet, notre ami se répète souvent, manie la langue française avec aisance mais aussi complexité et surtout, ne répond pas réellement aux questions qu’il pose sur la quatrième de couverture.
C’est au final une sensation de vide qui prédomine au moment de refermer le bouquin. Si le thème, vu de l’extérieur pouvait avoir l’air attractif, on aurait quand même aimé en savoir plus sur ce « Demoniak Burger » que sur, par exemple, l’Eglise de Satan sur laquelle existe déjà bien trop de renseignements. Pas mauvais pour autant, cet ouvrage n’apportera de vraies réponses qu’à ceux désireux de connaître la différence fondamentale entre « sataniste » et « satanisme ». Pour les autres qui se posent des interrogations idiotes du genre « qu’est ce qui pousse un jeune à profaner une tombe ? » ou « quel rôle le Metal joue t’il dans ces profanations ? », on attendra très certainement Nicolas au prochain virage pour nous apporter un éclaircissement digne de ce nom.
Ajouté : Samedi 08 Août 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Desclée De Brouwer Website Hits: 52041
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