NIGHTWISH (fi) - Endless Forms Most Beautiful (2015)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 27 mars 2015
Pays : Finlande
Genre : Metal symphonique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 76 Mins
Qui d'autre que Floor Jansen (ex-AFTER FOREVER) pouvait faire l'unanimité auprès des fans et des membres de NIGHTWISH ? Le Metal regorge aujourd'hui de chanteuses, mais elles sont rares les frontwomen à allier puissance, sensibilité, technique et pouvoir de séduction (au sens noble du terme). Tuomas Holopainen, leader incontesté au sein de NIGHTWISH, l'a très bien compris. Si Floor a été appelée "en catastrophe" pour remplacer au pied levé Anette Olzon en pleine tournée, nul doute que Tuomas avait une petite idée derrière la tête. En football, on surnomme ça un "gros coup" sur le marché des transferts. A peine la tournée achevée et le DVD Showtime, Storytime sorti, la nouvelle était officielle : Floor était définitivement intronisée, au même titre que le multi-instrumentiste anglais Troy Donockley. C'est d'ailleurs la première fois que NIGHTWISH bouleverse à ce point son line-up officiel, puisque Kai Hahto (WINTERSUN) remplace au moins temporairement le malheureux Jukka Nevalainen, forcé de lever le pied (le comble pour un batteur) pour raisons de santé.
En parallèle à tous ces remaniements, Holopainen a trouvé le temps de composer son chef d'œuvre instrumental The Life And Times Of Scrooge. Jamais en panne d'inspiration, il s'attelait en même temps au successeur d'Imaginaerum (2011), toutefois largement aidé par son bassiste/chanteur Marco Hietala. Et la sortie de Endless Forms Most Beautiful devait permettre de répondre à un certain nombre de questions concernant NIGHTWISH. Parce qu'elles sont nombreuses, les interrogations liées à l'évolution du nouveau sextet.
La première question qui vient à l'esprit, c'est celle de l'orientation prise sur Endless Forms Most Beautiful. Compte tenu de son historique, de ses origines jusqu'à aujourd'hui, NIGHTWISH a largement dépassé le statut de groupe typé Metal. Les mauvaises langues diront qu'il n'en a jamais fait partie... A la base, la bande de Tuomas affectionnait le Metal symphonique et lyrique, puis a étoffé son style en fonction des influences du sieur Holopainen (les musiques de films et orchestrales en tête, comme celles de Hans Zimmer et Danny Elfman) et de ses nouvelles aspirations (le folklore celtique évidemment, grandement mis en valeur par la présence de Donockley). Sans faire office de Best-Of trop bateau, Endless Forms Most Beautiful, c'est un peu tout ça à la fois. L'ombre de Danny Elfman, flagrante sur Imaginaerum, plane de façon plus discrète, même si "Yours Is An Empty" et son ambiance dérangeante (ces cris lointains en fond sonore) évoquent le compositeur américain. Difficile pour Holopainen de se détacher du registre instrumental dans lequel il excelle, puisque le bonhomme n'a pas su coucher de lignes vocales sur "The Eyes Of Sharbat Zula" (malgré ces chants d'enfants qui rappellent ceux de "Ghost River" mais en plus mélancoliques). Du coup, Troy et Marco l'ont encouragé à laisser le morceau tel quel. Au moins, NIGHTWISH tenait là son titre sans paroles...
C'est qu'à présent (et c'est l'objet de la deuxième grande interrogation), NIGHTWISH se doit d'obéir à un cahier des charges bien fourni. Le terme est terrible mais pourtant, c'est une réalité. Passé le single mémorisable et plaisant sorti quelques semaines à l'avance ("Elan"), Endless Forms Most Beautiful n'est sûrement pas parfait mais complet. "My Walden" se veut le successeur logique de "I Want My Tears Back" en termes de Rock à sonorités irlandaises (la fin du morceau vire carrément à la danse traditionnelle). On note d'ailleurs l'apparition d'éléments venus d'autres folklores, comme ces notes hispanisantes au milieu de "Weak Fantasy". "Yours Is An Empty", de même que "Alpenglow", raviront les fans de la première ère (ceux qui adulent Wishmaster voire Century Child comprendront), ils verront même d'un bon œil une tournure globale assez Heavy, certains riffs dépotant sévère (comme le titre éponyme ou le titre d'ouverture). A l'inverse, la suffisance de la ballade "Our Decades In The Sun" laissera bien songeur... Comme quoi, les passages obligatoires ne constituent pas systématiquement une grande source d'idées, cela dit la longue pièce épique inévitable, intitulée "The Greatest Show On Earth" et approchant les 25 minutes, procure quelques belles émotions. Divisée en 5 actes, opératique à souhait, incluant une allusion plus ou moins voulue au riff du "Symphony Of Destruction" de MEGADETH (que NIGHTWISH reprenait par le passé avec Marco au micro), "The Greatest Show On Earth" atteint son apogée lors de "The Toolmaker", fruit d'une grandiloquente osmose entre les chœurs, l'orchestre et le groupe, tandis que Floor fait preuve d'une classe incomparable.
