EXCIMER (eg) - Thrash From Fire (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : octobre 2014
Pays : Egypte
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 40 Mins
"Les sirènes du port d'Alexandrie, chantent encore la même mélodie, wowo" (N'oubliez pas d'accentuer le "wowo" c'est super important).
Sans vouloir manquer de respect à l'esprit de feu Claude François, l'ambiance a bien changé depuis la fin des années 70. Exit le Disco, exit les danseuses à la chorégraphie simple mais au geste habité, bonjour l'austérité et le manque de fun. Quoique. Mais s'il y a une chose dont je suis sûr, mon cher Claude, c'est que les mélodies que tu entendais dans ton pays de naissance n'existent plus que sur quelques cartes postales bon marché recyclées en reportages TV exotiques. Et il en va de même pour celles qui ont rythmé la fin de ta carrière... Le port d'Alexandrie résonne maintenant d'un chaos infernal, héritier d'une situation politique explosive qui a failli faire exploser ton pays.
Difficile d'ailleurs d'en trouver des échos palpables, en dehors d'images défilant au son des explosions et cris du peuple diffusées dans les journaux télévisés. Mais là aussi, les choses changent. Car d'Alexandrie vient une nouvelle horde de barbare, au nom qui ne peut porter à confusion.
Formés en 2013, le quintette EXCIMER (subtil mélange/hommage entre EXCITER et EXUMER ?) n'a pas traîné depuis ses débuts. Un premier EP rapidement produit (Serial Killer), un single l'année suivante (Red Planet II : Hell on Earth), et les voilà en cette fin d'année 2014 paré d'un album longue durée en bonne et due forme. Certes, Amr Hossam (chant), Ramii Muhammed et Rocky (guitares), Hossam Muhammed (basse) et Ahmed Mostafa (batterie) viennent d'Egypte, comme vous l'aurez compris. Et il est vrai que les combos extrêmes d'Afrique du Nord sont plus ou moins denrée rare. Néanmoins, à l'écoute de ce Thrash From Fire on comprend vite que leurs influences viennent des USA et d'EUROPE, tant la patte de certains ténors du style se sent dans leurs compositions.
Inutile donc de chercher un quelconque métissage, là n'est pas le propos. Pas d'arabesque, pas d'effluves orientaux, du Thrash, joué comme à la parade, et pour un peu, on se croirait de retour en 1985/86 du côté de l'Allemagne, tant les chansons proposées ici en assument l'héritage.
Pour être un peu moins flou, sachez qu’EXCIMER vénère DESTRUCTION. Ils l'affirment sans doute, mais si tel n'est pas le cas, une simple écoute des huit morceaux de ce premier LP suffira à vous en convaincre. Les riffs tricotés par Ramii et Rocky ressemblent comme deux gouttes d'eau au canevas autrefois tissé par Mike Sifringer au sein du trio allemand. Le jeu de Ahmed emprunte aussi quelques tics typiques de la frappe de Thomas "Tommy" Sandmann, mais là où la principale différence se marque, c'est dans le chant de Amr, beaucoup plus guttural et profond que celui de Schmier. L'autre plaisir coupable d'EXCIMER, c'est bien sur KREATOR. Ils citent d'ailleurs le combo de Mille P. dans le texte, en reprenant sans complexe leur cultissime "Cry War", qu'on retrouvait il y a presque trente ans sur leur séminal début Endless Pain.
Une fois comprise la démarche et repérés les mentors d'EXCIMER, tout devient clair. Faire revivre ce Thrash si spécial de la première moitié des 80's, sauvage, brutal, presque primaire (dans le sens "aller à l'essentiel" s’entend), ne pas s'embarrasser de principes, et faire voguer la machine à vive allure. Et dès l'écoute de "Hell on Earth" terminée, vous aurez compris de vous même. Toute cette affaire sent bon les Eternal Devastation, les Endless Pain, les Morbid Visions, joués avec respect et fidélité, avec une production moderne, et surtout, par des instrumentistes beaucoup plus capables que leurs idoles de l'époque. En effet, outre une sacrée collection de riffs à rendre jaloux les Petrozza, Cavalera and Co, (une partie de celui de "Victims of Plague" paye d'ailleurs son tribut au "Terrible Certainty" des allemands...), Ramii Muhammed et Rocky savent aussi s'amuser en solo et proposer des interventions beaucoup plus pertinentes que leurs modèles.
Parfois le mimétisme est relativement troublant, je dois le préciser. Ainsi, le très efficace "War Terror" ressemble quand même pas mal à l'hymne de Schmier et sa bande "Eternal Ban". Mais les Egyptiens ont l'intelligence de diluer ce Speed/Thrash dans une bonne dose de Heavy lourd et compact, et de l'agrémenter de choeurs vindicatifs très convaincants. C'est d'ailleurs la formule qui résume le mieux leur attitude tout au long de cet album, tant elle peut se conformer à chaque piste prise séparément et en décrire les éléments. Mais ça fonctionne, on se prend à dodeliner de la tête non stop pendant quarante minutes, et c'est l'essentiel. Tout est en place, carré, très bien joué, avec une conviction indéniable, spécialement de la part d’Amr Hossam qui racle sa gorge comme un beau diable pour éructer des lignes vocales prenantes et assurées. C'est d'ailleurs lui, grâce à son interprétation personnelle qui permet au groupe d'échapper à la copie conforme, et il parvient même à effrayer encore plus que Mille Petrozza sur l'excellente reprise de "Cry War", offerte en fin d'album.
Parfois, lorsque le rythme ralentit, on a même droit à de beaux classiques en puissance, ("The Curse Of Seth" à l'emprunte EXODUS bien tracée), et même la pochette revisite l'esprit graphique des années 80 avec ce Thrasheur dessiné aux traits grossiers.
Voilà, alors bien sur, il est évident que si le fantôme de Claude François traîne encore du côté d'Alexandrie, ses oreilles doivent souffrir. Le Disco est bien enterré, et ça n'est pas le Thrash de tradition d'EXCIMER qui va permettre à l'esprit du chanteur blond de reposer en paix.
Ce qui est sur par contre à l'écoute de ce Thrash From Fire, c'est qu'ils ont plus d'appétit qu'un barracuda !
Ajouté : Vendredi 06 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Excimer Website Hits: 5452
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