L'histoire de VELOCE HYSTORIA commence bien avant celle du Metal, bien que ce soit la catégorie dans laquelle on classera aisément ce groupe de Bourges (et je ne dis pas ça pour l'érotisme raffiné, suggéré et hors-de-prix de la pochette). Quelque part entre l'évocation du temps des ménestrels et celui du Rock Prog de la fin des années 60, il y a en Shining & Majestic un retard à l'allumage qui fait surtout le bonheur de sa diversité. Ayant connu en 2008 la gloire d'un succès lors de la Metal Battle Contest France et donc un passage au Wacken Open Air la même année, on pensait alors que la sortie de ce premier full-lenght suffirait à faire décoller une carrière qui se goupillait de la meilleure des façons, jusqu'à ce silence radiophonique qui dure maintenant près de cinq ans. Depuis, VELOCE HYSTORIA est dans l'impasse, et si le bout du tunnel se rapproche selon les vagues nouvelles rapportées par les réseaux sociaux, les garçons auront du surmonter entre temps la défection "brutale" de leur voix, André, qui quittera le groupe par SMS du fait d'un engagement parallèle avec un autre projet. Classe.

Mais nous ne sommes assurément pas là pour juger autre chose que cette sortie, encore moins en nous basant sur un seul son de cloche. Laissons les ergotages à d'autres et gavons nous à n'en plus pouvoir de leur Heavy Metal progressif. Et justement, cette sensation de n'en plus pouvoir arrivera plus ou moins rapidement selon les sensibilités, car il s'avère que VELOCE HYSTORIA est un groupe sacrément gratiné. Passionnant, oui, mais gratiné. Compilation compulsive de musique classique, de Metal néo classique, d'Heavy Metal et de Rock progressif porté par cette voix chantante et envolée, Shining & Majestic fait étalage de suite d'une technique irréprochable et d'une véritable inspiration de musicien. Il y a une écriture qui frôle le talent des grands compositeurs, avec un jeu de vitesse, des atmosphères changeantes, des arrangements réussis. Très vite, ce disque, qui semblait avoir un train de retard, rattrape cette lacune grâce à son sens de l'alternative. Quand son tempo s'essouffle, "Out Of Mind" ne tarde pas à réagir en plaçant un final Rock Prog psychédélique et gourmand. Idem pour "Damnation", la pierre angulaire du full-lenght avec ses dix minutes, qui balance d'un AOR pulpeux à un Heavy plus lumineux et mélodique. Et même si j'ai toujours un peu de mal avec les arrangements moyenâgeux façon menuet, je dois reconnaître qu'ils se greffent sans mal à ce concept, contrastant avec d'autres nappes de claviers plus futuristes ("Thoughts In The Garden"). VELOCE HYSTORIA alterne le chaud et le froid sans jamais se départir de sa musicalité, et ça c'est beau ! Du coup, l'auditeur reste concerné en permanence, dans l'attente de sa prochaine surprise, jusqu'à ce que s'achève Shining & Majestic sur la personnalité Epic(urienne) de l'éponyme.

Alors qu'au premier abord, cet album me paraissait has-been au possible, mélodique certes mais aussi intello, je me suis finalement laissé emporter par les structures dantesques et le chant envoutant d'André, qui régissent sans discontinuer ce premier album concret et sympathique. Le fan de Malmsteen s'y retrouvera, au travers notamment de la dualité pianos/guitares, tout comme celui de Heavy traditionnel rehaussé d'un progressisme réfléchi. Du talent, peu de défauts, quelques belles qualités… Mais qu'attendent-ils diable pour confirmer ? Un SMS ?