A défaut d'avoir passé un pacte avec lui, ALTERED BEAST prend un malin plaisir à le tenter. Lui, c'est le Diable, veineux et triomphant, qui sommeille dans les caleçons les moins accueillants de la gent masculine. Mais il faut vraiment sortir d'un périple de 12 mois en sous-marin pour se contenter d'un demi-cul, encore moins sous le regard de ces quatre loubards-picards. Alors on espère que le contenu en dévoilera un peu plus que la pochette et que ce premier full-lenght répondant au doux nom de Living For The Sin, composé "en mémoire de Ronnie James Dio et de Dimebag Darrel" (dommage d'avoir ainsi assassiné son nom), nous préservera d'un pet foireux qu'il fait toujours bon éviter. Après tout, on ne sait pas vraiment ce que vient de manger la dame...

Toxique, cet album l'est. Pas au sens propre mais au sens figuré. Addictif ? Pas vraiment, mais suffisamment pour qu'on ne passe pas en leur compagnie en moment foncièrement désagréable. L'idée est de partir à l'aventure, sans boussole, sans but, sans objectif, pour coller au mieux à leur délire. Aucune attente, aucune promesse, ALTERED BEAST, c'est du Heavy, du Thrash, du Rock N' Roll enrubanné comme une botte de foin. Solide, imposant, pas méchant. "Vibration" part très tôt dans un trip à la pousse-toi-de-là-que-j'm-y-mette. De MOTÖRHEAD à SLAYER en passant par PANTERA ou MEGADETH, les Amiénois balaient plusieurs références majeures dans un seul morceau, et autant vous avertir de suite que ce sera très souvent le cas. Qu'il s'agisse de la fougue limite hystérique de "Final Assault" ou de l'ultra-enfantine "All I Want Is Sex With You", le quatuor se s'embarrasse pas d'une quelconque propreté technique, d'un respect scrupuleux des conventions. Pire encore, Living For The Sin part vraiment en couille quand FLH (chant) se prive de toute lucidité, balançant au petit bonheur la chance des aigus poussifs, des grognements teigneux, des braillements de clodo et autres vulgarités lustrées d'un anglais à couper au couteau. Bucolique. Mais pour être franc, ça fait partie intégrante de la personnalité d'ALTERED BEAST, qui n'en a rien à cirer d'une quelconque justesse. Cet album est pourvu d'un sens de la déconne assez couillu et, in fine, n'est pas grand-chose d'autre qu'une distraction 100% Rock N' Roll. Et comme je ne suis pas du genre à me masturber les oreilles cent fois de suite sur un disque qui ne véhicule rien d'autre que du fun, aussi naïf soit-il, je dois vous avouer que la bonne humeur contagieuse de Living For The Sin ne fera effet qu'un temps restreint. Celui de l'appréciation, de l'amusement, de l'engouement peut-être, étalé sur 56 minutes mais pas davantage. Un sourire qui s'efface aussi vite qu'il est apparu.

Et pour cause, ALTERED BEAST ne marquera pas les esprits avec ce premier effort. Tout est bien fait, pour peu qu'on ait le cerveau ramollo, emporté par la folie brute du Rock mais sans continuité. Heureusement, le dessein machiavélique du quatuor n'était pas de transcender la foule mais de lui faire passer un moment détendu, loin des prérogatives intellectuelles d'un Metal plus sérieux et austère. Mission accomplie, et à vrai dire, on l'oubliera un peu vite.