BARABBAS (FRA) - Messe Pour Un Chien (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : septembre 2014
Pays : France
Genre : Doom Stoner
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 56 Mins
BARABBAS, un groupe qui revendique un Doom à la Française, dans le texte, démarche très Montebourienne, sans la vareuse toutefois... la référence a ses limites.
C'est au chant du coq tricolore alors que la poule, sur un mur, picore du pain dur, que je découvre l'univers de ce groupe parisien né et baptisé en 2007 sur l'autel en métal incandescent de l'Eglise du Saint Riff Rédempteur. La baguette est, elle aussi, à l'honneur par une rythmique envoutante, omniprésente comme un ballon de rouge sur un zinc de brasserie.
Pour ceux qui n'ont pas le temps de tout lire, qui vont nous quitter sans recevoir notre extrême onction, en un mot, BARABBAS, c'est du Doom de clown triste et dépressif souffrant d'une indigestion de lokoums plombants...
Les autres, suivez-moi...
Avec cet album Messe Pour Un Chien, titre qui résonne comme un "Requiem Pour Un Con" de GAINSBOURG, BARABBAS nous invite à communier et à renaître du burn out tentaculaire qui nous anéantit au quotidien, camisole de force annihilant nos envies, nos désirs. BARABBAS en rajoute une couche bien bitumée, histoire de nous rappeler que le pire est peut-être à venir... et d'avoir ainsi une patate d'enfer à l'approche de Noël. Avec BARABBAS, c'est garanti, vous aurez la bûche avec les embûches.
THE DEVIL'S BLOOD refusait tout formatage, refusant les appellations du type concert, album,... pour eux, dans leur musique, tout était rituel, Rituel avec une majuscule. Il en va de même pour BARABBAS. Il convient avec eux de revisiter son vocable musical et de tout lire au second degré. Qu'on se le dise, le groupe va nous servir la messe, soyez le nouveau disciple d'un testament qui l'est tout autant.
Sur le chemin de croix drapant les murs suintants de l'église, on redécouvre BLACK SABBATH, SAINT-VITUS, CATHEDRAL,... et aussi Sainte Barbe, à la pilosité généreuse imposant l'usage du stick désodorisant au risque de tâcher le Saint Suaire, déjà tout auréolé de sueur.
L'artwork est d'inspiration funéraire, sombre comme un soir de novembre au Père-Lachaise. Le thème n'est pas celui d'un ANGE, avec le Cimetière Des Arlequins mais plutôt le cimetière de nos amis canins. Chienne de vie. Dans le livret, fleurissent les couronnes mortuaires, enluminures des sépultures de morts-vivants.
A la première écoute, on se dit que le chant aurait mérité d'être mixé un poil en avant pour mettre en exergue la litanie de Saint Rodolphe susurrant la liturgie de l'office maléfique.
"La Malédiction De Sainte Sélène", "Moi, Le Mâle Omega", "Priez" déroulent tous les poncifs du genre Doom et consœurs, les membres du combo, en grands pontifes, souffrent le martyr pour assurer notre rédemption. Saint Jérôme, à la basse, conjugue le verbe Vrombir à tous les temps au risque de s'y noyer.
D'autres titres méritent que l'on s'attarde sur le prie-Dieu bien au-delà de la simple génuflexion, à l'image du morceau "Le Couteau Ou L'Abîme", où l'on constate que BARABBAS a besoin d'étirer son jeu, d'imposer sa rythmique hypnotisante sur la durée, d'imprégner notre esprit de la noirceur d'où l'on renait.
"Judas Est Une Femme" est un véritable scoop, et bouleverse le message millénaire des Saintes Ecritures. Saint Stéphane est aux anges, sa guitare en offrande pour "La Beauté Du Diable". L'heure de la communion arrive avec "Le Sabbath Dans La Cathédrale", célébration de l'eucharistie, sacrement de la Cène, magie de la scène. Ce titre avec la "Messe Pour Un Chien" nous distille quelques échos de musique tribale, d'airs éthérés, d'ambiance psychédélique. L'absolution nous est donnée, avec sur les dernières notes, une réminiscence du célébrissime "Am I Evil ?" de DIAMOND HEAD.
Le pari est réussi, BARABBAS nous entraîne dans son univers où les âmes pourfendues cheminent dans l'obscurité de la crypte aux hiéroglyphes que, seul, SATAN décrypte, à la lueur des flammes de l'enfer. Nos neurones sont envahis par les volutes d'encens, visions chimériques pour des hérétiques frénétiques.
Décidemment, il est trop tôt pour écrire l'épitaphe de BARABBAS sur le marbre glacé de la pierre tombale du Metal intemporel. Priez pour eux... et donnez au denier du culte, votre chien mérite bien une messe !
Ajouté : Lundi 02 Février 2015 Chroniqueur : Le Patriarche Score : Lien en relation: Barabbas Website Hits: 6018
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