MINDWARS (usa-it) - The Enemy Within (2014)
Label : Punishment 18 Records
Sortie du Scud : 27 octobre 2014
Pays : Etats-Unis / Italie
Genre : Heavy Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 47 Mins
Fans de Thrash, je fais une fois de plus appel à votre passion. Sans le faire exprès (ou alors, si peu...), je tombe en ce moment sur de nouveaux groupes nostalgiques, d'anciens qui se reforment, et d'autres composés de vétérans unis pour la cause qui remettent le couvert.
Mémoire, mémoire, où es tu ? Reviens, j'ai besoin de toi.
Ok, petit voyage dans le passé.
Si le nom de JESTER BEAST ne doit pas vous dire grand chose, sachez qu'il servait de patronyme à un quatuor de Turin, dans les années 80, pratiquant un Thrash classique, qui ne laissa guère de trace. Hormis quelques démos, et un EP tardif, JESTER BEAST ne grava dans le vinyle qu'un seul LP, le plutôt pas mal Poetical Freakscream, sorti par GLC Records en 1991. Ceci, et hormis le fait que le logo de leur reformation fut dessiné par Michel Langevin (Away) de VOÏVOD, ne les aida pas à acquérir la notoriété suffisante pour tracer une bonne carrière, et l'affaire s'arrêta net, jusqu'à cette reformation.
Par contre, il est certain que l'évocation des magiques HOLY TERROR doit bien plus vous inspirer. Le quintette de Los Angeles avait en effet fait forte impression à la fin des 80's avec deux albums bien sentis et créatifs, Terror and Submission et surtout Mind Wars. Thrash touffu, à la vitesse modérée, leur musique était le parfait exemple d'une violence intelligente, et le public ne s'y était pas plus trompé que les médias.
Pour l'anecdote, qui est d'importance aujourd'hui, sachez que Roby Vitari (Batterie, JESTER BEAST) et Mike Alvord (Guitare/chant HOLY TERROR) se sont rencontrés en 1989, lorsque ces derniers étaient en pleine production de leur deuxième LP. A l'époque, ils se découvrirent des intérêts communs, mais constatèrent aussi que leurs grands parents respectifs venaient de la même région, dans le sud de l'Italie. Puis le temps passa, et les deux compères se retrouvèrent par le biais d'Internet. L'amitié étant toujours présente, ils commencèrent à envisager de jouer ensemble, dans un désir commun de recréer un son qui selon eux n'existait plus, en directe lignée de ce qu'ils pratiquaient chacun de leur côté vingt cinq ans plus tôt.
Les échanges commencèrent, la composition prit forme, et de cette alchimie naquit un nouveau groupe, MINDWARS, du nom du second LP des américains en 1988. Et le nom, certes percutant, ne devait rien au hasard. Outre la référence au passé glorieux de Mike, il indiquait le chemin suivi par les deux hommes, rejoints depuis par le bassiste DANNY "Z" Pizzi, à savoir continuer ce que HOLY TERROR avait commencé il y a plus de deux décennies. Et en effet, impossible à l'écoute de The Enemy Within de ne pas penser à Mind Wars, le disque, tant les similitudes sont nombreuses et flagrantes.
Si beaucoup de jeunes groupes et de vieux musiciens de nos jours essaient de capter la magie des vinyles inoubliables du Thrash boom initial, force est d'admettre que peu y parviennent. Il est vrai qu'il est toujours difficile de tenter de faire revivre un passé enterré et unique, d'une part parce que l'attitude n'est pas la même, ni même les techniques de production.
Et pourtant, MINDWARS y est parvenu.
Pour peu que l'on ignore que cet album est bien sorti en 2014, on s'y croirait presque. On pensera avoir mis la main sur l'unique sortie d'un obscur groupe oublié par l'histoire, et la sensation est très agréable. Surtout que musicalement, Mike n'a rien oublié de ses talents d'antan et sait toujours trancher ses riffs dans le vif, tout en gardant cette approche de biais qui caractérisait la musique de son ancien combo.
Tout commence comme si nous étions de retour en 1989/1990, et que HOLY TERROR avait eu les moyens de sortir un troisième effort. Rythmique rapide mais mesurée (plus en tout cas que par le passé), guitare affûtée, chant grinçant, riffs efficaces mais étranges, l'ambiance est la même, ainsi que le résultat. "Crash" sonne plus vrai que nature et taille dans le gras de la nostalgie avec brio.
Si "Speed Kills" glisse le temps d'un refrain à la DESTRUCTION vers le Heavy puissant, le reste du morceau est précis, rapide, puis lourd, sans jamais manquer d'inspiration.
Même les longs segments qu'appréciaient tant les Américains ne manquent pas à l'appel, comme en témoigne le dramatique "Lost", qui étale sur plus de six minutes ses dérives autant inspirées du Thrash formel que du venin alternatif d'ALICE IN CHAINS ou SOUNDGARDEN.
Bien sur, nous avons droit à des choses plus modernes, comme le mid tempo au son délicieusement gras et Stoner "Retrobution", une outro rampante et stressante sur fond de samples parlés, mais les coups fourrés sont toujours là, cavalant à vitesse raisonnable et portés par des riffs acérés et un chant à la Schmier ("Chaos" et son délicieux solo, "Time In The Machine" ambivalence déséquilibrante et tournoyante, "Final Battle" qui court puis se heurte soudain sur un tempo écrasant avant de repartir de plus belle), ainsi que les traquenards Heavy vicieux et lancinants (l'instrumental "Death Comes Twice", aussi rassurant qu'une marche funèbre la nuit dans un vieux village abandonné...).
Belle réussite que ce The Enemy Within qui réussit presque à ressusciter le fantôme de HOLY TERROR, après sa reformation avortée des mid 2000's. Même si tout n'est pas parfait, et que MINDWARS le groupe, n'est pas encore à la hauteur de Mind Wars l'album, saluons cette tentative qui a le mérite de nous replonger loin en arrière, et de parvenir à nous procurer une fois de plus le frisson que nous avions ressenti dans notre prime adolescence.
Parfois, les retrouvailles sur Internet, ça a du bon. The Enemy Within en est la preuve !
Ajouté : Vendredi 06 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Mindwars Website Hits: 5952
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