Car le temps est venu de s'attarder sur le rôle de cette "nouvelle" chanteuse... Pendant "The Greatest Show On Earth", son affiliation vocale avec la diva Tarja Turunen ne fait plus de doute. Mais les mecs de NIGHTWISH ont-ils embauché Floor Jansen pour retrouver l'aura de la période Wishmaster ? Les extraits cités ci-dessus prouvent que non. Au premier abord, on se dit que la plupart des mélodies vocales auraient pu être assurées par Anette Olzon. Après plusieurs écoutes – et l'épreuve de la scène le démontrera – on réalise que Floor apporte beaucoup plus que ça. La démonstration sur "Alpenglow" (l'un des morceaux les plus convaincants) suffira : tantôt calme (comme si elle chantait sur la pointe des pieds), tantôt menaçante, Madame Jansen impose sa griffe. Tout en nuances, elle sait faire preuve de puissance (l'envolée sur "My Walden" mérite le respect) et de fragilité, jouant même les sirènes envoutantes ("Endless Forms Most Beautiful") en support des voix de Marco et de Troy. Au sein de cette incroyable machine à musique qu'est devenu NIGHTWISH, son charisme naturel (ceux qui l'ont vue en concert ou sur Showtime, Storytime le savent bien) l'impose comme LE choix évident.
Ce qui nous amène à la notion de "groupe" au sein de NIGHTWISH. Il devient ardu d'exister au sein d'un tel line-up. Tuomas Holopainen doit faire en sorte aujourd'hui que chaque musicien (sans parler des intervenants additionnels et de l'orchestre) trouve sa place, sans froisser les susceptibilités. Dans cet exercice, son habileté à gérer la chose est juste énorme. Un morceau comme "Edema Ruh" semble composé pour que tout le monde puisse s'exprimer (la guitare d'Emppu, la voix et les flûtes de Troy), un peu comme "Shudder Before The Beautiful" où chaque membre y va de son solo. Kai Lahto n'a pas la frappe de mule de Jukka, néanmoins il accomplit son job avec une technique un peu plus dynamique que son prédécesseur. Les riffs et les soli (magnifique sur "Alpenglow") propulsent Emppu Vuorinen au premier plan, mais ne cherchez pas, la deuxième vraie star de NIGHTWISH, c'est bien Marco Hietala. Le bassiste au look de Viking donne un vrai coup de fouet à chacune de ses interventions, constituant le trait d'union entre le Heavy Metal et un style jugé trop pompeux au goût de certains.
Et oui, Endless Forms Most Beautiful ne convertira pas les anti-NIGHTWISH, ceux qui diront par exemple que "Shudder Before The Beautiful" et "Yours Is An Empty" trahissent un début de redondance n'auront pas totalement tort... Endless Forms Most Beautiful marque au moins le début d'une nouvelle saga avec Floor Jansen au micro, et que les choses soient bien claires : c'est bien Floor qui sauve NIGHTWISH des dangers de la mièvrerie naissante, et non NIGHTWISH qui a sauvé Floor Jansen de la pente glissante vers l'anonymat. Au-delà de toutes ces remarques bien dures, on peut affirmer que dans le genre, NIGHTWISH reste un cador écrasant toute concurrence. Preuve à l'appui avec Endless Forms Most Beautiful.
Ajouté : Mardi 14 Avril 2015 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Nightwish Website Hits: 5724
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