OBITUARY (usa) - Inked In Blood (2014)
Label : Relapse Records
Sortie du Scud : 28 octobre 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 35 Mins
Cinq ans après Darkest Day, les légendes floridiennes d'OBITUARY reviennent, dans une nouvelle configuration, et sur un nouveau label, Relapse Records. Continuant le travail de sape entamé avec Xecutioner's Return, l'emphase est toujours mise sur la lourdeur, la pesanteur, avec des riffs au degré de putréfaction élevé, ce qui les rapproche toujours plus d'autres entités qui leur sont contemporaines comme AUTOPSY, qui à l'instar de la bande aux frangins Tardy, ne se lasse pas d'incarner musicalement la mort, la pourriture, et autres étapes du passage dans l'au delà.
Premier album depuis le séminal Slowly We Rot à avoir été enregistré sans Frank Watkins (remplacé par une autre légende, Terry "Massacre" Butler), Inked In Blood ajoute une pierre à la morgue patiemment érigée par OBITUARY, en retrouvant les ambiances des premières années du quintette, Cause of Death et The End Complete en tête. Les climats sont travaillés, le travail des guitares est net et précis, et les hurlements écorchés de John Tardy sonnent encore plus effrayants qu'avant. Certes, pas de grande surprise, pas de révolution stylistique assumée, juste la continuité d'un travail de sape commencé il y a plus de vingt cinq ans, lorsque le groupe encore à ses balbutiements s'appelait X-ECUTIONER, et s'apprêtait sans le savoir à incarner une révolution brutale en marche.
Il est d'ailleurs amusant de noter la participation d'un de leurs ex-compagnon de route parallèle ici, Terry Butler, celui là même qu'on retrouvait sur deux albums des grands rivaux DEATH (Leprosy et Spiritual Healing), mais aussi au casting du féroce MASSACRE, dont personne n'a pu oublier l'abyssal From Beyond, aussi traumatisant qu'une plongée dans l'âme humaine. Terry s'est parfaitement intégré au groupe (qu'il a rejoint en 2010), et apporte une profondeur intéressante dans la rythmique qu'il forme avec l'indéboulonnable Donald. Celle ci, comme je le notais en début de chronique se focalise sur un mid tempo la plupart du temps, sans pour autant oublier d'écraser la pédale de temps à autres, ou, plus rarement d'affoler le compteur.
En effet, la vitesse n'est pas le moteur principal d'Inked In Blood, même si son ouverture pourrait laisser penser le contraire. Et "Centuries of Lies", bien que cavalant sur un rythme assez rapide, et semblant calqué sur le nauséabond "Words of Evil" reste une exception sur ce nouvel album. Si celui ci devait trouver définition en son sein même, il se retournerait vers le diptyque central "Inked In Blood" / "Deny You", qui sous des atours nécrosés similaires, développent leur propre processus de chairs en décomposition. Le premier, bâti sur un riff presque musical incroyablement redondant, est terriblement accrocheur avec son motif sombre et ses parties vocales haut perchées. Pourtant, il ne consiste qu'en une seule séparation de deux motifs qui se répètent sur quatre minutes sans interruption, mais sans jamais provoquer l'ennui. Au contraire, un effet hypnotique se produit, vous entraînant dans une spirale sans fin, et provoque une sensation délicieusement morbide, comme seul OBITUARY sait encore en créer.
"Deny You" enfonce un peu plus le clou dans le cercueil, tout en se permettant un break central offrant une troisième thématique concentrée sur deux guitares noires comme le fiel, soutenues par une double pédale puissante. Mais son riff central tourne comme une migraine dans un crâne prêt à exploser, et se juxtapose une fois de plus sur à la voix écorchée de John, qui reste encore dans les fréquences les plus élevées.
Dans le même ordre d'idée, "Within a Dying Breed" évoque à merveille la lente procession d'un cortège vers le cimetière, et appuie encore un peu plus sur le frein, tout en s'épanchant parfois sur l'épaule d'un mid tempo martelé par une batterie heurtée hésitant entre les doubles croches et les contretemps surprenants. Le travail de Donald est d'ailleurs admirable sur ce morceau, qu'il dynamise et pulvérise de toute sa créativité, sans avoir besoin d'en faire des tonnes. La chanson se termine même dans une sorte d'hommage, avec quelques coups de canons tirés qui assurent la transition.
Transition nous menant directement au deuxième titre un tant soit peu nerveux de l'affaire, "Minds of The World", deuxième exception d'Inked In Blood, qui d'ailleurs n'apporte pas grand chose à l'ensemble. Tout le monde sait très bien qu'OBITUARY a toujours été plus à l'aise avec les ambiances lourdes, et ce morceau le prouve assez facilement.
Sans donc parler de grosses surprises (ce qui est rarement le cas avec le groupe), on peut quand même trouver sur ce nouvel effort de petites choses plus ou moins étonnantes. Ainsi, le motif syncopé et poisseux de "Visions In My Head" semble né de l'intention de mélanger les ornements Néo métal avec la tradition Death, avant de vite s'effondrer dans une partie centrale symptomatique de la détresse maladive des Floridiens (soupirs et grognements d'agonie à l'appui). Quant au final "Paralized With Fear", il se perd dans une longue litanie suffocante et dissonante, et nous ramène en une boucle incassable aux débuts du groupe, et l'on imagine sans peine des caniveaux jonchés de cadavres après une épidémie mortelle, comme l'illustrait si bien l’artwork de Slowly We Rot...
Avec Inked In Blood, OBITUARY valide sans peine une deuxième partie de carrière parfois chaotique, et se permet même de flirter avec les plus grandes heures de son histoire, en allant fouiner dans les recoins les plus sales de sa mémoire. Bien sur, nous n'en sommes pas encore revenu aux tableaux suintants de The End Complete, encore moins à la dissection juvénile de Slowly, mais ce nouvel LP répond à toutes les attentes, et modernise sans trahir le concept originel du groupe, concept derrière lequel courent encore des centaines de groupes.
L'influence d'OBITUARY n'est pas prête à s'éteindre, ni sa flamme crématoire. Alors allongez-vous, laissez le souffle de la mort vous caresser les tempes, et fermez les yeux. Après tout, la réalité est bien pire que le pire des cauchemars, et John, Donald et les autres savent très bien la retranscrire en cris et musique.
Encore un bien bel embaumement...
Ajouté : Vendredi 06 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Obituary Website Hits: 5600
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