DOPE STARS INC. (it) - Terapunk (2015)
Label : Trisol Music Group
Sortie du Scud : 13 Février 2015
Pays : Italie
Genre : Punk Industriel
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins
En art en général, j'aime bien les grandes gueules, ceux qui osent, quitte à se planter. Les mecs sûrs de leur potentiel, qui balancent des trucs en marge, pimpants, chatoyants, plein de témérité et d'assurance. Qu'ils soient montés de toute pièce par un producteur malin (Trevor Horne et FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD), un peu nasty sur les bords et plus clown que diable (MARYLIN MANSON), qu'ils rejettent le système et prônent la rébellion et le bordel (ALICE COOPER), l'amour des filles et du fric (KISS), ou le glitter pur jus et suintant le stupre (T-REX, NEW YORK DOLLS). En gros, les mecs qui aiment foutre le bordel, mais pas n'importe comment. Ceux qui se pointent à la party, se collent sous l'abat jour pour être sûr que tout le monde les a vu, mais qui ont plus que le look et le regard, qui ont l'attitude. Et le talent qui va avec.
Alors, une bande de plumés qui se pointent la gueule enfarinée, avec un look de cyber travelos sortant d'un bois rave, j'achète sans trop me poser de questions, mais je demande à écouter. Je connaissais déjà les DOPE STARS INC. qui fouinent un peu partout dans les sacs à main et réserves de poudre depuis plus de dix ans, mais je n'avais jamais été vraiment ébloui par leur mascara et leurs coupes improbables. C'était sympa dans l'esprit, plutôt bien fait, mais il manquait le truc. Le petit plus qui marque le coup, le glaviot lâché dans le verre d'une morue juste après lui avoir lancé une réplique humiliante d'un sourire narquois. Bons morceaux, bonne prod, bonne provoc', mais manque de hits, de morceaux cultes qui fédèrent les loosers magnifiques et qui les font se lever d'une seule cuite. Ce glaviot, il se pourrait bien qu'ils viennent juste de le racler de leur gorge enflammée. Il s'appelle TeraPunk. Et c'est une putain de fête new age/back to the past du tonnerre.
Pour ceux qui préfèrent rester chez eux le samedi soir au lieu d'aller se mettre minable dans un squat, les DOPE STARS INC nous viennent d'Italie. Ils se sont formés un soir de pleine lune 2002, à Rome, et pas forcément pour aller faire la bise au Pape. A l'époque, Victor Love, Darin Yevonde, Grace Khold and Brian Wolfram ne souhaitaient qu'une seule chose. Faire revivre l'esprit Glam des années 70 au travers des arrangements électroniques modernes de leur temps. Un genre de Glitter/Indus bancal, du genre qui te donne envie de festoyer la tronche tartinée, sans toutefois refuser l'ecstasy qu'on te glisse sur la langue. Bonne pioche, parce que justement, leur musique évoquait tout ça, et sans donner mal à la tête. Après avoir sorti quelques EPs et LPs, changé de label comme de dealer, le quartette s'est stabilisé fin 2014, en quelque sorte, autour de Victor Love (chant, guitare, programmation, production, maquilleuse et sous vêtements, en gros le leader), Fabrice La Nuit (guitare, moue boudeuse), et Darin Yevonde (basse, moue lippue, rouge à lèvres et frange). Et les trois acolytes profitent justement de ce morne début d'année 2015 pour nous narrer leur quotidien dépravé, au détour des pistes de ce nouvel album fort bien troussé.
Terapunk c'est le bordel, ne le nions pas. C'est un point de chute au milieu de nulle part pour les souvenirs encore brûlants des DOLLS, de SHOTGUN MESSIAH, SKINNY PUPPY, FRONTLINE, KMFDM et la clique Indus/EBM, un genre de mix entre MANSON, JESUS ON EXTASY, produit par un Rhys Fulber très paillard et passablement éméché.
C'est souvent Rock, très abrasif mais mélodique, parfois synthétique et robotique mais dansant, et le tout forme une farandole inénarrable que l'on rejoint ou pas selon son état d'esprit. Mais une fois au centre de la gigue, inutile d'en chercher la sortie, vos sens sont altérés, et la réalité vous échappe.
Sans tourner autour du pot, déjà bien rempli, et pour stopper net avec les images/métaphores foireuses, c'est avant tout un putain de bon album festif, qui déborde de vitalité, d'envie, et d'inspiration coupable.
Une mine de hits qu'on a vraiment du mal à ranger dans un placard tant leur groove est contagieux, et leur provenance doigteuse.
Ecouter ce disque, c'est retrouver des réflexes de jeunesse. C'est avoir envie de prendre sa bagnole, de rouler plein pot, et de s'arrêter quelque part, peu importe où, sortir la sono, et balancer les watts entouré d'une bande d'allumés confirmés. De draguer la plus belle fille de la soirée avec quelques verres dans le nez (et autre chose aussi), se foutre complètement du râteau éventuel, parce que finalement, ça en vaut la peine. Ce sont dix bonnes raisons de dire merde à l'âge adulte et de replonger dans son adolescence en savourant chaque moment. C'est aussi futile qu'indispensable, aussi salvateur que dangereux, mais après tout, quelle raison valable faut il avoir une fois de temps en temps pour tout envoyer bouler ?
Je ne détaillerai rien dans ces lignes, je vous laisse la surprise de la découverte, car comme une fête, cet album réserve son lot de surprises que je ne veux pas gâcher. Sachez seulement que si un soir, les BLACKRAIN rencontraient Sascha Konietzko et Rob Zombie autour de quelques shots, leur boeuf de fin de nuit pourrait ressembler à ça.
Vous êtes dans une pièce, d'un côté, des guitares, de l'autre une piste de danse. Vous alternez les riffs furieux et les pas de deux douteux, vous suez, branchez la gégène, chantez à tue tête, en gros, vous vous éclatez à mi chemin entre la célébration body move et le ad lib Rock jusque dans les veines. Et vous vous rendez compte que vous avez autant headbangé que dansé. Si si, je vous jure, c'est la vérité. Et ça fait un bien fou.
Alors, libre à vous de trouver ça complètement à côté de la plaque, immature et sans importance. Moi, j'ai adopté cet album comme on grave dans sa mémoire des instants heureux. Libre à vous de ne pas trouver ça plus crédible que SIGUE SIGUE SPUTNIK, peu importe. Ca fonctionne.
Allez, je vous laisse entre vieux grincheux. Faites la gueule après tout, et restez devant votre télé. Moi je suis déjà parti.
Et la fête bat son plein. Tant pis pour vous.
Ajouté : Mardi 03 Mars 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Dope Stars Inc. Website Hits: 5698
|