SIREN SUN (au) - Out Of Time Monsters (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 20 décembre 2014
Pays : Australie
Genre : Alternative Post Rock
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 41 Mins
BONNE ANNEE 2015 !!! (ndr : chronique écrite le 5 janvier 2015)
Oui je sais c'est pathétique. Mais c'est bien comme ça qu'on dit non ? Pendant tout le mois de janvier ? Non, rassurez vous, je ne vais pas vous resservir les politesses d'usage à chaque chronique ce mois-ci. Maintenant, c'est fait, back off.
D'autant plus que 2015 ne changera absolument rien pour moi niveau boulot. Et pour vous non plus par extension. J'irai toujours chercher des machins improbables, le genre de CD'S dont mes collègues ne veulent pas, et n'osent même pas toucher du bout des doigts.
Et je commence donc cette nouvelle année sans changer d'un iota mon credo. Vous faire découvrir des ensembles que vous n'auriez pas écouté par vous même, en espérant vous donner envie de le faire. Et aujourd'hui, je suis allé aux antipodes pour le trouver, en Australie pour être plus précis.
Et comme d'habitude, je vais mettre les points sur les I dès le départ. Non, SIREN SUN n'est pas vraiment du Metal, oui, souvent ils flirtent avec la Pop, l'avant garde, et tout le tintouin. Ca vous saoule ? Tous mes voeux.
Les SIREN SUN sont un quintette, formé dans l'axe austral Carrum Downs/Chelsea par Sebastian Paez, Aaron Charters, Jarod Goldman, Benjamin Wylie et Daniel Howard, il y a de cela un an et demi. Et à peine ces dix huit mois et quelques passés et un EP éponyme dans la poche, les voici qui se jettent dans l'aventure du long format... avec un bonheur indéniable.
Encore une fois, des jalons, puisqu'il en faut. L'approche Rock des SIREN SUN sur ce Out Of Time Monsters est plutôt "alternative", bien que je haïsse ce mot. Ils empruntent de ci de là, ne s'en cachent d'ailleurs pas, et se revendiquent d'un panel d'artistes aussi différents que complémentaires, tels Josh Homme, RADIOHEAD, David Bowie, PINK FLOYD, QUEEN et BLACK SABBATH selon leur page Facebook. Ca peut sembler incongru et balancé à la hâte, mais après écoute, certaines références s'imposent d'elles mêmes.
De Bowie et QUEEN, ils ont retenu le sens de l'expérimentation, la liberté de ton. De PINK FLOYD, ces longs climats étirés et oniriques, qu'ils développent à merveille. De RADIOHEAD, ce mélange spartiate entre Pop fantasmagorique et rugosité instrumentale. Et il faut leur concéder un mimétisme incroyable dans le langage ironique et mordant de la guitare de Josh Homme. De fait, certains ayant le raccourci un peu facile les ont classé dans le Stoner, voire le Post Stoner, ce qui n'est pas entièrement faux, ni inintéressant. Mais loin des facilités et automatismes d'un genre initié par KYUSS, leur musique est beaucoup plus riche, plus proche même du QUEENS OF THE STONE AGE de Lullabies, toutes proportions gardées.
Soyons franc je vous prie. SIREN SUN est aussi éloigné du Metal que les PIXIES pouvaient l'être du Blues, tout en gardant ces racines Rock communes. Mais le Rock chez les SUN est brûlant comme un désert aride sous un soleil de plomb, et puis soudain, soumis à des variations de couleurs au passage de lourds nuages orageux. Car en plus, les petits malins qu'ils sont nous ont tendu un piège vieux comme le monde, mais qui marche toujours. Le trou dans le trottoir dans lequel tout le monde va tomber. Ils ont en effet scindé clairement et sciemment leur disque en deux parties opposées, mettant en avant en amont de l'album les morceaux les plus évidents (quoique ce terme dans leur cas ne veuille pas dire grand chose), et laissant traîner à la fin les portions les plus difficiles d'accès, histoire de bien vous enfoncer après avoir attiré votre attention.
Alors ça commence comme ça, l'air de rien, avec un truc un peu bancal, qui commence comme un boogie traité comme un pis aller par un Nick "Grinderman" Cave qui n'aurait rien d'autre à foutre. C'est énergique, mais on a vraiment la sensation qu'ils balancent ça par facilité, pour s'échauffer. Et pourtant, c'est contagieux, jouissif et nonchalant, tout ce que j'aime. Guitares en bandoulière, tenues bien bas, batteur qui s'en cogne et qui cogne, bassiste à peine concerné, un peu western de l'autre bout du monde... C'est "Obi Wan", ça sonne comme une blague teigneuse, mais c'est propre. Enfin façon de parler.
Et puis tout à coup, une grille Blues bien sale au contraire. Une guitare à l'écho lointain, comme dans les 50's, une ligne de graves bien ronde, des drums éparses... Un peu dans le style de cauchemar que devaient faire Willy DeVille et Chris Isaak quand ils dormaient ensemble, et que Mike Patton et sa bande retranscrivaient pendant les sessions d'Angel Dust. Ils appellent ça "Under The Rest Sun" et ça aussi c'est bien trouvé, surtout dans sa coda finale chaotique et nerveuse.
Et ça continue, comme ça, l'air de rien, de machins Pop bricolés comme "Talk To Me (Cryptically)", en trucs évolutifs qui s'envolent sur un solo simple mais envoûtant comme "Elsewhere", qu'un Thom Yorke un peu souriant aurait pu pondre, en passant par une rythmique sobre et lourde qui valse comme du Elastica/Kim Deal et qui se tait pour laisser place à un refrain pur Power Pop, tout ça pour en arriver à "Terra II", deuxième volet d'une thérapie commencée sur le EP avec "Terra", et là, ça se corse...
Si le nom du FLOYD a été balbutié sur leurs lèvres, comme un aveu en demie teinte, c'est sans doute pour cette raison. Guitare douce et pure comme celle de Gilmour, structure tendue et pourtant cristalline, s'étirant sur plus de dix minutes, les ingrédients sont là pour ranimer le fantôme du flamand rose, mais les choses sont plus compliquées... Certes, le motif mélodique n'est pas sans rappeler les errances de Meddle ou même des parties les plus franches d'Animals, mais le tout sonne plutôt comme un rendez vous nocturne entre le Waters de 71-75 et le ARCHIVE de "Again", sans le côté répétitif hypnotique... Cassure centrale, basse groovy en diable, "Terra II" est plus qu'une simple digression bavarde, c'est une ballade aux côtés du groupe, une longue ballade avec ses pauses, ses silences, ses discours diserts et ses paysages apaisants... Pas de distorsion, pas d'emphase, juste des notes, des mélodies, jouées comme ça, pour le plaisir, et pourtant, beaucoup plus profondes qu'elles n'en ont l'air...
Et le tout s'achève sur les mêmes tonalités hivernales, un peu plus acoustiques toutefois, sur une route moins empruntée...
Il est clair en tout cas que celle parcourue par SIREN SUN est charmante... Loin d'être une simple ligne droite, elle serpente, se perd en détours, en bosquets diffus et arbres décharnés, et puis semble offrir un horizon lointain, inaccessible... Mélodie, inventivité, liberté, ce sont les cadeaux que je vous offre en cette nouvelle année. Certes, ils semblent loin de vos préoccupations d'usage, mais un peu d'ouverture d'esprit n'est elle pas une résolution digne et patente en 2015 ?
Ajouté : Mercredi 25 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Siren Sun Website Hits: 6414
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